Promenons-nous dans les bois, Chapitre 1

Il fallut beaucoup plus de temps que d'habitude à Cyprien pour parvenir à l'état de décontraction musculaire propice à la rêverie. La journée avait été riche en tensions de toute sorte. Il n'était pas coutumier des responsabilités. Il ne se souciait jusqu'alors que de sa propre vie, de ses propres envies.
Ce changement qu'il avait souhaité en intégrant la Confrérie lui valait un peu d'anxiété résiduelle au moment de se reposer.
Il devrait s'y faire, car servir l'organisation impliquerait souvent ce genre de circonstances...
Enfin il allait pouvoir redevenir Rebhe-Llon qu'il ne cessait jamais d'être dans son âme.
Mais, l'inquiétude était vraiment de mise car à peine décontracté, il se releva brusquement pour vérifier que sa broche était toujours au revers de son manteau de voyage.
Tout était en ordre, enfin il pouvoir se délasser.
Il ne fermait généralement pas les yeux. Il espérait que ça ne choquerait pas Nob, en cas de réveil impromptu. Il avait remarqué que Bur'dhyme sans doute par égard pour leur hôte, avait préféré dormir à la manière des autres races.

Allez, il fallait que les souvenirs reviennent maintenant s'il voulait encore avoir la moindre idée de ce qu'il avait fait de ses cent premières années dans 150 ans.

Pourvu que ses rêves soient doux, il l'avait mérité lui semblait-il.

21e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Nord Sauvage, Haute-Forêt.
Temps : orageux, pluie et vent.
Moment : Peu de temps avant l'aube

MJ
Narration: Tous

L’aube n’allait pas tarder à se lever sur la Haute-Forêt et l’ensorceleuse s’étira longuement avant de se diriger vers l’entrée de la grotte. Tout s’était bien passé, et même le temps si instable tout au long de la nuit avait fini par se calmer. Il ne pleuvait plus, il ne ventait plus. La forêt allait se réveiller petit à petit et sortir de sa torpeur nocturne. Il était donc temps pour Bur’dhyme d’aller réveiller ses compagnons et de se préparer à prendre la route pour Fort Noenar. D’après ses estimations, ils parviendraient le lendemain aux abords de la route qui les mèneraient à destination, puis ce serait deux à trois jours de voyage avant d’arrivée à bon port. En attendant, il leur faudrait voyager à travers la forêt.

L’elfe verte jeta un coup d’œil à la dérobée à ses compagnons et resta un moment à fixer le hin. Après tout, si ce dernier désirait les accompagner pourquoi pas ? Leur appartenance à la confrérie n’était pas secrète, il serait bien assez temps pour eux de voir ce qu’ils devaient faire au moment de leur rencontre avec ce fameux contact. Et pour tout dire, le Hin pourrait être d'une compagnie interessante.^

Le tour de garde de Bur'dhyme avait finalement pris fin. La nuit avait été très calme, si l'on exclut la pluie de ce constat. L'Elfe Sauvage avait même réussi à méditer comme elle le faisait avant, parmi les siens. Cette pratique était devenue plus difficile depuis son exil. Maintenant, elle devait aller réveiller les deux autres.

Elle commença par Cyprien. Elle posa doucement sa main sur ses cheveux, et lui fit signe de garder le silence en lui montrant Nob, d'un air malicieux. Elle s'approcha ensuite du Halfelin, une gamelle en fer dans chaque main. Arrivée tout près de ses oreilles, elle frappa violemment les deux écuelles pour faire le plus de bruit possible, et s'en fut vers l'entrée de la grotte en riant.

Elle regarda le ciel s'éclaircir sans réellement pouvoir s'expliquer une telle bonne humeur. Peut-être que les interrogations qu'elle s'était posées lors de son tour de garde avaient commencé à porter leurs fruits. Toujours est-il qu'elle avait de l'énergie à revendre, et voulait maintenant rallier le lieu de rendez-vous avec leur contact le plus vite possible.

En se retournant, elle s'adressa aux deux autres aventuriers sur un ton joyeux :

-Debout !! On a de la route à faire, et le temps commence à être meilleur ! Nob, tu n'as pas fait de tour de garde, alors tu porteras toutes nos affaires pendant le trajet d'aujourd'hui !!

La blague venait en réalité de Cyprien, il l'avait évoquée à la fin de leur discussion pendant la nuit, alors qu'il allait se coucher. L'ensorceleuse l'avait reprise pour elle, se surprenant elle-même, car elle aurait détesté qu'on lui fasse la même chose. Mais au-delà de la plaisanterie, cette phrase signifiait au prêtre qu'il était accepté au sein du groupe, du moins par Bur'dhyme. Cette dernière regarda ses deux compagnons se lever doucement un grand sourire aux lèvres, elle était persuadée que la journée serait bonne.

Elles étaient toutes plus belles les unes que les autres ces petites halfelins, une brunette charmante lui versait une coupe d’un véritable nectare alors qu’une seconde s’occupait de masser ses pieds et que trois adorables blondinettes entonnaient rien que pour lui un chant des plus doux. Les trois chanteuses s’accompagnaient d’instruments au son délicat quand soudain... CRAC, CLANG, DZOING. Plus rien de doux, et de tendre, les halfelins se transformèrent en mégères frappants des instruments barbares et bruyants. Un rêve, ce n’etait qu’un rêve, Nob se réveilla en sursaut poursuivit dans le monde réel par les échos de ce tintamarre et finit par comprendre, en voyant la jeune elfes s’éloigner en riant.

-Grrr, j’ai connu des réveilles plus agréables, me faire ça à moi, alors que j’étais avec cinq charmantes demoiselles . Heureux de voir que cela vous met en joie Dame Bur’dhyme, j’ose espérer que cela ne sera pas une habitude. Aaah ces elfes, trois fois plus vieux que vous mais une âme d’enfant, s’avisant de l’aube approchant " mais par dieu, vous ne m’avez pas laissé de tour de garde, je me demande si je dois me sentir vexé ou choyé. Bah, acceptez mes remerciements, le sommeil n’est jamais à dédaigner."

Rapidement, le Hin s’habilla et revêtu sa chemise de mailles, prenant la précaution de s’armer , son bâton en main, il se dirigea vers l’entrée de la grotte.

-Je vais prier un peu avant de me restaurer pour la route, je n’en ai pas pour longtemps et je vous accompagnerais pour un petit bout de route. Je ne suis pas sur de savoir exactement ou vous allez et cela ne me concerne pas, quoiqu’il en soit, mon aide vous est acquise dans la mesure de mes moyens . Je vous avouerais franchement ne pas avoir grand chose à faire en se moment et n’avoir nul obligation, mais comprenant bien que mon arrivée fut inopportune, nos chemins pourront se séparer dés que vous le jugerez nécessaire.

Sorts de niveau 0 :

Lumière
Purification de nourriture et d’eau
Assistance divine

Sorts de niveau 1 :

Brume de dissimulation
Faveur divine
Frayeur

Cyprien s'était plongé dans la rêverie la tête farcie de ce qui lui semblait être le comportement responsable et avisé qu'il lui faudrait avoir dès son lever :
Ausculter le ciel, vérifier le séchage des paquetages ... Il n'aimait pas non plus le climat indigne de la saison. Dans le passé, à de nombreuses reprises, une météo déplorable avait été annonciatrice d'une suractivité des forces maléfiques ... Quand elle n'était pas carrément créée par une entité démoniaque pour cacher ses noirs desseins.

Toutefois, il fut tiré de ses songes par une Bur'dhyme d'humeur enjouée voire espiègle.
Et pfuiiiitt ... Toutes les austères résolutions du Sae-Tel'Quessir s'enfuirent tandis qu'il constatait l'état d'esprit de la Grugach.
Il préféra rester en retrait pour voir quel bon tour elle allait jouer au pauvre Halfelin.
La bonne humeur était une bénédiction pour les elfes qui vivaient si longtemps. Quel calvaire serait une existence sous le sceau de la morosité !

Il frotta ses oreilles endolories, Burd'hyme y était allé de si bon cœur avec ses timbales, qu'il se considérait presque comme une victime collatérale.

Il alla rapidement constater le temps. L'air restait saturé d'humidité et le sol était aussi spongieux que s'il était recouvert de mou de veau. Pendant un instant, il augura de ce qu'aurait fait comme facétie une Bur'Dhyme par grand soleil ... Mais il préféra se retourner sur le Hin :

-Bonjour Nob. Je n'y connais pas grand-chose en magie profane ou divine, mais il me semble que vous tirez le meilleur profit de plages de repos ininterrompues, non ? Comme Burd'hyme et moi-même n'avons besoin que de quelques heures pour être frais comme des pinsons, nous n'avons pas fait grand sacrifice en vous laissant dormir, vous ne devez donc rien soyez-en assuré ...
"Quant au reste," ajouta t-il en souriant "nous connaissons mal la région et nous ne pouvions pas nous douter que le hasard mettrait sur notre route quelqu'un ne la connaissant pas mieux.
Pourquoi ne pas mettre notre ignorance en commun pour un temps, si ça vous convient ?
Enfin je vous laisse prier, prévenez quand vous serez prêt à partir."

Saisissant son sac et son arc, il alla dehors près d'un grand hêtre. Les intempéries avaient été si intenses qu'il s'était accumulé en son pied tout un fatras de feuilles hachées par la pluie, de brindilles et de branchettes qui formait avec les racines de l'arbre un petit barrage où l'eau stagnait.
De la pointe du pied il libéra l'eau afin qu'elle ne corrompe pas les racines.
A main gauche, un merle le regardait en tordant bizarrement le cou ...
Il aurait aimé partager les bons pressentiments de Bur'Dhyme ...

Laissant aux autres le temps de faire leurs activités matinales, Bur'dhyme choisit de monter au sommet d'un grand arbre pour admirer le panorama. Les branches étaient très glissantes, mais l'elfe avait passé presque toute sa vie dans les arbres, cela ne lui posa donc pas de problème. Arrivée en haut, elle ne put observer bien loin. Le ciel était encore assez chargé de nuages. Tout ce qu'elle voyait, c'était la forêt tout autour, remplie d'arbres aussi grands que celui sur lequel elle se trouvait.

Un regard vers le sol, pendant sa redescente. Nob priait tranquillement et Cyprien examinait différentes choses de la nature. Son air plutôt inquiet poussa l'ensorceleuse à venir lui demander ce qui le tracassait. Il semblait bien mieux se débrouiller qu'elle pour déceler toutes sortes d'indices dans leur environnement. Elle sauta de la dernière branche et se réceptionna parfaitement, quoique les pieds un peu enfoncés dans la boue, et partit ranger ses affaires et manger un petit déjeuner frugal.

Lorsqu'elle fut prête à partir, elle posa son sac de voyage à l'entrée de leur repaire et se dirigea vers l'elfe des bois, qui fixait intensément un petit oiseau noir :

-Cyprien, je suis contente que tu aies permis à Nob de nous accompagner, c'est vrai que ce sera toujours mieux à trois, à la fois pour nous repérer, mais aussi pour se défendre.

Après une petite pause, elle continua :

-Dis, tu as l'air assez préoccupé par ce que tu vois, ça fait un petit moment que je te regarde. Tu ne voudrais pas m'en parler ? On pourrait partir continuer la mission très bientôt, mais il faut qu'aucun danger ne guette. Tu as remarqué quelquechose d'anormal ?

Tandis qu'elle attendait sa réponse, Bur'dhyme voulait s'assurer que le Halfelin priait toujours, c'était le cas. Peut-être que le roublard voudrait encore une fois parler en douce.

Cyprien, fut surpris par Burd'hyme tant il était absorbé par sa contemplation ou plutôt le cours de ses pensées. Regardant la rayonnante elfe verte avec une admiration non feinte, il se retint de lui saisir la main pour communier avec elle, de peur de l'outrager à nouveau :

- Tout d'abord, Bur'dhyme, laisse moi te dire à quel point je suis heureux d'avoir avec un moi un gai pinson qui dès le matin fait des cabrioles dans les arbres … J'ai beaucoup de chance, je craignais qu'une Sy-Tel'Quessir ne soit taciturne … Mais adressons nos pensées conjointes à Aerdrië Faenya afin qu'elle nous assure une suite de voyage plus paisible, veux-tu ?

Après s'être recueilli un moment en dévotions empreintes de respect et ayant sollicité la bienveillance de la déesse, Cyprien, sans transition, comme souvent chez cet impulsif, se retourna vivement vers sa consoeur et avec un franc sourire l'invita :

- Allez ! Concours de cueillette de noix, on se retrouve ici dans une petite quinzaine de minutes, on verra qui en ramasse le plus !

Il n'avait pas fini sa phrase qu'il déposait déjà son arc au pied d'un arbre et se hissait sur sa plus basse branche. Il ajouta assez fort pour le petit-homme qui avait peut-être fini de prier et qui semblait goûter ses plaisanteries "Avec un temps comme çà, c'est pas les noyers qui manquent !"

Le Sae-Tel'quessir n'avait pas jugé bon d'accabler Bur'dhyme de ses sombres pensées d'autant qu'elles n'étaient fondées sur aucun élément tangible. Ils rejoindraient la route entre les forts, or, Les humains voyageaient beaucoup à cette période de l'année afin de terminer leurs affaires avant l'hiver. Si le temps s'améliorait, il jetterait sur les routes une masse prodigieuse de voyageurs retenus par la météo d'hier et d'aujourd'hui; si le temps persistait à être dégradé, seuls des êtres farouches et téméraires continueraient leurs trajets.

De ces personnes déterminées, les humains en fournissaient autant de mauvaises et corrompues que de bonnes. Plus peut-être. car la voie de la sagesse et de la clémence n'a souvent que de bien pâles attraits pour qui vit si brièvement tandis que la violence et la convoitise racolent les âmes fragiles dans leurs tenues provocantes aux couleurs criardes. Il avait pu en juger à Mulmastre.

Un genou à terre Nob priait, bénissant le sol qui l’avait vu naître et qui accueillerait ses cendres le temps venu. Il aimait cette instant de communion et de calme, moment ou il se sentait envahis par les pouvoirs de son Dieu.
Calmement , il se releva à l’aide de son bâton et mangea à l’entrée de la caverne en regardant ses compagnons de la nuit. Le ciel etait toujours aussi menaçant et ce n’etait visiblement pas aujourd’hui que le voyage se ferait au sec.

¤ Etrange compagnons que voilà, Elfes sur le qui vive, le poile hérissé rien qu’a l’idée de voyager avec moi, cette mission dont à parlée bur’d peut être ? ? importante au point de ne pas vouloir s’encombrer d’un étranger ? bah, ce n’est pas grave, il sera toujours possible de les quitter le moment venu et si nécessaire .¤

Le Hin se surpris de nouveau à parler directement à Urogalan.

-Mon dieu, vous ne me croirez jamais , mais il ni a rien de meilleur qu’une bonne nuit de sommeil, profitons en, je gage que je ne couperais pas au prochain tour de garde. Finissant de préparer ses affaires et élevant la voix "Ola , les elfes, vous êtes vous bien restaurés ? la course du soleil ne vous attendra pas et peut être faut il penser à reprendre la route...vous m’indiquerez en chemin ce que vous jugerez bon que je sache car j’avoue n’avoir aucune idée de votre destination, tout ce que j’espère, c’est que vos pas vous diriges vers quelques villages."

Il avait en effet grande hâte à retrouver un peu d’animation, certes, la vie des Hins les tenaient éloignées des autres races et des grandes cités humaines mais voilà bien trop longtemps qu’il était loin des siens et n’importe quelle communauté conviendrait pour l’heure.

Cyprien avait totalement changé d'expression en voyant Bur'dhyme, il le lui avait d'ailleurs fait remarquer qu'elle l'avait mis de bonne humeur aussi. Mais il avait réellement eu l'air préoccupé pendant un instant, et il le cachait sûrement pour éviter de gâcher cette journée bien commencée. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps après tout. L'elfe Sauvage décida donc de ne rien voir, et de ne rien lui demander. Elle le laissa prier une déesse qui n'était celle qu'elle vénèrait, mais commença elle aussi son propre rituel.

Le Roublard était maintenant parti dans les arbres, lui aussi, à chercher des noix. Il avait habitué l'Ensorceleuse à plus de sens du devoir, bien que l'un n'empêche pas l'autre. Hier encore, il était le plus pressé de sortir de cette forêt et de rallier leur point de rencontre avec le contact. Enfin, Bur'dhyme était joyeuse elle aussi, pourquoi ne pas jouer un peu avant de partir ?

C'est finalement Nob qui la ramena à la raison. Lui, qui semblait rayonner d'une bonne humeur insouciante la veille, avait apparemment changé. Maintenant qu'il était accepté parmi eux, il voulait partir. Il rejoignait ainsi ce qu'avait dit la jeune Elfe un peu plus tôt. Sa première mission ne lui permettait peut-être pas de jouer aux noix. Elle acquiesca donc :

-Oui, tu as raison, le Prêtre. Nous nous amuserons quand les circonstances s'y prêteront mieux. Ne t'inquiète pas, je pense que tu auras droit à quelques explications à propos de notre présence ici, mais en chemin. Je veux m'assurer que tu resteras au moins un peu avec nous.

Elle plissa les yeux et sourit de toutes ses dents pour ponctuer sa petite blague, et se tourna, plutôt leva la tête vers l'Elfe des Bois :

-Cyprien, prends les noix que tu as déjà trouvées et rejoins-nous. Nous pensons tous les deux qu'il faut partir au plus vite.

Elle marcha ensuite vers Nob, et lui passa devant, comme pour prendre le départ. Et comme une petite fille, elle lui dit :

-Tu voudrais passer un peu de temps dans des villages alors... Si tu veux nous suivre, il faudra que tu dormes dans les arbres !! Sans oublier ton tour de garde de retard !!

Elle lui lança une noix, comme pour lui donner du courage...

21e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Nord Sauvage, Haute-Forêt.
Temps : Nuageux et de belles éclaircies.
Moment : Journée

MJ
Narration: Quelques jours plus tôt, à Thüldae

La lumière du feu scintillait sur les jeunes chênes qui entouraient la clairière et virevoltait sur le beau visage du maître de la confrérie. Un peu plus loin, les habitants de Thüldae chantaient et dansaient, c’était un jour de fête pour les habitants qui avaient retrouvés auprès du grand saule la sérénité et la joie. Le maître de la confrérie en était heureux, ils étaient peu nombreux à avoir survécut au drame et de voir revivre la cité sylvestre était un défi que les gardiens sylvestres s’apprêtaient à relever de haute lutte.
Isòrion avait préféré s’isoler depuis son retour du cercle druidique de Meibion Cywir quelques heures plus tôt. Il n’avait pas le cœur à la fête. Solitaire, l’elfe des bois repensait aux derniers événements qu’il l’avait amené à rencontrer Hélécon, le haut-Druide qui dirigeait la petite communauté. Des images se succédèrent dans sa tête, tout d’abord le corps martyrisé du jeune Sy’Tel’Quessir, retrouvé par hasard et mené rapidement à Mebion pour que les druides puissent le sauver. Hélas, ils n’avaient rien pu faire et l’enfant avait expiré dans la douleur. Puis était venu le temps des décisions car ce corps torturé n’était pas le premier qu’on retrouvait, en à peine un mois cela faisait le cinquième et cela sans compter les inquiétantes disparitions qui touchaient les clans d’elfes sauvages les plus isolés. Une quinzaine de famille avait belles et bien disparues sans laisser d’indices derrières elles. Jusqu’ici la confrérie avait menée que de rapides investigations en dépêchant des rôdeurs de solonor de ci et de là mais la Haute-Forêt était vaste et les gardiens sylvestres ne disposaient pas d’effectifs extensibles. Et puis il y avait eu la découverte de cet enfant, encore vivant qui délirait en répétant inlassablement les mots proies et bêtes. Une colère sourde avait envahit le rôdeur en voyant le petit corps se tordre de douleur, à force de patience, les druides avaient réussit à savoir d’où il venait, c’était peu de temps avant qu’il ne meure dans les bras de cette femme. En revoyant son visage en pensée, l’elfe des bois prit plusieurs inspirations pour se calmer et purger son esprit, il s’était sentit honteux d’avoir faillit laisser ses émotions prendre le dessus sur lui au moment de cette rencontre. Cette jeune femme n’avait pas montré le moindre signe d’hostilité à l’inverse d’Isòrion qui avait posé instinctivement la main sur la garde de son épée. Hélécon était intervenu et ses paroles lui revinrent en mémoire.

- Ne te fie pas aux apparences Isòrion, elles sont parfois trompeuses.

Des paroles sages venant d’un homme que l’elfe respectait et écoutait. Elle s’était approchée du rôdeur et s’était saisit délicatement du corps de l’enfant qu’il portait depuis des lieux pour le mener à l’abri et lui dispenser les premiers soins. Elle était restée une nuit et une journée à son chevet, silencieuse. Le maître de la confrérie ne l’avait pas quitté des yeux et était resté près d’elle auprès du jeune blessé.
Quand l’enfant avait rejoint Arvandor, l’émotion les avait submergés et ils s’étaient mis à pleurer sans retenues. L’elfe des bois avait posé une main apaisante sur l’épaule de la jeune femme avant de se détourner pour rejoindre le Haute-Druide. Il fallait retrouver les coupables et les châtier comme il se devait et que cela ne se reproduise pas. La première chose à faire était de rejoindre le clan d’où était originaire l’enfant et de commencer l’enquête à partir de là. Hélécon n’eut pas besoin de choisir un émissaire, elle s’était portée volontaire d’elle-même. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Isòrion n’en fut pas surprit. Les rites funéraires elfiques furent célébrés en mémoire de l’enfant et Isòrion quitta le cercle druidique de Meibion Cywir pour rejoindre Thüldae. Il la rencontra une dernière fois car elle allait agir au nom du cercle mais aussi de la confrérie. Il lui prit une main et déposa dans sa paume la broche du loup argenté et avant de refermer délicatement ses doigts sur elle. Un instant de flottement avait suivit puis Isòrion avait quitté le cercle sans un regard derrière lui.

Toujours assis à contempler les flammes, il songea à cette jeune femme et à la mission qui lui incombait…..

Narration : Tous

Jet de Survie de Cyprien DD12 : 13(Dé)+0=13 Réussite.
Jet de Survie de Burd’hyme DD12 : 15(Dé)+1=16 Réussite.

Après un petit déjeuner composé de fruits sec trouvés par Cyprien, le temps était venu pour eux de reprendre la route accompagné par le hin qui semblait très à l’aise avec ses nouveaux compagnons. Cyprien ouvrait la marche et ils avaient prit la direction du Nord-Ouest sur les conseils du l’elfe sauvage qui souhaitait conserver la même direction depuis leur départ de la communauté de Grand-Père Arbre. Le roublard restait sur ses gardes, il guidait ses compagnons avec sérieux conversant parfois avec l’elfe sauvage en employant la langue elfique après qu’il réalisa que Nob ne comprennait pas leur langage.

Il était difficile de se frayer un chemin sans bruit avec les hautes fougères et les feuilles mortes mais ils progressaient tant bien que mal dans une forêt qu’ils ne connaissaient pas. D’après les estimations de Cyprien, il leur faudrait une nouvelle nuit dans la forêt et une partie du lendemain avant de rejoindre la route qui menait à Fort Noenar.

Narration: Nob

Jet de Survie de Nob DD12 : 16(Dé)+5=21= Belle Réussite.

Après plusieurs heures de route à travers l’épaisse végétation de la Haute-Forêt et alors que la journée avançait, l’halfelin sentit l’inquiétude le gagner pour une raison qui ne s’expliquait pas.

Dans cette région de forêt, les arbres poussaient sur des grandes collines grêlées de grottes et de ravins. Il fit signe à l’ensorceleuse de s’arrêter qui à son tour stoppa l’elfe des bois. Les deux elfes se détournèrent en fixant le Hin qui les fixa avec intensité .

- La mort, je sens la mort mes amis….

Sur ces mots, il partit sur le côté, se frayant un passage sur quelques centaines de mètres à travers les fourrés, les deux elfes sur les talons quand tous les trois tombèrent sur une scène de désolation qui les fit frémirent d’horreur. Dans une clairière littéralement carbonisée occupait toute la surface. Un campement provisoire sans nul doute, il avait été entièrement détruit.

Quelques corps calcinés gisaient parmi les décombres d'habitations sommaires encore fumants, les pluies de la veille avaient certainement aidé à éteindre l’incendie qui avait ravagé cet endroit et l’halfelin tout comme les elfes déglutirent avec peine. Soudain leurs regards se portèrent instinctivement sur une silhouette encapuchonnée agenouillée auprès d’un des corps brûlé et qui semblait examiner avec attention un objet.

Quand l’inconnu leur tourna la tête, sa capuche tomba sur ses épaules dévoilant un visage couleur ébène aux traits finement ciselé. Ses longs cheveux tressés d’un blanc soyeux encadraient son visage, qui contrastait avec sa peau noire, elle dévisagea les nouveaux venus. Burd’hyme hoqueta de surprise sans qu’elle s’en aperçoive laissa échapper un mot dans sa langue natale.