La Porte Noire, dans le bois d'Ankh

ARAKH & MELKIOT

Melkiot resta interdit, incapable de se defender face à l’homme qui, même blessé, aurait eu facile à lui enfoncer sa lame dans la gorge de l’ensorceleur. La tête légèrement penchée sur le côté dans une posture qui n’avait rien de naturel, les bras légèrement écartés du corps, un profond vide expressif dans son visage et … une lueur bleue, furieuse comme un ciel d’orage, dans son regard.

Risquant s’empaler seul sur l’arme, il avança lentement vers l’arche, assistant contre son gré, comme dans un rêve, à son approche de la magie crépitante et à son absorption en elle. L’ensorceleur connaissait la magie des portails mais jamais la traversé de l’un d’eux n’avait été aussi … déroutante.

A un mètre de la surface liquide, des milliers de tentacules bleutés s’en étaient extraits comme autant de pédoncules autonomes, fouillant son visage, ses yeux, sa bouche entre-ouverte et l’aspirant irrémédiablement au cœur de l’arche. Il ne pouvait résister à l’appel de la porte. Il fit un pas de plus, et encore un, sans qu’Arakh puisse rien faire pour le retenir s’il en avait eu l’idée. Tout ce que la Hyène pouvait voir c’était un pantin, manipulé par des lianes et autant de fils invisibles qui, en quelques secondes, se faisait avaler par un portail luisant.


ADHEMAR & SERANA

Kaemon se laissa monter sans broncher par les deux cavaliers et avala en quelques secondes la distance qu’ils pouvaient parcourir sans risquer de blesser l’un ou l’autre.

A quelques dizaines de mètres dans une obscurité de plus en plus profonde, l’arche apparaissait plus lumineuse qu’un feu de joie, rayonnant presque jusqu’à eux. Ils entendirent l’injonction d’un homme en arme et assistèrent, sans pouvoir intervenir, à la disparition d’un homme au travers du portail.

Le cheval hennit, mécontent, suivant son maitre mais non sans l’obliger à tirer sur son mord pour le rassurer sur son attention de poursuivre. A raison : Adhémar Saint-Just et Serana, éclairés par la magie de la porte, découvraient la nature de plus en plus maladive autour d’eux au fur et à mesure qu’ils s’y enfonçaient. Un sol trop spongieux sous leur pas, une odeur d’humus à laquelle se mêlait des relents acides, une écorce déchirée, étoilée de galles, des feuilles pourpres et lisses … Aucun drille d’insectes ou de petits animaux, des craquements sinistres de portes grinçantes … Ce bois transpirait un mal oppressant.

A contrario, sous l’effet de l’adrénaline ou de la Magie Morte à laquelle Serana s’attendait, elle était dans un contrôle absolu, ne ressentant plus rien de la folie qu’elle fuyait.

Alors qu'elle montait sur Kaemon, la demie-dragonne pris conscience de la disparition de son mal. Elle soupira d'aise, avant de se rendre compte que le mouvement pourrait être mal interprété par le cavalier.
Mais en progressant dans la forêt l'impression qu'elle ressentit la dérangea au plus haut point. Cette nature semblait viciée, des excroissances poussaient la où elles ne devraient pas, certaines plantes exhalaient des odeurs impossibles ou présentait des couleurs inhabituelles. Elle ne voulait même pas imaginer à quoi devaient ressembler les animaux qui vivaient sous ces cimes.

Elle vit le premier homme disparaître dans le portail sans rien pouvoir y faire, mais ce ne serait pas le cas du second. Elle était responsable de la sécurité des voyageurs, sur les routes ou entre les plans.

- Écartez vous !

Elle sauta de selle et se rua sur l'homme qui restait, lui empoignant le bras et tentant de le tirer en arrière. Une fois l'étranger hors de danger seulement elle s'occuperait d'analyser le portail qui semblait aussi déviant que la forêt. Tout en sortant son épée, les tentacules ne lui semblant pas des plus amicales. La présence du portail dans une zone de magie morte était... impossible. Et c'était encore plus hallucinant que le calme de son esprit voulait dire que la zone avait réussi à annihiler un pouvoir tel que celui de la dracorage. Dire qu'elle était inquiète était un euphémisme colossal en imaginant qui ou quoi aurait pu lancer un sort capable de briser les lois de la Toile.

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Serana se jette sur Arakh et tente de le mettre hors de danger (For +5). Puis elle tente d'étudier le portail (Connaissances (Plans) +6 / Connaissances (Mystères) +6 / Art de la Magie +6)

La demoiselle accepta avec joie de chevaucher aux côtés d’Adhémar. Le trajet fût quand à lui rapidement parcourut par la monture noire de jais.

Plus ils s’approchaient de leur cible et plus Kaemon devenait récalcitrant à avancer. Le croisé ressentant le mal être de son compagnon lui caressait le flanc afin de l’encourager à avancer et continuer son chemin. Mais l’animal lui n’avait qu’une envie ne plus s’approcher davantage et faire demi-tour. C’était comme s’il y avait un quelconque danger ou une menace des plus obscures dissimulée à travers ces bois. Le chevalier força cependant son destrier à avancer mais avec la plus grande délicatesse.

Le représentant d’Hoar était lui-même mal à l’aise au fur et à mesure de leur progression. Ce bois dégageait comme une atmosphère des plus malveillante et angoissante. Le sol, les arbres et même les animaux avaient l’air d’être investis par un mal profond.

S’approchant avec une extrême prudence progressivement de l’emplacement bleuté, le croisé put distinguer un homme armé au sol qui semblait crier quelque chose en direction d’un autre qui était comme aspiré par l’arche. Toutes ces sensations et cette arche semblaient être de la magie noire. Adhémar n’était pas un adepte de cet art et détestait tout ce qui ne pouvait pas être tué par une épée. Ses pensées furent bientôt troublées quand tout à coup Serena sauta subitement de cheval avec prestance et grâce avant de se projeter sur l’homme afin de le protéger des pédoncules mouvants.

Adhémar quand à lui essayait de calmer par tous les moyens Kaemon qui était affolé par toutes ces sensations malsaines.

Adhémar fait un test d’équitation pour savoir s’il arrive à calmer Kaemon.
(Atlas ne sachant pas trop les valeurs à noter pour le test je préfère te laisser regarder ma fiche, merci)

Le mage n'esquissa pas le moindre geste pour se défendre, pas plus qu'il ne tenta d'argumenter en faveur de sa vie. Au contraire, ce dernier s'avança au mépris de la pointe qui s'appuyait contre sa trachée, attiré irrésistiblement vers le portail de liane. Arakh regardait la scène sans bouger, vidé de son sang et de son énergie par ce même portail qui maintenant ressentait la présence du mage et déployait ses tentacules pour le saisir, le guerrier restait figé par la stupeur. Il avait conscience que la fuite était la seule issue raisonnable, mais il ne pouvait tout simplement pas se soustraire au spectacle... Il rengaina ses armes dès lors inutiles et tenta de se focaliser sur quelquechose afin de rester conscient.

- "Le trésor... La graine... Le pouvoir" Les mots résonnaient de nouveau dans son crâne et l'homme des steppes les répétait à voix basse comme hypnotisé par la lueur bleuté qui se mouvait d'une manière si surnaturelle " Le dragon et le héro" La rengaine ne cessa pas lorsque le sorcier disparu, complètement absorbé dans le portail. Arakh hésitait, il n'avait jamais été confronté à ce genre de phénomène, celui çi né de son fluide vitale, était aussi fascinant qu'effrayant... Sa tête tournait, si sa faiblesse physique était manifeste, le trouble de son esprit était encore plus inquiétant " Le dragon... Le trésor" La Hyène fît un pas un avant, aussi surprenant que cela paraisse, il n'avait pas réalisé que deux nouveaux venus avaient fait irruption depuis quelques instants déjà... -" La graine... Le pouvoir... " Un deuxième pas, Arakh sentit sa volonté se raffermir, s'il ne savait guère ce qu'il trouverait derrière, une froide certitude commencer à l'habiter - " Trésor..." Il ne resterait pas là à servir de garde manger, le destin l'avait mis dans ce pétrin, et il avait l'intention d'en tirer profit. Alors qu'un troisième pas l'approchait dangereusement des tentacules qui ne manqueraient pas de le saisir, il s'accrochait à cette délicieuse pensée

¤ J'vais foutre une dérouillée à ce satané mage, m'en mettre plein les poches et passer le reste de ma vie à raconter cette foutue histoire en m'murgeant sans m'arrêter ¤


Le choc lui coupa le souffle, un instant déstabilisé il sentît son bras de nouveau emprisonné. Cette force prodigieuse qui cherchait à le saisir et à le retenir avait refait son apparition. Sourd à l'appel qui avait précédé le choc, épouvanté par le sort qui lui était reservé s'il succombait à cette tenaille, Arakh banda ses muscles, et sans chercher à se défaire des liens qui l'aggripaient, au contraire même sa main se refermant sur une liane de la taille d'un poignet, se jeta avec la force du désespoir vers le portail

SERANA & ARAKH

Serana était confrontée à une aberration totale de sa compréhension et de sa connaissance de la Magie. Un meilleur mage qu’elle n’en aurait probablement pas la certitude mais son obsession à trouver un moyen de se protéger contre la Rage l’avait poussée à s’informer sur chaque détail : Les zones de Magie Morte sont absolues, oblitérant même les sorts … des dieux ! Un portail dans un tel espace était simplement impossible, tout autant qu’une illusion !

Elle aurait pu étendre ses réflexions si elle avait vu l’explosion de feu qu’avait provoqué Melkiot à quelques centaines de mètres seulement de là mais elle connaissait trop peu les zones d’entropie que pour les considérer et jamais elle n’avait entendu parlé –ni lu- qu’un sort de Souhait puisse avoir un quelconque effet sur l’un et l’autre.

Même si elle avait possédé la connaissance de chacun des éléments actifs au cœur de ce bois maudit, elle n’aurait pu réussir à comprendre l’ensemble, fruit de l’esprit malade d’une créature féérique prisonnière depuis des siècles et d’évènements plus anciens encore.

Puis il y avait cet homme à sauver.

La Dragonne avait toujours pu compter sur sa force, son héritage la rendait beaucoup plus puissante que le commun des Elfes, ajoutant à la force musculaire, un effet de surprise lui permettant de remporter nombre de duels. Elle aurait pu soulever l’homme de terre, l’emporter sur son épaule et l’écarter du sinistre portail au cœur de ce bois de cauchemar, d’un bras elle aurait pu le ceinturer, d’un mouvement le faire tomber au sol, et pourtant …

Son intelligence n’étant pas en reste, elle comprit très vite, mais trop tard, qu’elle ne pourrait compter que sur cet atout physique, qu’il ne suffirait pas cette fois, pire, elle la déstabilisa un instant, l’empêchant d’en profiter pour une seconde de doute. L’homme armé n’entreprenait rien de raisonnable, à peine était-il conscient de sa présence. Comme pour le bois et la porte, quelque chose d’autre était en œuvre ici, quelque chose qui dépassait les Lois qu’elle pensait connaitre.

Arakh avait trouvé ce qu’il cherchait depuis toujours. Le Pouvoir, la Richesse et le loisir d’en faire ce que bon lui semblait. Sa terrifiante situation quelques minutes seulement plus tôt c’était transformée en la plus belle occasion qui lui ait jamais été donnée, aucune force n’aurait pu l’en empêcher. Il ne sentait plus rien des blessures de ses poignets, la fatigue l’avait quitté tandis que les pédoncules bleutés l’absorbaient à son tour. Il se sentait fort, et parfaitement bien.

SUITE


ADHEMAR

Kaemon hennit plus fort quand la Princesse et l’homme armé basculèrent au travers de la Porte et il fallut toute la puissance du lien qui unissait la monture à son cavalier pour empêcher le premier de fuir dans un galop qui l’aurait certainement blessé à mort tant la configuration du bois ne le permettait pas !
Sous la volonté du Chevalier, le regard de l’équidé se stabilisa malgré tout, la monture souffla de ses nasaux frémissant et battit des paupières. Secouant sa tête puissante, il put rassurer le Croisé sur son calme revenu.

Ils étaient seuls, à côté d’un portail dont la lueur diminuait lentement, la surface se faisant plus lisse. Dans quelques instants, il se refermerait. Sans être connaisseur en la matière, Adhémar comprit qu’il n’avait pas le temps de se perdre en conjoncture et que seules deux options s’ouvraient à lui : soit il prenait le risque de franchir la porte à son tour, maintenant, soit il faisait demi-tour et cherchait les deux hommes qui avaient mené la Princesse dans ce bois et semblaient connaitre les lieux. Avec le risque de ne jamais pouvoir retrouver les individus passés de l’autre côté.

Autour de lui, à la limite de la luminosité de portail, celle-ci l’empêchant de voir plus loin, une multitude de paires d’yeux rougeoyant s’étaient allumés. Des bruissements d’insectes se firent entendre, forçant Kaemon à taper du sabot, impatient que son maitre prenne une décision.