Vingt et unième jour d'Uktar 1372
Nord des Pics Gris
Orageux
17h00
3°C
Grismanel était encore en train de réfléchir quand Rak commença à lui demander son avis. Et il n'était pas certain d'avoir envie de prendre une décision dans l'immédiat. Heureusement pour lui, Stranka fit une intervention en riant de bon cœur qui lui permit de gagner du temps.- Ha, ha, ha! Allastar, l'époque où les nains étaient suffisamment naïfs pour prendre pour parole divine tout ce qui sort du gosier d'un bout de métal doué de parole est depuis longtemps révolue. Qui sait, si j'avais pensé qu'il était possible de ne pas te faire confiance, je serais peut-être en train de gambader dans les tunnels de quelque cité du Nord au lieu de me planquer pour essayer de sauver le peu de peau restant sur le dos de mes frères.
Allastar non plus, si tant est que Rak pouvait en juger à la mine du bracelet parlant, ne semblais pas mal prendre non plus la possibilité qu'on doute de son honnêteté et de son intégrité. Sans doute vivre sous le joug d'un dragon leur avait-il appris qu'il valait mieux un peu trop de prudence que pas assez.-Si tu ne m'avais pas fait confiance, tu serais encore en train de souffrir sous les coups de fouets des geôliers de Ssidirssidssivi au lieu de chercher un moyen de libérer tes amis.
Il arrêta alors de parler à Stranka pour répondre aux deux questions de Rak. Ceci dit, mon ami, je pense que vous avez pris le problème dans le mauvais sens. Ce n'est pas vous qui devez me faire confiance mais bien l'inverse. Je suis sur le point de partir avec vous. Je n'ai aucun moyen de me défendre et aucun moyen de vous forcer à m'obéir. Il se pourrait que mes visions aient été complètement fausses et que vous ne soyez en vérité pas intéressé par la possibilité de sauver les Marches d'Argent et que vous décidiez de me vendre au premier marchand ayant assez de fonds pour acheter un bracelet doué de parole. C'est moi qui dois vous faire confiance, et non l'inverse.
Il se tut à nouveau le temps de laisser à Rak la possibilité de réfléchir au problème sous cet angle nouveau. Mais il n'avait pas fini de parler. Sauver les Marches d'Argent, et potentiellement une bonne partie du reste de Faerun, n'était pas une mince affaire et il se devait de convaincre le nain que son aide était nécessaire.-Comme je l'ai dit, vous n'avez à faire ce que je veux, vous avez à faire ce que vous estimez devoir faire. Mettons que je mente et que je sois en fait un ennemi de tout ce qui est admirable, ce que je vous demande est de trouver une arme dont je connais l'emplacement. Je ne vous demande pas de vous en servir, je ne vous demande même pas de vous en approcher suffisamment pour qu'elle puisse vous ensorceler et vous pousser à faire des actes que vous en feriez pas naturellement.
Une fois de plus, il fit une pause pour laisser le temps à son interlocuteur de souffler entre ses tirades. Cela faisait des années qu'il se les répétait en boucle et il ne voulait pas qu'elle ne portassent pas leurs fruits simplement parce qu'il n'avait pas été capable de les dire correctement.-Voici comment je vois les choses, d'un côté il y a la possibilité que je dise vrai et que vous puissiez sauver des milliers de vie en agissant. De l'autre, il y a la possibilité que je mente ou que je me trompe mais, même ainsi, ce que je vous demande n'aura aucune conséquence si vous décidez de vous arrêter au moment où vous cesser de penser que vous agissez pour une bonne cause. Je ne dis pas que le choix est facile, je dis qu'il comporte moins de risque qu'il n'y parait. Je ne dis pas non plus que vous ne courrez pas de risque si vous décidez de suivre mes conseils. Avant même d'atteindre la cachette de Boggestvienrazru, vous devrez traverser des étendues désertiques peu accueillantes. Beaucoup de choses reposent sur votre décision, je vous conseille de ne pas la prendre à la légère.
Pendant que le bracelet parlait, Grismanel avait rassemblé ses esprits et répondit à son tour à Rak, quoique de manière quelque peu plus succincte, afin de donner son avis sur ce qui devait suivre.-Quoiqu'il arrive, vous ne m'abandonnerez pas ici. Je vais me rendre à Adbar en premier lieu pour voir s'ils s'y trouve des documents relatifs à Boggestvienrazru. Que ce qu'a dit le bracelet soit vrai ou non, ce ne sera que la continuation de mes recherches. Personnellement, je ne prends pas de risque et, même s'il s'avérait que cette arme est dangereuse, je serais en mesure de l'utiliser et non de la posséder et vous l'inverse. Je pense que le jeu en vaut la chandelle, mais c'est vous qui prenez les risques, pas moi, et c'est donc à vous de décider.