Le banni, Njini

Kharel regarda Argil d'un air pensif.

- Hum, un portail sauvage, c'est la première fois que j'en entends parler. Je me demande si c'est un phénomène naturel, même si son nom semble l'indiquer. J'aimerais que nous en parlions plus en détails, dans un futur proche, si ca ne vous dérange pas.

L'elfe fit une pause un court instant, semblant en pleine réflexion.

- Quand à notre situation présente, vous dites que nous devons "libérer" un dragon. Dragon maintenu captif par des bandits qui possèdent le seul objet pouvant tenir ce même dragon en respect. Je suppose que l'objet que vous recherchez pourrait également nous détruire ? Vous me direz, arrivé à ce point la ca ne changera pas grand chose; Dévoré, brûlé, occis par le fer, ou consumé par je ne sais quel objet magique, cela ne fait que peu de différence !

¤ Ils sont fous, ils veulent se suicider ? ¤

- Avez vous une idée précise d'où est le dragon et l'objet qui permet de le contrôler ? Savez vous combien d'homme nous devrons affronter si les choses tournent mal ? Si ce n'est pas le cas, il serait peut être de bon ton de reconnaître l'endroit d'abord, magiquement ou physiquement. Ma très chère, est-ce votre quête ou vous êtes vous laissée entraîner par cet homme ? S'adressa t'il à la femme silencieuse. "L'un de vous a t'il un plan ? Je ne demande qu'a vous aider, mais je ne suis pas assez perdu pour vouloir mettre fin à mes jours ici et maintenant."

N'Jini faisait confiance à Argil, qui depuis quelques temps avait largement prouvé sa droiture. Cependant elle trouvait qu'il était un peu large avec le nouveau venu. Elle sourit à leur rencontre dans le village. A vrai dire il lui avait tout autant accordé sa confiance rapidement, peut-être à tord. Son héritage faisait d'elle une personne instable que le Maitre Kolimar au Monastère avait plus ou moins réussi à dompter. Elle restait néanmoins d'une affligeante nature chaotique qui pouvait aussi bien construire que détruire tout sur son passage.

Prouvant le respect qu'elle avait pour le maitre mage, l'ensorceleuse s'arrêta à quelque pas de l'homme, et se tenait donc silencieuse à l'écouter raconter leurs mésaventures, souriant discrètement aux regard étonné du dénommé Kharel.

Le plan est simple Kharel dit-elle soudainement. On entre là, on pique la bague et tout objet qu'Argil souhaite et qu'on trouve, on libère le dragon et les prisonniers et on sera les héros du jour, enfin si nous voyons le nouveau jour bien sûr. Le tout est d'attendre le retour du dragon et son maitre du moment. L'idéal serait d'attendre le possesseur de la bague dans sa propre chambrée, mais encore faut-il trouver où cela pourrait être, et si on trouve pouvoir y pénétrer. On peut le voler ou alors conclure un accord ou encore le tuer et le prendre ... Facile ... termina-t-elle haussant les épaules. Ha au fait je m'appelle N'Jini, je viens du Monastère des neuf portes. Ne demande pas, je ne te dirais pas où c'est !

A vrai dire elle n'avait exactement aucune idée de comment procéder dans cette aventure. Les plans organisés ce n'était pas trop sa tasse de thé ou son verre de bière. Les informations qu'ils possédaient étaient bien trop ténus pour pouvoir se faire un plan exact ou du moins susciter une intuition qui permettrait de se rapprocher. Elle leva vers Argil un regard presque affligé, étant convaincue qu'elle serait incapable de faire quelque chose de concret.

- Il faudrait d'ailleurs agir Argil, quitte à se faire prendre. J'en ai marre de piétiner à ne savoir que faire ...

Narration

15 martel 1373

Argil regarda tour à tour N'Jini et Kharel. Il avait un petit sourire en coin. N'Jini qui commençait à le fréquenter depuis plus longtemps savait ce que cela signifiait. Il avait une idée derrière la tête. Il passa sa main sous le menton tout en réfléchissant.

-Oui, bien sûr. Le voler. Cela pourrait marcher en effet. Sauf que, il y a une petite faille dans ton plan. Ce qu'il faudrait c'est qu'il ne s'aperçoive pas du vol. Non seulement il faudrait le voler mais aussi substituer cet anneau à un autre inerte ou du moins n'ayant pas les mêmes pouvoirs. Si en plus le dragon était au courant cela pourrait même tromper complètement le chef de ces bandits. Il va falloir jouer serrer quand même.

Argil entendit les suppliques de l'elfe et chercha à le rassurer.

-Comme tout arme, c'est celui qui la manie qui est dangereux, pas l'arme en elle même. Pour le moment, le dragon est l'arme et il est enfermé là-bas. Le chef des bandits possède un anneau qui le contrôle. Le chef devant habiter là-bas.

Il désigna tour à tour deux bâtiments successivement.

-Il nous faudra donc une voleuse, un rapporteur pour le dragon et un appât.

Il se tourna vers Kharel et d'un grand sourire ajouta.

-Le chemin est tout tracé sous le bâtiment qui emprisonne le dragon. Passez par dessous et vous aurez l'occasion d'aller voir un dragon de près. Rapportez lui notre plan en lui signifiant bien de faire semblant d'obéir au porteur de l'anneau ; du moins jusqu'à ce qu'il sorte de la cage et du bâtiment. Après il sera libre de faire ce qu'il veut. Quant à toi très chère. Tu vas t'introduire dans la bâtisse du chef et lui voler son anneau pour l'échanger contre celui là.

Il sortit de sa poche un anneau ornée de pierre d'onyx.

-Cela devrait faire l'affaire, s'il n'est pas trop regardant. Attention, surtout ne met pas cette anneau à la main. Tu pourrais avoir des retours désagréables. Ta mission sera simple, vole l'anneau, mets lui celui là et repart très vite avec notre nouvel ami. Pour ma part je vais servir d'appât et de diversion pour vous laisser le temps d'agir. Des objections ?

Njini écouta leur guide avec attention sentant peu à peu l'espoir renaître en elle. Il était pas con ce plan, dangereux certes, mais pas trop con. Elle prit l'anneau curieuse, et l'examina attentivement. Elle se demandait bien sûr quel pouvoir il recelait pour qu'Argil le qualifia de dangereux.
- Si cet anneau a des retours désagréable lorsqu'on l'enfile au doigt, je n'aimerais pas être à la place de ce bandit dit-elle les yeux ombrageux dans lequel flottait la satisfaction anticipée d'une belle punition pour l'homme cruel qui menait le dragon par le bout du doigt. Et c'était le cas de le dire, c'est ce qu'il faisait.

Elle se tourna vers Kharel qui devait être un peu perdu dans leurs histoires de bandits, dragons et anneaux. Elle le était très sérieuse dans ses propos, même si Argil faisait confiance, l'ensorceleuse elle avait trop vu des cœurs de traitre pour lui accorder sa confiance sans avoir pu vérifier ses dires par des actes
- Bon Kharel dit-elle d'une voix froide et déterminée. Si Argil te fait confiance, moi je suis bien obligée de le suivre. Le bâtiment là tu passes dessous effectivement, tu verras des planches que l'on peut soulever. Ne t'étonnes pas de voir à côté des cages remplies des futures victimes de dragons. Ce sont des prisonniers qu'il va falloir libérer aussi. Si le dragon n'est pas revenu de sa mission, tu peux toujours laisser un message pour que ces gens expliquent ce qui se passe. Si le dragon est revenu, ne t'en approche pas des masses, c'est que ça fait peur un dragon, même emprisonné dans une cage. C'est vachement impressionnant. Reste fort poli avec lui, c'est susceptible aussi ces bestioles là. Explique bien que je vais essayer de subtiliser les anneaux afin de le libérer. Compris ?

Njini rassurée d'avoir bien expliqué la chose, mit l'anneau dans sa poche, et avant de partir lança une dernière mise en garde : fait attention à toi dresseur de dragons, j'ai besoin de toi, et le Monastère aussi. Alors je te veux vivant. Le rôle d'appât est tout aussi dangereux ! Satisfaite d'avoir bien dit ce qu'elle avait à dire, la jeune femme fixa le chemin qu'elle allait prendre pour se glisser jusqu'aux bâtiments abritant l'homme à abattre. Puis s'aidant des ombres se faufila jusqu'au campement, prenant bien garde à ne pas tomber sur d'éventuels gardes. ¤Il me faudrait peut-être un peu d'aide pour si jamais ... ¤ pensa l'ensorceleuse. Elle s'arrêta un instant et à mi-voix demanda de l'assistance d'un créature qu'elle convoquerait sous la forme d'un hibou céleste. Le sort ainsi bien préparé serait prêt à être lancé au moindre obstacle pour passer entre les gardes.

Préparation de sort : Convoncation de Monstre I - Hibou céleste ou tout autre chose qui volette cher meujeu

- Quoi ! C'est ça votre plan ! Kharel était effaré par un tel manque de préparation. Il continua en se retournant vers Argil: " C'est plus une ébauche de plan, on ne sait même pas à quoi s'attendre exactement! Et c'est à moi d'aller parler au dragon, évidemment! "

De dépit, Kharel se posa la main sur le front en secouant légèrement la tête.
¤ Et elle est déjà partie... ¤

Il resta immobile une seconde. Lorsqu'il retira sa main, ses yeux avaient changés; tout son esprit était dirigé vers son objectif.

- Il faut entrer dans cette maison, et passer sous le plancher. Allons-y.

L'elfe observa le chemin qu'il aurait à parcourir, repérant chaque zone propice à la dissimulation. Il remarqua N'Jini marquer une pause dans son élan.

¤ Certainement en train de préparer un quelconque sort. Au moins, elle n'a pas l'air d'être une débutante. ¤

Après un dernier hochement de tête à l'intention d'Argil, Il s'élança en direction de la maison désignée par N'jini.
Bien qu'il pût aller plus vite, il avait décidé d'adopter une attitude prudente, jugeant la discrétion plus importante que la rapidité pour accomplir leur tâche. Il ne s'accordait néanmoins que de brefs instants de répit dans les ombres, juste assez pour noter chaque changement dans son environnement. Son objectif guidait le fil de ses pensées, il passait avec aisance d'abri en abri, chaque mouvement était dans le prolongement du précédent. Sa dance continua jusqu'à ce qu'il fût rendu à un jet de pierre de la maison. Il s'arrêta alors, dissimulé derrière un gros rocher.

¤ Nous y voilà ¤

Narration

15 martel 1373

Tout le monde était d'accord sur le plan et tout le monde se sépara. Njini fit le tour essayant de ne pas se faire voir alors que Kharel se faufilait dans le trou dans la neige que ses nouveaux compagnons venaient de faire. De son côté Argil, alla se cacher attendant le moment propice que tout le monde soit en place.

Njini
Alors qu'elle s'approchait le plus près de l'entrée de ce qui était sans doute le bâtiment du chef, elle eut le malheur de marcher sur une partie de la neige qui était en fait complètement gelée. Sous son poids, son pied perfora la neige qui émit un craquement sinistre. Elle leva les yeux pensant qu'elle se ferait prendre mais dans un réflexe salutaire elle plongea dans le manteau blanc qui faisait une parfaite cachette de fortune. Au même moment, un homme, arme en main, sortit d'un des bâtiments et commençait à se rapprocher de Njini. Il n'était plus qu'à dix pas d'elle, quand un lièvre sortit de nulle part fila droit entre ses jambes. L'homme jura autant qu'un cocher, quand il essaya d'attraper l'animal sans y parvenir.

-Salopiaud de salopiaud. Viens ici que je te fasse cuir. Tu as mal choisi ton jour.

un autre homme se joignit au premier, courant avec en direction du lièvre qui les éloignait de la porte d'entrée. Njini osa lever la tête recouverte de neige et put remarquer qu'elle avait une opportunité de filer directement vers l'entrée laissée sans surveillance. Elle remarqua aussi que le lièvre avait un aspect étrange. Elle comprit ce qui clochait après avoir remarqué que le lièvre n'était qu'une illusion. Sans doute l’œuvre d'Argil. La question était combien de temps cela allait-il durer, d'autant que d'avantage de monde se dirigeait vers le lièvre.

Kharel

L'elfe se faufila dans l'étroit tunnel de neige et se glissa sous le plancher de ce qu'il fallait bien appeler une prison. Plusieurs odeurs lui prirent les narines, signalant immanquablement la présence de plusieurs personnes à l'intérieur. Il souleva une latte du plancher pour voir ce qui était à l'intérieur. La salle rectangulaire comportait essentiellement deux éléments très visible. Une cage où se trouvaient plusieurs personnes. Et enfin, un immense dragon juste à côté qui semblait endormi. Tout était calme et silencieux. Seul un ronflement de sommeil provenant de la cage se faisait entendre. Quelqu'un était en train de dormir profondément. Kharel remarqua aussi que sur l'un des murs, on voyait qu'une porte arrière avait été condamnée grossièrement et partiellement cachée assez adroitement. Restait à savoir ce qu'il allait faire maintenant. Car, au même moment, il put entendre un étrange remue-ménage à l'extérieur du bâtiment. Il ne savait pas ce qui se tramait, mais il y avait une certaine agitation. Il espérait juste que personne d'entre eux ne s'était fait prendre.

¤ Bien joué Argill ¤ pensa N'Jini se remettant à respirer plus librement. Avait-elle eu peur ? Oui bien sûr, mais non pour sa vie. La peur était plus à l'encontre de l'échec. N'est pas là qui paralyse la plupart des gens ? Cela faisait partie de la vie depuis qu'on est tout petit. On a tellement envie de faire plaisir à son père, on a tellement envie de voir la fierté dans les yeux de sa mère. Il est vrai que là N'Jini n'avait plus grand chose comme famille. Mais peut-être que si elle réussissait sa mission, elle pourra voir la fierté dans le regard de ses maîtres qui l'ont accueillie sans questions. Voilà exactement où résidait sa peur.

Elle espérait que ce nouveau là, Kharel avait atteint sans encombre l'endroit désigné par Argill. Elle eut un mince sourire pensant à ce qu'il allait rencontrer. Un dragon, n'avait-on jamais vu bête plus fabuleuse, effrayante et tellement magique. Elle se prit à rêver de voler, assise sur sa crête, fendant les airs. Mais pour l'heure elle n'était pas à ce stade. Kharel allait sans doute rencontrer pour la première fois de sa vie une de ces bête mythique, un souvenir qui allait rester à vie gravée dans sa tête.

N'Jini respira profondément, telle la méthode apprise afin de regagner le maximum de concentration. La porte était là, béante, facile à atteindre. Elle ne savait pas ce qui l'attendrait là-bas. La tente était-elle vide ? Elle n'aura plus jamais une occasion pareille. Elle était prête, c'était maintenant ou jamais. Regardant du côté des chasseurs de lapin rapidement, jaugeant, estimant, elle se décida. Doucement elle sortit de sa cachette, et se faufila jusqu'à l'entrée, le coeur battant.

¤ Dieux, faites qu'elle soit vide ... ¤ fut sa pensée alors qu'elle se glissa à l'intérieur.