Un cri dans la nuit..., La recherche du Cor touche à sa fin...

Remerciant le bourgmestre d'une inclinaison de la tête, Mikaïl n'avait pu masquer la lueur d'intérêt au fond de son regard à l'évocation d'ouvrages à consulter. La bibliothèque du fort n'arrivait sans doute pas à la chevilles de celle de l'Assemblée à Everlund mais toute nouvelle connaissance était bonne à prendre et, qui sait, parmi les documents, peut-être se trouvait-il quelques fascicules rares oubliés en ces lieux.
D'expérience, le jeune noble savait que les rayonnages des châteaux renfermaient toutes sortes d'écrits, pour la plupart chroniques historiques du domaine ou épopées guerrières, mais parfois, se glissaient au milieu de manuscrits à la valeur toute relative, certains carnets ayant appartenus à des magiciens, des alchimistes ou des astrologues au contenu méritant plus qu'un coup d'oeil poli.

- Je vous remercie, messire Uhl, pour cette aimable proposition et je vais de ce pas, si vous me le permettez, fureter un peu dans vos manuscrits. Je ne doute pas trouver certains textes très intéresants et enrichissants sur des aspects variés de votre communauté. Le seul risque est que l'on ne me voit plus réapparaître, une fois que je serais plongé dans la lecture mais je compte sur vous pour me ramener à la raison.

Ramassant la bourse d'or, l'abjurateur prit congé de son hôte et, suivant le garde, se rendit jusqu'au fort où il fut conduit dans la bibliothèque du lieu. Parcourant les rayonnages, Mikaïl ne pouvait masquer une moue de déception. Comme il l'avait pressenti, la plupart des documents entassés ici ne présentaient aucun intérêt. Feuilletant machinalement les ouvrages, le magicien survolait les traités d'héraldiques, les romans et gestes vantant les mérites d'obscurs paladins, les rouleaux du cadastre, dénichant même un recueil de recettes de cuisines.
Alors qu'il commençait à se dire qu'il perdait son temps, son attention fut attirée par un modeste calepin, à l'insignifiante couverture en cuir fauve. Etait-ce la vue du titre poinçonné à l'or fin qui tranchait sur l'apparente simplicité ou une certaine sensation de puissance qu'il ressentit en touchant le carnet ? Mikaïl n'aurait pu le dire avec certitude. Toujours est-il qu'il s'en empara d'une main un peu tremblante avant d'aller s'asseoir à une table.
Là, à la lueur blafarde d'une bougie, il déchiffra avec attention les inscriptions de la couverture. Le nom qu'il découvrit le fit sursauter : 'Horizikaul'. Il lui semblait entendre encore son maître lui parlait des travaux de ce sorcier dans le domaine de la propagation des sons. Certes, cette école de prédilection était bien éloignée de l'abjuration, domaine favori de Mikaïl, mais le jeune homme n'était pas contre l'idée d'enrichir un peu son répertoire en étudiant quelques sorts liés à l'évocation.
L'intuition de départ était la bonne, le calepin se révéla être un véritable puit de richesses. Toutes les recherches de l'évocateur y étaient répertoriées et surtout, les trois sortilèges qu'il avait mis au point y étaient transcrits. On retrouvait bien dans leur appellation toute la suffisance de leur créateur qui n'avait pu s'empêcher d'y associer son nom comme s'il n'avait pas pu se contenter de les nommer 'Toux', 'Mugissement' ou 'Vibration sonore' sans se sentir obligé de rajouter systèmatiquement 'd'Horizikaul' à la fin, pour bien marquer sa paternité.
Bien sûr, cette étude allait nécessiter un certain temps et une bonne dose de concentration mais Mikaïl ne se ressentait déjà plus de la fatigue de ses aventures passées. Si personne ne venait le déranger, il se sentait prêt à passer le temps qu’il faudrait pour retranscrire ces merveilleux sorts dans son grimoire. Naturellement, le dernier était bien trop compliqué pour lui, mais il espérait bien réussir à, au moins, le recopier correctement. Son apprentissage efficace viendrait plus tard.
Totalement absorbé par sa tache, le jeune magicien ne voyait plus passer le temps, en oubliant même le boire et le manger et ne prenant que le strict minimum de repos. Il avait hâte de s'imprégner de cette magie et employait toute son énergie à cela. L'un après l'autre, son esprit brillant parvint à déchiffer chacun des sortilège, étape insdispensable pour réussir à les recopier correctement. Puis, avec application, à l'aide de la grande plumme qui lui avait été donnée par son premier mentor, Mikaïl inscrivit les sortilèges inventés par Horizikaul.
Quand, fourbu, il quitta la bibliothèque, ce fut pour s'apercevoir que trois jours pleins s'étaient écoulés et, qu'au fond, il commençait à avoir une sacrée fringale.

Le rodeur regarde la bourse de piece que remet son employeur, il semble pensif

¤il est vraie que la route est acceuillante, et que ca me ferait du bien d'etre un peu seul, mais... ces yeux ce reposent encore une fois sur la bourse contenant les pieces Bha, cela vaux bien un petit effort.¤

Il ce redresse un peu et regarde le payeur dans les yeux

"Très bien, je serait des votres pour les prochaines taches que vous nous donnerez, si la rémuneration reste à la hauteur... et si je peux quitter la compagnie lorsque bon me semblera, avez vous des points à discuter ?"

Il regarde alors les membres du groupe les un après les autres, essayant de voir leur réaction lorsqu'il apprendrons qu'il leur sera necessaire de le suporter plus de temps encore puis s'attarde plus longtemps sur celui de son employeur.

La situation clarifiée, Rhéa acquiesça d’un signe de tête sentant que tout avait été dit et que plus aucune question ne lui brûlait les lèvres…du moins pour le moment. La jeune femme salua donc respectueusement son employeur puis elle ramassa distraitement une des quatre bourses qu’il avait laissées à son attention sur la table. Cela étant fait, elle décida enfin qu’il était temps de prendre congé gardant bien en mémoire tous les conseils avisés que venait d’énoncer le bourgmestre de FortNouveau.

-Dans ce cas, je vous dis à demain messieurs…!

Quelques instants plus tard, la fine silhouette de la demi-elfe se frayait déjà un chemin à travers les rues obscures de la ville d’une démarche altière et assurée qui trahissait sa passion pour les voyages et les randonnée pédestres. Rhéa avait tout de même prit le soin de se couvrir de sa cape avant de se lancer seule dans les rues de FortNouveau, on n’était jamais trop prudente et puis elle ne tenait pas à attirer un quelconque bandit alors qu’elle se sentait vulnérable privée de sa magie divine.

Les pas de la jeune femme la guidait vers le moulin Stauvin : elle était trop épuisée pour rendre visite au prêtre de Tempus aussi elle se dit qu’elle passerait par chez lui que le lendemain à l’aube tout juste après la prière dédiée à Shaundakul.
*Quelle sera ma prochaine destination ?* Plus que tout autre chose, Rhéa se demandait qu’elle serait les termes de sa prochaine mission et surtout si elle aurait lieu ici à FortNouveau ou ailleurs. Férue de découvertes, la prêtresse espérait être envoyé dans une région qui lui était inconnue et que surtout elle apprécierait comme ce fut le cas de cette petite ville.

Ullimar sortit enfin de ses rêveries lorsque la dame du groupe franchit à son tours la porte, l'abandonnant prématurément. S'avançant alors d'un pas rapide à la table du mystérieux employeur, il s'empara de son dû d’une main assurée sans être avide, un clin d’œil accompagnant quelques paroles, à la fois remerciements et mots d’au revoir :

- Je vous emprunte cela sire, avec toute ma gratitude, et en espérant prochainement avoir l’occasion, et le plaisir dirais-je de travailler de nouveau avec vos hommes. Que la chance vous soit souriante.

En coup de vent, Ulli le sourire aux lèvres n’attendit pas l’approbation de Trevis que déjà il s’engageait dans les traces de Rhéa, d’un bon pas, rangeant la bourse et son contenu dans à sa ceinture, tout en prenant garde à ne pas s’emmêler les jambes.
Lorsque enfin il eut rattrapé la prêtresse, il déposa une main hâtive sur son épaule, avant de la retirer promptement, repassant dans sa tête la dernière fois qu’il avait essayé une telle approche. Les paumes bien en évidence en guise d’approche diplomatique il s’adressa à elle de manière sympathique, se tenant à distance pour simuler la prudence :

- Oh la, attendez un peu demoiselle, une journée si agréablement terminée ne mérite t-elle pas qu’on lui consacre ne serait-ce qu’un petit verre, pour célébrer le succès d’un travail d’équipe ? Baissant ses mains, ainsi que sa voix, il lui adressa un simple sourire Nous risquons de travailler encore un moment ensemble, et puis, je crois avoir quelques excuses à vous adresser, alors, peut être qu’une petite discussion ne serait pas de trop, vous ne pensez pas ?

Le Prêtre frotta ses mains l’une contre l’autre pour entretenir la chaleur de ses doigts, les yeux braqués sur la dame en l’attente de sa réponse

Désolé pour ce délai, semaine pas simple, je n'ai pas pu prévenir :/

Rhéa lança un regard interrogateur au prêtre de Tymora lorsque celui-ci lui adressa la parole. Dissimulée derrière sa fine cape couleur nuit, elle écouta en silence le jeune homme pourtant intérieurement cynique, elle commentait son discours.

*M’inviter à boire? Ah, je l’imagine bien notre brave et valeureux guerrier du bien, défenseur de la veuve et de l’orphelin et…accessoirement le tombeur de ces dames !*

Instinctivement, un léger sourire vint se dessiner sur les lèvres roses de la demi-elfe tandis qu’elle visualisait la scène : Ullimar en armure d’or, paré de richesses et entouré de plusieurs créatures criant son nom. C’était très caricatural comme idée mais la chaotique jeune femme n’était pas aussi impartiale sur le sujet qu’elle aurait du l’être, par conséquent, elle s’imaginait rapidement le pire au sujet de Fazel simplement à cause de ce qu’il prétendait être.

-Peut-on vraiment dire qu’il s’agit d’une victoire ? Deux de nos alliés sont mort aujourd’hui et de manière atroce, ne l’oublions pas…J’espère simplement que le prêtre de Tempus se sera bien occupé de leurs dépouilles et qu’il priera pour le salut de leurs âmes.

La voix claire de Rhéa retenti dans la ruelle, douce et pure ; la jeune femme ne semblait pas vraiment peinée par ce qu’elle racontait, simplement songeuse en réalité.

-C’est étrange, j’avais pensé que vous préféreriez aller vous coucher de bonne heure ce soir ou prier votre déité plutôt que d’aller boire et faire la fête ? Décidément vous me surprenez Messire Fazel…

*Pardonne moi Shaundakul, je m’étais promis de prier cette nuit pour cette victoire contre le loup-garou mais j’ais toujours rêvé de contempler un paladin ivre de près : quel paradoxe !*
La prêtresse du chevaucheur des vents retrouvait son âme rebelle, elle lança un regard plein de défit à celui qu’elle prenait pour un bon paladin loyal et tout ce qui s’en suit puis elle ajouta presque aussitôt :

-Mais ça tombe bien, j’avoue que la journée à été difficile, un petit remontant sera le bien venu. Où irons nous ?


Cool t’es revenu, je commençais à me demander si t’étais pas mourru

Par Tymora que cette elfe aimait se montrer contrariante, mais son sale caractère mis de coté elle avait pour elle plusieurs atouts qui ne pouvaient laisser indifférent le jeune homme aux yeux pétillant.
De plus, il était un incurable joueur et cette facon qu'avait Rhéa de lui renvoyer ses propos à la figure l'encourageait à faire preuve d'une répartie amplement plus développée que ses vertues paladines.

Il laissa passer la première remarque avec un simple soupir, mais retrouva son un air insouciant à la suivante, répondant instinctivement à la pique :

- Il est encore trop tôt pour me coucher dame, nul ne sait quand le devoir peut appeller mes talents de bienfaiteur, et puis je ne considère pas encore ma mission comme achevée...

Un clin d'oeil ponctua la phrase avant qu'il n'effectue un savant demi-tours, s'en retournant à la taverne tout en parlant

- Cette ville compte uniquement une auberge et une taverne, et j'ai dans celle ci une bouteille de vin qui attend avec impatience mon glorieux retour, vous conviendrez donc que le choix est vite fait... De plus, la serveuse est ma foi tout ce qu'il y a de plus charmante, et je pourrais demander sa présence à mon chevet pour me conter une histoire cette nuit lorsque vous aurez brisé mon coeur fragile...

Arrétant sa progression hative il laissa un moment le silence faire douter de l'humour contenu dans ses propos, puis, la tête rabattue vers l'arrière, il laissa s'échapper un rire léger, et précisa enfin, un index levé par dessus son épaule, sans néanmoins se retourner.

- Je plaisantais. Mais avouez dame, que c'est cette vision réductrice que vous avez de ma personne, un simple coureur de juppons comme on en rencontre partout en ce bas monde..

Songeur, Ullimar reprit son chemin, le regard vers le ciel, les mains jointes sur sa nuque, décontracté au possible tandis que ses pas le menaient à sa beuverie prochaine.

Le teint pale, Rhéa observait le jeune homme de ses grands yeux clairs écarquillés par la surprise et la colère.
" …nul ne sait quand le devoir peut appeler mes talents de bienfaiteur... "
A peine prononcés, les mots d’Ullimar eurent le dont d’irriter profondément la demi-elfe. Son esprit chaotique et rebelle était littéralement écorché vif par certaines citations effectivement dignes du plus populaire et des plus arrogant paladin qui soit. *Mon glorieux retour ?!!...Je vais le tuer… ! C’est sur, tôt ou tard je vais bien finir par le tuer… !*

Mais lorsque Fazel se mit à rire, expliquant qu’il plaisantait, la prêtresse de Shaundakul réalisa soudain qu’en réalité, le jeune homme était entrain de se moquer d’elle et que emportée comme elle l’était, elle était tombée directement dans le panneau à pieds joint.
*Un coureur je saurais encore le tolérer mais ça… ! Je hais les paladins et celui là risque de me donner du fil à retordre.*

Apaisée en apparence, la jeune femme observait en silence le prêtre de Tymora tandis que sa sagesse lui permettait de faire le point sur la situation. Vexée, oui elle l’était, cependant orgueilleuse comme jamais, elle refusa de le montrer. Son cœur, inconstant et rebelle lui ordonnait de partir, de planter là cet homme qui représentait tout ce qu’elle haïssait mais qui en plus de part sa répartie venait de l’humilier en la faisant sortir de ses gons si facilement. Pourtant, elle resta là, silencieuse et songeuse. Partir équivalait à admettre sa défaite et il était hors de question de laisser à ce malotru le dernier mot. Au font en y réfléchissant, elle avait un avantage sur le jeune homme : elle était un esprit libre et changeant mais lui par contre serait toujours asservit par le poids de sa loyauté et de sa bonté…elle devait en tirer parti pour retourner la situation à son avantage.

-Mais non voyons, jamais je n’ais eu une telle opinion de vous. Au fond, vous êtes un fier serviteur du bien, de l’ordre et de la justice…Peut être ma méfiance est-elle simplement due au fait qu’à part votre profession je ne sais rien de vous ?

Déclarant ces mots d’un air détaché, la demi-elfe s’approcha de Fazel d’un pas tranquille qui n’augurait rien de bon. On dit souvent que le calme précède la tempête, c’était probablement le cas ce soir là mais ça seul l’avenir pourrait le confirmer.

-Allons y, je suppose qu’en plus d’être un grand guerrier vous êtes également un bon devin ? J’avoue qu’avoir mit de coté cette bouteille était une idée aussi surprenante qu’intéressante. A croire que, sur de vous et de vos compétences, vous saviez que vous reviendriez ce soir en un seul morceau et…victorieux.

- Vous êtes dans l'erreur dame, j'aimerais bien ajouter à mes vertus la voyance, malheureusement je ne crois pas que nos destin soient par avance écrits.
Et si je suis de retour, ici, pour retrouver les formes aguichantes de ma belle.... bouteille, c'est bien ma chance qu'il me faut remercier.

Ouvrant la porte à la dame avant de s'y engager à son tours, il pénétra dans la pièce avec un air satisfait, prêt à se joindre à la populace locale aux cotés de la charmante créature qui lui tenait lieu de compagne.

Après un détour par le comptoir pour récupérer son bien sans trop s'étaler en de vaines paroles, une fois n'est pas coutume, il chercha une table libre à laquelle il puissent prendre place et invita Rhéa à s'y asseoir, y déposant le vin en attendant qu'on leur amène des verres.

Une fois confortablement installé sur sa chaise, Ulli prit le risque d'aborder sans plus tarder un sujet source de tension entre lui et la prêtresse, gardant son air détendu mais un regard déterminé tandis qu'il fixait la concernée dans les yeux, sa voix se faisait quant à elle plus calme, moins rieuse qu'à l'accoutumée :

- Hum, Je regrette de vous avoir traité d'elfe frustrée, ce n'est pas... exactement, ce que je voulait dire, j'espère que vous saurez m'en excuser, dame.

Docilement, Rhéa emboîta le pas du prêtre de Tymora sans montrer le moindre signe de mécontentement suite à la petite blague qu’il formula au sujet de la bouteille et de ses formes. A l’intérieur, la demi-elfe retira d’un geste machinal sa cape puis elle la déposa avec son sac de voyage sur une chaise à coté d’elle avant de finalement s’installer elle-même à table en face d’Ullimar.
Le plus tranquillement du monde, elle croisa les jambes, gardant toujours son dos bien droit et cette attitude noble qui ne la quittait jamais tandis que pendant ce temps, son interlocuteur lui adressait la parole, essayant apparemment de calmer le jeu entre eux deux.
Bien que souvent vêtue très modestement, Rhéa dégageait depuis toujours une attitude gracieuse. Son port altier lui venait à n’en point douter de son coté elfique pourtant elle conservait quelque chose de plus animal, sa façon de se mouvoir et d’observer les autres avec intensité était très comparable à celle d’une louve…une louve des neige au yeux de glace.
Elle se massa la nuque, toujours silencieuse, il était difficile de deviner à quoi elle pensait mais ce qui était sur, c’était qu’elle était entrain de réfléchir. Lorsque les verres arrivèrent enfin, elle plongea simplement ses yeux clairs dans ceux d’Ullimar tout en lui lançant de sa voix cristalline au timbre apaisé :

-Ne vous excusez pas, vous perdez votre temps. Dites moi plutôt pourquoi vous tenez tant que ça à vous faire pardonner et à partager ce vin avec moi ?

Toujours aussi tranquille, elle tendit la main pour s’emparer de la bouteille qu’elle tenta de déboucher un très court instant avant de reprendre la parole sur le même ton calme :

-Ne me racontez pas d’histoires, de grâce jouons franc jeu à présent ! Nos rapports sont des plus mauvais, est-ce votre statut d’homme de bien qui vous pousse à vouloir vous faire aimer de tout le monde et à tout prix ? Pourtant quelque chose me dit que vous n’êtes pas sincère et que vous me cachez des choses Messire Fazel…Je vous ais avoué détester les Paladins et malgré tout vous m’invitez à boire ?

La prêtresse arrêta soudain le flot de ses interrogations : elle n’arrivait pas à déboucher la bouteille et parler en même temps et ce fait sembla la contrarier quelque peu. Déposant à nouveau le vin sur la table, elle cessa de s’acharner sur le bouchon pour pouvoir mieux se concentrer sur la discussion.

-Je vous ais menti tout à l’heure dans la ruelle : j’ais effectivement des à priori vous concernant. Cela vous choque-t-il ?

Rhéa décida qu’elle avait assez joué pour ce soir là, ses yeux habituellement froids pétillaient à présent d’une flamme ardente tandis qu’elle ajoutait :

-Et puis, oui cela m’arrive de mentir et de m’emporter et oui je ne suis pas un ange…Vous voyez, vous perdez votre temps. D’ailleurs si je suis venue ici ce soir en votre compagnie c’est uniquement dans l’espoir de pouvoir me moquer de vous et de vos idéaux !

Si Ulli tente de bluffer, Rhéa utilise ses compétences pour le percer à jour.

- Pourquoi ?... Vous me demandez pourquoi je tiens à m'excuser ? Et bien c'est assez simple, ce n'est pas dans ma nature de m'énerver d'une part, et puis vous veniez de me sauver la peau.. Je pense qu'un "merci de ce tir parfait, qui m'a sauvé les fesses" aurait plus été de mise...

Déposant ses coudes sur la table en joignant ses mains sous son menton, Ullimar contemplait la belle avec un sourire constant et un calme presque irrationnel. Son verre toujours vide attendrait bien quelques instants qu'il se délecte du regard scrutateur que lui jetait la prêtresse.
Une fois qu'elle en eut finit de ses autres questions, il s'affaira à dégourdir ses doigts sur le bois de la table, s'accoutumant à la douce température qui baignait les lieux.
Suivant du regard le jeu de ses doigts sur le mobilier, il répondit d'un air serein, toute son insouciance suspendue à ses lèvres.

- Des secrets, oui j'en ai, comme tout le monde, vous compris. J'ignore trop de vous pour confier à coeur ouvert ma vie, et puis celle ci ne vous intéresserait guère, j'en ai bien peur. Pour ce qui est de mon invitation une des raisons est que je n'aime pas boire seul, c'est quelque peu déprimant, de plus, je dois avouer que la haine ou même le dégoût que vous ressentez pour les paladins ne m'atteint pas particulièrement, après tout, je ne crois pas vous avoir personnellement offensé, sauf tout à l'heure.. D’où mes excuses...

Sifflant entre ses dents, il releva un visage amusé vers la bouteille. L'attrapant d'un geste confiant, il la mena à lui et d'une main experte à n'en point douter, il libéra le bouchon de liège de l'emprise du goulot.
Passant sa protégée sous son nez, il huma son contenu puis avec un sérieux quelque peu comique, il se mit à remplir les deux verres d'un contenu équivalent, ne reprenant pas la parole avant d'en avoir finit avec son office.

- ...Pour me choquer, douce dame, il faudrait que vous soyez capable d'absorber le contenu de ce verre par vos narines en chantant dans le même temps des paroles paillardes digne du dernier des goujats, tenterez vous l'expérience ?

Il lui jeta un regard amical, éclatant d'un rire léger tout en attrapant son propre verre. Le levant devant lui, il décocha un clin d'oeil à Rhéa.

- A la votre, princesse. Mes oreilles sont tout à vous, elles n’attendent plus que de recevoir vos impitoyables moqueries...

Le verre levé vint terminer sa course contre les lèvres du jeune homme, dissimulant par là même un sourire joueur. Il se délecta d'une longue gorgée en attendant de voir comment la "princesse" en question prendrait ses réponses qui, sans être des mensonges, contournaient habilement la vérité.