Vagues de Brume, Le Démon du Crâne—Alrion, Shalan, Xédar

Vagues de Brumes
Prélude à l'Orbe du Dragon

Le parchemin plié donné par Mygmol, Xédar avait scrupuleusement suivit l'itinéraire que ce dernier lui avait planifié. Tout c'était passé pour le mieux, l'homme aux pigeons ayant un grand sens organisationnel, et tout se serait passé mieux encore si le pire n'avait pas pas mis son grain de sel dans le voyage du mage... Ainsi était l'aventure, plein d'imprévus et surtout de nouvelles donnes que le destin se plaisait à semer dans la vie d'un homme. Celle-ci fut sous la forme d'une bande de pillards qui attaquèrent le convoi, du moins le gnome le pensait, car il fut miraculeusement sauvé grâce à un besoin naturel pressant induit par la soupe de la veille, qui avaient tournenboulé ses intestins. Ceux-ci exigèrent une évacuation immédiate et pressante.

Xédar entendit les cris sauvages, le bruit métallique des armes qui se croisaient furieusement, les cris d'agonies, les suppliques et les appels aux dieux, suivit par un terrible silence, silence encore plus impressionnant que tout le reste. Il fallut un certain temps au gnome pour avoir le courage de se rendre sur les lieux du combat. Il arriva presque en rampant, cherchant à chaque souffle la volonté d'avancer encore, et encore un peu plus près pour découvrir un spectacle des plus affreux et des plus désolants. Tout avait été pillé, détruit, massacré. Hommes et bêtes étaient empilés sur un énorme tas funéraire, les hommes nus comme le jour de leur naissance, les carcasses de bêtes où manquaient de gros morceaux de chair. Les chariots éventrés de leurs toiles laissaient entrevoir des caisses vides, des tonneaux décapités, des sacs vidés. Si survivants il y avait, ceux-ci étaient probablement emmenés par les sauvages ayant commis ce crime. Xédar se souvint de deux ou trois femmes et quelques enfants, qui seraient sans doute vendus comme esclaves ... au mieux.

La brume planait sur ce spectacle de désolation comme si la nature avait décidé de pudiquement jeter un voile, linceul blanc sur les morts. La terre désolée où se dessinait la menace d'un marais à l'est, le sol boueux aux arbres rabougris et noircit par l'humidité complétait ce tableau qui ne pouvait que faire sombrer un homme dans une profonde mélancolie...

Shalan se trouvait aux limites de l'épuisement total après cette longue chevauchée de Gerbedor qui s'était finalement résigné à ralentir le pas, retraçant le paysage d'une terre uniforme et d'un vague chemin où l'on pouvait voir dessiné dans la terre meuble les traces de roues typique à ceux d'un chariot. Au travers des brumes de sa fatigue, l'elfe compris que le cheval allait bientôt se décider à une halte afin que tout deux puissent se ressourcer. C'est alors que Gerbedor eut un mouvement un peu brusque, qui demandèrent les derniers efforts d'un chevalier épuisés afin de ne pas tomber de la selle. Shalan comprit immédiatement ce qui dérangeait le cheval : la mort était devant eux, sous forme d'un convoi totalement détruit et pillé, au centre duquel se tenait une petite forme courbée comme alourdie par le chagrin et le désespoir. Le sang avait coulé, se mêlant à la boue de la terre, un événement qui semblait récent.

Se retournant instinctivement, Xédar vit s'avancer au-devant de lui un magnifique destrier aux couleurs d'or monté par ce qui semblait être un chevalier elfe. Leurs regards se croisèrent ...

Le chevalier de la Seldarine était épuisé de cette longue chevauchée. Il parvenait à peine à se tenir droit et dignement sur le cheval. Mais il ne pouvait se résoudre à se plaindre car le plus méritant était Gerbedor. Quel cheval d’exception il est ! Shalan mesurait tout l’honneur de le monter. Il donna une petite tape sur l’encolure de sa monture héroïque pour le féliciter.

- Gerbedor, mon brave, je sais…nous allons faire une escale et …

L’odeur de mort interrompit ses paroles. Il croyait vivre un vrai cauchemar. Délirait-il d’épuisement ? Mécaniquement il porta sa cape à hauteur de son nez pour ne pas respirer la mort.

¤ Seigneur de la Seldarine, qui a pu commettre une telle horreur ? ¤

Le spectacle funèbre lui rappela l’horreur des massacres qu’il avait connu à Eternelle Rencontre avec l’attaque surprise des pirates et monstres hideux en tout genre. Il fallait se résigner à trouver la haine et la monstruosité partout présente. Le chevalier elfique puisa dans ses dernières forces pour rester vigilant, portant sa main sur sa lame gardienne.

A la vue du gnome, il plissa le front. Sa présence était bien étrange ici…Ce petit être pouvait il à lui seul être responsable de ce massacre ? Le regard d’or de l’efique le fixa comme s’il cherchait à lire dans son âme. D’ailleurs c’était bien son intention. Toutefois, il garda une attitude neutre car il envisagea aussi que le gnome pouvait être un des survivants, et qu’il ne méritait bien plus d’être rassuré que d’être inquiété.

- Petit homme, que fais tu ici dans ce théâtre de désolation ? Je suis un serviteur du Seigneur de la Seldarine. Tu n’as rien à craindre de moi si tes intentions sont bonnes et pacifiques.


Détection du mal

¤ Étaient ils revenus sur les lieux de leurs crimes ? ¤

Xedar après s'être retourné regarda rapidement l'homme de la tête aux pieds. Un elfe, des mailles bien entretenus aux reflets soleils.

¤ Hum il n'a pas l'air d'être à l'origine de cela. ¤

Bien que comme disait l'autre, l'habit ne faisait pas le moine. Sur ses gardes, regardant tout autour de lui pour se noter des échappatoires, mais aussi pour tenter de détecter d'éventuelles autres présences, il répondit à l'elfe.

- Je suis un gnome.

¤ Petit homme, petit homme, non mais ho.¤

Oui il était fier de ce qu'il était. Même s'il était de mauvaise foi et se mentait à lui même car il restait quand même petit par rapport aux autres gnomes. Mais ça il le dirait jamais.

- Ce théâtre de désolation est ce qui reste du convoi qui devait m'amener...

¤ Soit prudent on sait jamais¤

...jusqu'à ma destination.

Et vous qui êtes vous et que faites vous là ? Je ne connais pas de Seigneur de la Seldarine.

Test de perception auditive et/ou détection, correspondant à la recherche visuelle et auditive d'éventuelles personnes/survivants/pilleurs.

Le chevalier de la Seldarine gardait toujours son nez caché sous le pan de sa cape. Cette odeur de mort lui était insupportable même pour le combattant aguerri qu’il était. La fatigue le rendait également assez irascible. C’est pourquoi il répondit sur un ton sec au gnome.

- Il n’est ni l’endroit ni l’heure de parler théologie. Le ou les responsables de ce carnage peuvent encore rôder dans les parages. Je n’ai ni la force ni l’envie d’une confrontation. Avez-vous vérifié qu’il n’y ait aucun survivant ou des gens à qui nous pourrions porter secours ?

La méfiance s’était doublement installée dans le cœur du chevalier. Premièrement, si ces cadavres furent autrefois le compagnon de route du gnome, pourquoi celui-ci n’exprimait –il aucune compassion ou dégoût devant ce carnage ? Un tel comportement était suspicieux.

Secondement, il ne pouvait qu’y avoir des êtres maléfiques pour avoir causé un tel bain de sang et d’horreur. Rien ne garantissait que ce mal ne rôde pas encore aux alentours. C’est pourquoi ses yeux de vigilance élargirent son champ de vision pour détecter le mal au-delà du gnome.

Il mit pied à terre pour soulager Gerbedor de son poids. Son pauvre compagnon équestre avait donné quasiment toutes ses forces dans ce long périple. L’endroit n’était pas le bon pour se reposer : dangers, morts, puanteurs… Après s’être rassuré qu’il n’y ait aucune présence maléfique et aucun survivant à qui il pourrait porter secours, il n’y eut plus que pour objectif de trouver un endroit plus ou moins sûr pour se ressourcer son compagnon et lui. Se poserait la question de l’avenir du gnome…qui ne pouvait probablement pas survivre seul…et donc le paladin ne se voyait pas l’abandonner à son sort à moins que le gnome fût le mal incarné…

Détection du mal / Gnome puis alentours
Recherche survivants et cause du carrnage. Prière pour les morts
Recherche un lieu éloigné du carnage pour se reposer et se restaurer

Vagues de Brumes
Prélude à l'Orbe du Dragon

Comme dans toutes les rencontres en milieu sauvage, celle-ci ne faisait pas exception, elle revêtit les couleurs de la prudence, entre deux inconnus que tout séparait. Le charnier avait quelque chose d'inconfortable pour une belle rencontre mais il fallait passer outre sa méfiance.

Pour le paladin la chose fut facile, car la lueur argentée qu'agrémentait l'aura du gnome ne lui laissa aucun doute sur la nature profonde de cette petite créature. Il n'aurait pu commettre de telles atrocités ou du moins en faire partie tant son âme brillait bonté et gentillesse. Pour Xédar seul le jugement des actes de cet inconnu trouverait réponse à sa méfiance.

Tous deux avaient un but commun, celui de trouver d'éventuels survivants et de s'assurer de leur sécurité. La brume jetait comme un voile pudique sur cet amas de cadavres passé en revue par les deux hommes. Sur ce charnier empilé comme à la gloire d'un dieu mauvais, un homme d'une trentaine d'années dont les cheveux blonds étaient aspergés de vermeil, collée à lui une jeune femme, qui, de mémoire de Xédar, était sa compagne tenant encore dans son poing crispé une lame noircie de sang. Elle avait de beaux traits figés dans une souffrance indicible et ses yeux moirés regardaient, désolés, l'absence d'un coin de ciel bleu. Sous ces deux victimes, deux hommes semblables à des mercenaires, de solides gaillards, l'arme au poing l'un éventré de haut en bas, l'autre souffrant de multiples coups de massue, morts l'un à côté de l'autre tels des frères d'un même funeste destin. Ces hommes se mouvaient essentiellement à pieds, cherchant du regard toute rencontre mortelle. Ils avaient apparemment faillit à leur mission de garde et l'avait payé de leur vie. Une masse informe se terrait tout en bas, mutilée par des brûlures écrasé par le poids d'une mule égorgée et d'un cheval où manquait les cuissots. Xédar reconnut les cheveux d'ébène de leur chef de caravane, un homme d'expérience lui avait-on affirmé, qui, cette fois-ci avait prit la route une fois de trop.

Une flèche noire attira le regard du paladin, flèche perdue dans les hautes herbes poussant sur le bas côté de la route. Elle avait une facture elfique, mais pas celle des enfants qui vivaient au soleil, plutôt issue d'une arme noire des profondeurs de la terre. Noire comme la nuit, le bout luisant d'une substance alchimique, cette flèche était sans doute de facture drow.

Xédar était ébahi par la vitesse d’exécution et par la sauvagerie à laquelle il avait échappé. Il tendit en vain l'oreille, seul le vent et le silence étouffant de la brume lui répondirent. Shalan lui repéra quelques traces sur la terre meuble des marais, des traces de bottes de personnes assez lourdes à en juger par la profondeur. Peut-être étaient-ils chargés. Ces traces se perdaient dans les marais, au-delà des flaques d'eaux noirâtres dans les vagues de brumes. Tendant l'oreille, l'elfe crut entendre des bruits d'eau remuée, des respirations précipitées peut-être, mais si c'était le cas, ils avaient déjà une belle avance, lorsque soudainement sa concentration ramena sa conscience vers un buisson pourtant nullement dense, mais d'où s'échappait un râle.

Xédar l'avait entendu aussi, étant plus près que le paladin. S'approchant de concert, ils virent derrière cette végétation la mince forme d'une fillette, à moitié consciente, dont les vêtements arrachés et la blessure qui formait comme une fleur sur sa poitrine menue. Le petit fossé derrière le buisson faisait comme un rempart et l'avait sans doute caché des yeux de ceux qui avaient commis tout ces crimes. Xédar avait souvenance de cette fille qui était surnommé par le groupe "sauterelle" car elle était de ceux qui sautillaient partout à l'affut de la moindre nouveauté, jetant sur le monde un regard terriblement curieux, un regard où dès à présent toute innocence avait été sauvagement anéantit.

Alrion n'avait pas trop idée où il se trouvait. Le voyage avait été assez rude pour cet homme qui venait d'avoir eu son premier contact avec une magie utilisée qu'en cas d'urgence par les membres de l'Assemblée récemment quitté. L'Intendant, un gnome aux poils blancs comme neige, l'avait convoqué afin de le précipiter (et ce fut ce qu'il dit mot pour mot) dans une histoire assez sombre, où l'éveil de quelque menace réelle de grandes guerres d'ordre épique se trouvait au menu.
- Vous trouverez Shalan, avait-il dit l'index levé vers le ciel, il est facilement reconnaissable : un elfe de haute lignée qui porte dans son sang la subtilité et la grandeur de son peuple. Il est accompagné par un de nos grands destrier, Gerbedor un cheval comme son nom l'indique à la robe d'or. Pour le rattraper, un seul moyen possible, même si je ne suis pas entièrement convaincu d'utiliser cette magie... Elle laisse des traces sur la toile. Aux grands maux, les grands moyens avait il fini par soupirer.

C'est ainsi qu'en compagnie de ce petit bonhomme, dont la robe trainait un peu par terre, qu'Alrion fit connaissance avec le voyage magique au travers d'un portail. Ses sens en avaient été entièrement chamboulé, son cerveau affolé cherchant le haut du bas, ses jambes un instant sans appui de gravité. Il chuta lourdement sur de la terre molle et boueuse qui heureusement prévint toute blessure malencontreuse. D'après notre devin et la faible lueur qu'il put trouver de sa gemme, Shalan est du côté du marais de Chélimbre. Un lieu assez épouvantable avait dit Stolig. Il serait d'ailleurs de bonne rencontre que vous le mettiez en garde. Récent rapports ont confirmé la présence de raids d'elfes noirs. Les dieux seuls savent ce qu'ils fabriquent par là et de quels sombre crevasses, ils sont issus. On murmure aussi que ce marais est hanté et maudit à certains endroits et pour couronner le tout, une brume assez inhabituelle qui pourrait être de fabrique magique. Moi je prétends que c'est un dragon, même si mes collègues moquent ma théorie. Que viendrait chercher un dragon en ces lieux me disent-ils ...

Stolig lui avait aussi mentionné cette histoire de gemme, qui permettait aux membres de l'Assemblée de ressentir leur présence mutuelle, gemme qui lui avait été octroyé à son acceptation en tant que membre de la guilde. C'est ainsi qu'Alrion se retrouva le cul dans la boue à prendre ses esprits. Le marais était éclairé par la seule présence de brumes, d'un silence inconfortable, pesant de toute sa menace sur les épaules du jeune homme. Il se devait trouver un chemin sûr, éviter les tourbières, les sables mouvants et les indigènes sauvages qui le peuplait. La chance ou bien la dextérité de ces lanceurs de sorts qui ouvrirent le portail voulu qu'il trouva rapidement un semblant de sentier. Il l'emprunta et croisant les doigts espéra qu'il ne se trompait pas de sens...

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Xedar
Compétence Détection 10(dés)+2
Compétence Perception auditive 15(dés)+4

Shalan
Compétence Détection 9(dés)+4
Compétence Perception auditive 19(dés)+4
Détection alignement.

Votre HRP

Précipité dans une affaire qu'il ne comprenait pas tout à fait, Alrion essayait déjà de reprendre ses esprits tout en enlevant le plus gros de la boue de ses vêtements. La seule bonne chose, c'était qu'il ne s'était point fait mal, et qu'il n'avait pas non plus atterri au milieu d'une zone de sables mouvants, comme cela pouvait se risquer dans un marais, comme il était sensé être, selon les informations du Maître de l'Assemblée Stolig lui avait donné, si on considérait qu'il n'avait pas atterri trop loin de Messire Shalan et de sa monture. Il valait également mieux espérer que s'il n'en était pas trop loin, il était également en avance sur ce dernier, car avec les kilos d'acier protecteurs qu'il portait, jamais Alrion ne serait capable de rattraper cette dernière, même s'il s'agissait d'un poney, d'un âne ou d'un mulet, sans même parler d'un cheval.

Ainsi, dans un milieu totalement inconnu, et pas forcément très à l'aise, s'il était un combattant, Alrion était plutôt le genre de personne à toujours rester à proximité des autres, puisqu'il avait passé sa vie à les défendre, et quelques années déjà à les soigner, le jeune homme vérifia que ses épées coulissaient bien dans leur fourreau dans son dos, au cas où il aurait à se défendre, même si si la thèse du gnome s'avérait exact, il ferait mieux de les garder là où elles étaient, car l'avantage d'un dragon, c'est qu'il est souvent intelligent, et qu'il y a donc des chances pour qu'il n'attaque pas lorsque l'on n'est pas agressif, parce que le gros problème d'un dragon, c'est qu'il a toujours la force d'une petite armée à lui tout seul, le genre de chose que l'on ne veut pas affronter avec en tant que membre de l'armée en question, et encore moins seul, dans le milieu inconnu et dangereux qu'est un marais, surtout quand il s'agit de celui du dragon en question, éventuellement.
Ce genre de vérifications d'usage faites, le combattant commença à avancer prudemment, il serait dommage de tomber dans l'un des pièges de la nature alors que la mission confié par l'Assemblée venait tout juste de commencer, avançant un peu au hasard, tout en évitant les pièges qu'il pouvait voir, espérant être guidé par la chance et par sa gemme. Ce fut la première qui lui sourit le premier, l'emmenant sur un chemin au milieu du marais, ce qui serait certainement beaucoup plus sur que de marcher aléatoirement au milieu des tourbières, sans l'être totalement, les chemins changeants avec le temps, et les créatures locales se moquant bien de voir leur proie du jour sur un endroit réputé sur pour l'attaquer, plus encore lorsque les locaux en question pouvaient être intelligents, comme les drows sensés habiter l'endroit. Et c'est avec cette pensée en tête, et un peu de peur de tomber sur un groupe de ces créatures, Alrion savait qu'il ne pouvait pas les vaincre, et savoir qu'un combat était perdu d'avance était la différence entre un guerrier vivant et un guerrier mort, avaient toujours dit ses professeurs, qu'il se mit à suivre le sentier, sans repaire pour savoir s'il allait dans la bonne direction par rapport à son objectif immédiat, Shalan. Mais même s'il se trompait, allant moins vite que ce dernier et étant probablement en avance sur lui, sans quoi il ne le retrouverait jamais, les deux membres de l'Assemblées finiraient bien par tomber l'un sur l'autre, et le petit nouveau pourrait mettre en garde l'ancien des inquiétudes de ses supérieurs.

Le chevalier de la Seldarine comprit rapidement pourquoi ce massacre lui rappelait tant celui qu’il avait connu à Eternelle Rencontre. Les protagonistes en étaient les mêmes auteurs : des drows, ces ténébreux de traitre… Cette flèche en était la preuve. Elle était sans doute enduite de ces poisons soporifiques dont ils raffolent. Qu’il y ait un survivant serait un miracle. Déjà que le gnome eut survécu en était un. Quelle ne fut pas alors sa surprise en découvrant la jeune fille ! Seule une intervention divine l’avait pu l’extraire d’une mort ou d’un esclavagisme. Il se souvint de quel sort les drows réservaient aux enfants. Cela avait fait l’objet de sa précédente quête dans le Cormanthor…

La petite devait être affolée. Une présence connue devrait plutôt la rassurer. Le chevalier mit un genou à terre pour se mettre à la hauteur de la jeune fille et invita le gnome à s’approcher d’elle. Il attendit sa réaction et qu’elle prononce ses premiers mots. Malgré la compassion qu’il pouvait avoir envers cette jeune survivante, il ne pouvait s’arrêter de penser à l’avenir…Qu’allait-il faire maintenant dans ces marais avec ce gnome et elle ? Ils allaient le ralentir et surtout pourrait-il à lui seul leur porter protection ? Ceux de son espèce lui auraient dit que ce ne sont pas des elfes, laisse tomber…Mais lui, c’était un elfe à part, avec un cœur et une conscience qui lui dictaient la compassion. Laissant le gnome rassurer la jeune fillette, il leva la tête, toujours sur le qui-vive, car cet endroit brumeux ne lui disait rien de bon…

Il y avait un autre survivant ?! Xedar accouru de ces petites pattes vers la fillette et se mettant à genoux il fouilla son sac pour en sortir une baguette qu'il agita dans sa direction.

Il n'était pas médecin et ne savait donc faire aucun diagnostic mais il avait entendu les râles et voyait la blessure. Il fallait donc sûrement la soigner. Et pour ce faire une baguette de soin léger pouvait se révéler efficace, pour peu que l'on arrive à la faire fonctionner bien évidemment.


- Reste éveillé sauterelle, reste éveillé ! Tu vas t'en sortir, tu va voir.

Cela lui rappeler Eauprofonde, Goëwin était morte sous ses yeux et il n'avait alors rien pus faire. Cette fois ci non, la petite devait survivre. Même s'il n'avait que pour ça sa baguette magique.

Un regard vers l'elfe sans trop y croire.


- Vous vous y connaissez en médecine ? Ce marais semble désert, savez-vous ou aller pour retrouver la civilisation ?

Oui il était contrarié, coincé au milieu d'un marais lugubre avec comme toute compagnie un elfe inconnu, une fillette blessée et une troupe de dingue capable de piller une caravane en moins de temps qu'il n'en faut pour pisser.

- Nous allions dans la direction de Proskur.

Enfin "nous", la filette il n'en savait rien mais lui oui, il devait aller à Proskur.


utilisation de baguette de soin léger jusqu'à prodiguer à la fillette un sort

Vagues de Brumes
Prélude à l'Orbe du Dragon



Shalan n'avait pas tord de s'inquiéter sur son voyage futur. Le destin semblait pourtant s'obstiner à ce qu'il soit témoin de ce qui se passait dans les marais de Chélimbres, une terrible bataille qui instilla la magie la plus noire et détruisit un Prince et sa contrée entière.

La petite semblait reconnaître le gnome. Ses grands yeux affolés plongèrent dans les siens, s'accrochant là, flottante dans le marasme de sa souffrance avec comme seule bouée ce visage de gnome connu. Elle ne semblait pas paniquer à la vue du chevalier de la Seldarine, à côté de lui. Même si ses membres tremblaient violemment du au choc de toute cette violence dont elle avait été témoin.

Xédar avait vite fait de sortir de quoi la soigner, et se concentrant sur le petit corps brisé, il laissa la lumière argentée l'envelopper telle une couverture de vie bienfaisante. Maman ? chuchota la jeune enfant, Maman ... Ce n'était plus une question, ses souvenirs refluaient, des détails d'une réalité implacable, autant de dagues qui lui allèrent droit à l'âme. MAMAAAAN hurla-t-elle soudainement. Son cri se répercuta sous la voute des arbre noircis de trop de pourriture aux troncs anguleux et aux branches griffues. Un silence lourd suivit ce cri puis il y eu comme un soupir, une sorte d'éveil. Gerbedor hennit doucement, les oreilles aplaties, le nez au vent, le sabot nerveux. Les marais s’emplirent d'étranges échos rappelant aux voyageurs qu'ici c'était le royaume qu'un pouvoir maléfique avait fabriqué, et celui des morts d'une terrible bataille qui eut lieu dans les temps anciens et que les habitants de ces marais avaient été dérangés.

Sous l'impulsion magique de la baguette de Xedar les blessures se refermèrent doucement, laissant la jeune enfant presque guérie, mais terriblement fatiguée. Elle prit la main de Xédar, la pressant contre sa maigre poitrine, refusant de lâcher, alors que des larmes inondaient son visage de poupée.

Alrion était peut-être perdu mais il n'était pas sourd. Il entendit un cri de détresse dans son dos, un cri qu'il crut tout d'abord être celui d'un animal en proie à un terrible prédateur, mais son cœur lui dicta autrement : c'était humain et ressemblait à celui d'un enfant.

Autour de Xedar et de Shalan des ombres se profilèrent, difficile de déterminer si elles étaient le fruit de leur imagination ou pas. Dans toute cette brume glacée, les illusions avaient souvent trompé les yeux des hommes... Et pourtant, les aventuriers frissonnèrent comme si un doigt maléfique venait de toucher au plus profond de leur âme.

Entendant un appel au secours, venant d'un enfant, ou peut-être une jeune dame, le sang d'Alrion ne fit qu'un tour avant qu'il ne se mette à courir vers sa provenance, sans même considérer la possibilité d'un piège : si quelqu'un, en particulier un enfant ou une femme, avait besoin d'être protégé, ou au moins le semblait, il viendrait toujours sans se poser de questions, et au pas de course.
La seule question qui se posait vraiment, et que le colosse se posa donc en chemin, c'était de savoir s'il devait arriver prêt au combat, armes en main, au risque d'effrayer la personne en danger, mais également en étant plus apte à la protéger rapidement dans des situations où la vitesse de réaction était un facteur déterminant, sans non plus l'être dans toutes : si la personne était tombé sur des sables mouvants, l'une des rares choses à pouvoir le forcer à faire un détour sur le chemin de la rescousse, ses épées ne lui serviraient à rien.
Toutefois, comme il était bien plus rapide de laisser tomber ses armes au sol que de les sortir le moment venu, et que tenir compte des sentiments au mépris du danger était une mauvaise chose, même s'il en était tout autrement lorsque la situation était calme, bien évidemment, Alrion sortit ses lames de leur fourreau respectif durant sa course vers la personne en détresse.