Sundabar - 'Mornes allées', les bas quartiers, Découverte

3 ème jour de la Seconde Chevauchée de Marpenoth durant l’année de l’Entropie – Le Coucher du soleil

Narration
Voilà quelques temps déjà que son noble peuple s’ouvrait au monde extérieur, envoyant un nombre sans cesse croissant d’émissaires diplomatiques dans les communautés des pays alliés des elfes. Certains jeunes gens fougueux et courageux comme Neffalasièl les accompagnaient pour assurer leur sécurité jusqu’à leur destination. Puis, même si la plupart poursuivaient cette activité une fois arrivée, il y en avait qui se découvraient une telle soif de curiosité qu’ils décidaient de partir de leurs propres ailes. Les sages avariels ne pouvaient que comprendre ce désir que possédaient en eux la nouvelle génération d’elfes ailés, tant de siècles leur peuple avait été menacé d’extinction qu’il avait dû se terrer comme des reclus, des parias. Maintenant que l’époque était plus clémente pour eux, les plus aventureux possédaient une puissante motivation, heureusement tempérée par leur naturel agréable, à venger les affronts qui avaient été infligés à leur espèce.

Sundabar, grande ville fortifiée de la région des Marches d’argent protégeant sa population par deux épaisses enceintes de pierres. Elle était une magnifique concrétisation de l’osmose qui pouvait être engendrée entre deux peuples oeuvrant pour leur survie dans un environnement hostile : les humains et les nains. La gracieuse jeune femme aimait cette notion forte de vindicativité et ne pouvait s’empêcher de la comparer avec l’histoire des siens. Les colonies dans ces Marches étaient par bien des points semblables à l’arrivée des Avariels en ce monde vierge que les hommes appèlent Abeir Toril, il y a de cela des millénaires, avant même l’apparition des autres Tel’Quessirs. Si bien peu d’êtres pouvaient parler encore de cette époque, tous les récits qui lui en avaient été faits durant sa prime jeunesse lui revenaient clairement à l’esprit. Maintenant que Liel’Rintelyss Griseplume était en sécurité à la cour du dirigeant de la ville, Neffalasièl, libre de ses engagements, entendait bien faire cause commune dans la survie des peuples de cette région.
Pour l’heure, bien décidée à s’immerger dans ces cultures qui lui étaient étrangères, elle marchait dans les rues pavées de pierres de la cité, accordant de l’importance à moult détails que la plupart des gens ne font qu’ignorer au quotidien.

Sa mission était terminée et maintenant Neffalasièl avait un peu de temps pour arpenter les rues de Sundabar et voir ainsi la ville en action. A chaque fois qu'elle se trouvait dans une ville, elle n'était pas à l'aise : les avariels n'étant pas chose commune, les regards, qui se posaient sur elle, la genait légèrement. Mais comme d'habitude pour chaque mission nécessitant un passage en ville, elle avait caché ses ailes sous sa cape en daim, repliées au maximum. Ainsi elle passait pour une elfe aux yeux des humains, et cela l'arrangeait drôlement. Au fur et à mesure de sa promenade, la rôdeuse observa le comportement des gens, les détails de certaines maisons, répéta tous les noms de magasins qu'elle pouvait voir. Elle était comme une gamine dans un magasin de jouet la veille de Noël, elle se rappela, comment plus jeune, elle observait les humains de loin, de peur qu'ils la tuent. Pendant un instant, elle pensa à Fehmir, ce qui la fit sourire.

¤ Ah Fehmir ! Comme tu peux le voir, je continue notre travail et j'ai hâte de rencontre de nouvelles personnes. Je sens que dans cette ville, je trouverai du monde à aider, il n'y a aucun doute. Regarde tout ce monde, toute cette effervescence, nous sommes bien loin de notre cabane dans les bois. ¤

Neffa continua sa marche dans les rues, parlant fréquemment à son défunt mari, la joie au cœur.

Narration
Le couchant apportait peu à peu son habituel remballage de l’étal des marchands. La population semblait maintenant plus pressée et encline à rentrer chez elle. Il faut dire que Neffalasièl avait la curieuse sensation qu’elle n’avait pas forcément choisie le meilleur endroit de la ville à visiter car elle n’avait pas prêtée attention de prime abord au genre d’individus louches qui traînaient dans le coin, peu au fait de la culture humaine qu’elle était. Mais malgré son ignorance et grâce à ses sens hors norme, elle remarquait tout de mêmes quelques têtes bien patibulaires. Tournant à l’angle d’une rue, elle s’esquiva surnaturellement avant de se faire emboutir par une jeune fillette humaine qui courait droit devant elle. Par contre, celle-ci ne fut pas aussi agile que la belle avarielle et, surprise, perdit l’équilibre avant d’aller heurter de ses genoux le pavé. Aussitôt, elle fondit en larmes d’une manière disproportionnée à l’incident.

Neffa vit la petite fille au sol, elle était triste pour elle, même si elle n'y était pour rien : perdue dans ses pensées à observer les rues de la ville, elle n'avait pas vraiment regardé devant elle. Elle s'avança vers elle, pour essayer de voir si elle ne s'était pas fait trop mal.
-" Désolée petite, je ne t'avais pas vu venir, il ne faut pas courir comme cela. Tu as mal quelque part, dis-moi ?
La prochaine fois il faudra faire plus attention tu aurais pu tomber sur la tête et te faire un gros bobo."
La rôdeuse examina la fillette, essayant de voir ses blessures éventuelles, tout en essayant de la réconforter. Elle n'aimait pas voir les gens tristes surtout les enfants, le monde était pour elle si beau, même si le lieu où elles se trouvaient toutes les deux n'était pas des plus agréables.
-" Allez ne pleure pas, ce n'est rien, on va guérir tes petits bobos et après tu verras tout ira mieux.
Je suis une experte pour soigner les petites filles."
Elle lui fit un grand sourire pour rassurer la fillette et essayer de la calmer.

Narration
La compassion tangible et la gentilesse de Neffalasièl eurent l’effet escompté et la fillette sècha rapidement ses sanglots.
- Non, j’ai pas mal, c‘est pas ça ! C’est mon papa qui m’a crié d’ssus pour que j’aille vite cherché quelqu’un pour soigner les m’sieurs qui saignent de tout partout. Elle faisait de grands gestes et des grimaces descriptives propres aux jeunes enfants dénuées d’inhibition.
" Il m’a fait tellement peur à hurler qu’j’suis partie sans savoir pourquoi y avait tout ce bazar dans la taverne. C’était horrible en plus." Elle recommençait à s’agiter. "Bon j’vais y aller pour faire vite, des fois qu’mon papa il ait des problèmes… Après y va me taper si je vais pas assez vite avertir le dispensaire au bout de la rue."
Autour d’eux, les gens indifférents et de moins en moins nombreux poursuivaient leurs chemins comme s’ils eurent été invisibles. Le soleil, lui aussi, avait décidé de prendre son repos quotidien. Seules quelques parcelles rougeoyantes dans le ciel indiquait encore sa présence à l’horizon.

L'avarielle était contente d'elle : elle avait réussit à arrêter les pleurs de la fillette qui maintenant lui avait expliqué toute la situation.
¤La pauvre, son père n'a sûrement pas voulu lui crier dessus, mais il doit être dans une situation si critique qu'il essaie de calmer les choses. Je devrais les aider¤
La nuit tombante, il était impossible pour Neffa de laisser la petite fille repartir toute seule dans ces rues lugubres. Elle venait de finir son contrat, elle était donc libre et toujours prête à aider toute personne en difficulté.

-" Je vais d'accompagner au dispensaire et ensuite nous retournerons à l'auberge de ton papa, ça ne me semble pas très sûr par ici et je ne voudrais pas qu'on te fasse du mal."
Neffa s'était très vite attachée à la petite fille, la considérant comme sa protégée pour le temps de la soirée. De plus, elle qui n'avait jamais eut d'enfant, aimer être à leurs contacts car cela lui procurait un petit moment de bonheur.

Narration [Kurto]
- Si vous voulez, mais faut s’dépêcher parce que sinon mon papa va se fâcher si je met trop de temps. En disant cela elle s’était de nouveau élancée dans la rue, reprenant la direction dans laquelle elle allait avant leur rencontre accidentelle.
" Vous savez, moi j’ai pas peur dans l’quartier. Je connais bien ici, j’ai même monté un bande avec des copines pour taper les grands qui nous embêtent… Par contre, vous, vous êtes pas du coin, ça se voit comme la pustule sur le nez de m’dame Pollios."
Ayant oublié en un instant les incitations à se presser qu’elle-même avant lancées quelques secondes avant, la fillette s’arrêta et dévisagea Neffalasièl.
"Hé ! Mais au fait, pourquoi que vous êtes toute bleue ? Z’êtes malade ou un truc comme ça ? Ou vous venez de la Grande Mer des Glaces, parce que mon papa y m’a dit que là bas y faisait tellement froid que les gens et ben y devenaient tout bleu."

Neffa n'aimait pas trop ce quartier, le regard vide des gens, les ruelles sombres et cette petite fille qui n'avait pas l'age d'une aventurière et qui dirigeait un gang pour pouvoir se défendre. La tristesse et la méchanceté étaient liée dans les pierres de la rue, il n'y régnait pas une atmosphère douce et paisible comme dans la forêt où avec vécut l'avarielle. Mais alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Neffa fut amusé par la remarque de la fillette sur la couleur de sa peau.

-" Non ne t'inquiètes pas je ne suis pas malade du tout, ça a toujours été la couleur de ma peau, ne trouves pas cela original et beau ?"
La rôdeuse ne voulait pas trop en dire sur elle pour le moment, les enfants ne sont pas méchants mais ils ne savent pas non plus tenir leur langue. Pour le moment, elle espérait ne pas attirer l'attention sur elle et il n'y avait aucun problème, les gens ne la regardaient pas une seule seconde.
" Allez continuons, n'oublies pas que ton papa a besoin d'aide !"

Narration
La remarque de Neffalasièl agit comme une décharge électrique sur la jeune fille qui repartie immédiatement sur le même pas de course que précédemment. Après quelques dizaines de mètres elle pénétra dans une petite maison à deux étages d’aspect humble dont les inscriptions suivantes étaient apposées sur le fronton : ‘Dispensaire d’Ilmater’. Bien qu’il lui semblât qu’elle eut déjà entendu prononcer cet étrange nom, la jolie avarielle ne put dire dans quelle circonstance se fut.
Emboitant le pas de la petite, elle franchit le seuil de la porte et pénétra dans un petit bureau d’accueil dans lequel plusieurs banquettes supportaient le poids de quelques personnes assises dessus. La plupart de ces gens affichaient un petite mine ou bien des blessures et maux divers.

Sans attendre que vint son tour la petite effrontée se jeta sur la robe de bure d’un nain vieillissant et entreprit de la tirer jusqu’à ce qu’il lui prêtât attention, chose qui ne tarda pas à arriver dans il était secoué de manière énergique.
- Holà, holà ! Mon enfant que ce passe-t-il ? Qu’est-ce qui t’agite à ce point ?
- C’est mon papa ! Il m’a dit de venir vous chercher, alors vous venez avec moi !
La gamine était visiblement si nerveuse à l’idée de ne pouvoir satisfaire le contentement de son père qu’elle en perdait quelque peu ses notions de contrôle.

L'avarielle suivait la fillette dans sa démarche et tenta de l'aider à convaincre le nain qu'ils avaient besoin de lui, même si a première vue, d'autres personnes étaient venues là pour les mêmes raisons. Avant de parler, Neffa jeta un coup d'œil dans la pièce et apprécia qu'une personne s'occupe ainsi des autres, les aidant à se remettre sur pieds, mais pour le moment, il devait venir avec eux pour aider le père de la jeune fille.
-" Monsieur, je ne suis pas au courant de toute l'histoire mais le père de cette jeune demoiselle l'a envoyé, vous chercher d'urgence car il semblerait qu'il ait de graves problèmes. Je ne puis vous dire lesquels et je ne pense pas que l'on ait beaucoup de temps de toute façon. Vous devriez nous suivre, je pense que les gens dans cette pièce comprendront."

Sur cette tentative de persuasion, l'avarielle tenta de faire bonne figure, essayant de faire pencher la balance de leur côté et ainsi aider sa protégée à ramener le vieux nain à son père.
¤ J'espère au moins que le père de la petite ne l'a pas envoyé pour rien, sinon j'ai intérêt à me faire toute petite moi.¤