Quel est votre nom, voyageur ?
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> Introduction: Chemins d'Exil - Rhamyr, [Rhamyr]
  écrit le : Jeudi 14 Juin 2018 à 10h31 par Schninkel
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Rhamyr
Un Gnome dissident, dépossédé de ses titres et de son influence, fut contraint à l’exil, loin de l’île tropicale qui l’avait vu naitre. Ne comptant que sur son esprit et son élocution, il avait vu ses pas le porter jusqu’aux confins du monde.

En quête d’opportunités et d’une nouvelle vie, il avait rejoint la province la plus méridionale de cette sauvage contrée nordique. Ravensburg, le faubourg des corneilles du Carmathan, était l’une des principales colonies du grand royaume de Damara. Situé à l’embouchure de la rivière Pelauvir, occupant la rive qui est maintenant le quartier de la vieille ville, Ravensburg était connu pour dresser les meilleurs chevaux des terres froides, et bien que plusieurs mines se soient révélées prometteuses, l’agriculture restait la principale activité de la région. Rhamyr avait eu un peu d’économie quand il était arrivé dans le duché. Initialement venu pour trouver un alchimiste bien installé qui aurait pu le prendre comme apprentie mais preuve est qu’il était encore jeune et naïf, le Gnome n’avait survécu que grâce à la revente d’objets de récupération à des négociants pas trop regardants ou des voleurs à la petite semaine. La situation l’avait un peu pris de court à son arrivée, depuis le mariage du régent le prix des articles et des licences avaient grimpé en flèche, et nombreux ne pouvait plus s’aligner. Tout ça sur la demande d’une petite pimbêche pour refaire sa garde-robe, disait-on entre les Tuiles et ici. Les activités discrètes furent en réalité écourtées par une autre problématique bien plus dissuasive que la hausse des taxes. A Ravensburg, si un membre de l’Ordre du Lys d’Acier vous chopait, c’était une main en mois et toute une vie de regret derrière. La peine pour les voleurs ; pas pratique pour continuer dans le métier. Mais il savait qu’il n’était pas le plus à plaindre, une terrible épidémie décimait les quartiers pauvres depuis maintenant une année entière. Allant du District médiane jusqu’aux quartiers des Tuiles, une zone de quarantaine avait été instauré pour éviter les risques.

L’automne touchait à sa fin, et le frimas de l’hiver avançait progressivement son emprise : il tombait une pluie dense et froide depuis plusieurs jours sur Ravensburg. Le District médiane était un quartier populaire comme la cité en comporte beaucoup. Des bâtiments s’entassaient sur trois ou quatre étages, toits de guingois se dressant sur des charpentes de bois. Au-dessus des ruelles crasseuses, les paliers se divisaient en multiple appartements surpeuplés et mal isolés, d’où filtraient depuis la rue cris d’enfants et odeur de choux. C’est au dernier étage d’un vieil immeuble branlant de la venelle, sous la soupente, que vivait notre Gnome, dormait autour d’un brasero pour oublier l’humidité, le froid et les infiltrations d’eau.

Troublant la mélodie dissonante des gouttes de pluie dans les gamelles, les ronflements de Kaya provenait du grenier où il s’était niché. Malgré son attirance certaine pour la délinquance, le regard toujours à la recherche du coup bas le plus profitable, l’Halfelin avait au fil des jours prouvé qu’il était digne de confiance. On ne le voyait que rarement, la plupart du temps lors de repas où il parlait peu de lui-même et de ses journées. De reste, il se montrait toujours cordial et disposé à discuter la plupart des sujets. Son enthousiasme et ses talents dans le domaine de la magie restaient fort utiles en ses temps difficiles.

Face à la porte, blottie dans son lit, Minkli, la principale locataire du lieux (qui avait initialement invitée les deux vagabonds pour une soirée et désormais une quinzaine de nuits) C'était une dame Gnome des forêts d’un âge très avancé, qui avait dû renoncer à ses voyages à cause de la progression de sa cécité. Elle avait autrefois fait carrière dans de fameuses cuisines et s’avérait un puits de science dans les domaines de l’herboristerie. Elle cuisinait toujours d’admirables tourtes aux baies sauvages qu’elle vendait au marché afin d’arrondir les fins de mois. Elle aimait répéter qu’ils gagnaient bien assez d’argent étant donné qu’ils mangeaient à leur faim, que le toit ne fuyait que lorsqu’il pleuvait trop fort et qu’une seule tenue vestimentaire suffisait amplement aux humbles individus qu’ils étaient.

Transis de froids sous leurs couvertures rapiécées, ils se firent brutalement réveiller par des coups sourds à la porte d’entrée. C’était le jour de la visite mensuelle de l’encaisseur de loyers, et les locataires devaient maintenant trois mois de paiements. La vieille alchimiste se leva sans entrain, sans même prendre le temps de se peigner, elle enfila son vieux tablier de cuir et taché de graisse. Son regard encore rempli de sommeil croisa celui de Rhamyr tandis qu’elle se dirigeait vers la porte.


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écrit le : Dimanche 17 Juin 2018 à 11h55 par Rhamyr
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Rhamyr n'avait aucune idée du cycle horaire. La notion du temps lui était devenue étrangère depuis quelques temps. Les jours se succédaient et se ressemblaient étrangement. La pluie, le froid, l'humidité rendaient le quotidien du Gnome très éprouvant, et sa vie s'apparentait désormais à de la survie.

Le voici grelottant, tentant de se réchauffer tant bien que mal près d'un brasero dont les flammes vacillaient dangereusement et manquaient de s'éteindre à chaque instant.
Les yeux mi-clos, il n'arrivait jamais à trouver complètement le sommeil. Le jeune roublard ne cessait de penser à cet exil qu'il avait subi. Intérieurement, il maudissait son père qui l'avait contraint de quitter les îles tropicales du Lantan. Il se condamnait également d'avoir eu la stupidité de faire route vers Ravensburg, ville qui faisait manifestement office de poupée vaudou pour les dieux. Non seulement le temps était déplorable, mais un fléau sévissait au sein de la cité.

Il s'était rendu jusque dans ces contrées lointaines dans l'unique but de rencontrer un célèbre alchimiste. Ce dernier, après l'avoir aimablement invité à le rejoindre, lui fit part dès son arrivée qu'il formait déjà un apprenti. Fou de rage, Rhamyr se jura de lui faire payer cet affront. Après tout ce qu'il avait enduré, il s'était donc retrouvé livré à lui-même dans une ville inconnue à cause de cet homme.

Malgré cette mésaventure des plus contrariantes, Rhamyr ne se plaignait pas. S’apitoyer sur son sort n'était pas dans sa nature. D'ailleurs, il méprisait ceux qui se lamentaient constamment. C'était de la faiblesse, et dans ce monde ingrat, la faiblesse ne servait à rien. Il fallait avancer la tête haute.

Peut-être qu'il était promis à un faste destin. Peut-être que Gond testait ses limites. Cette idée lui traversait souvent l'esprit et lui donnait du baume au cœur dans les moments les plus difficiles. Rhamyr ne pratiquait pas sa religion, mais croyait dur comme faire au dogme de Nebelun. "Seuls les actes comptent et non les paroles. Le résultat final importe, pas le reste. "

C'est au marché qu'il fit la rencontre de Minkli, une vieille Gnome des forêts qui ne voyait plus grand chose. Elle vendait de succulentes tourtes pour gagner un peu d'argent. Ils sympathisèrent rapidement, et elle l'invita dans son modeste foyer. Au delà de ses qualités de cuisinières évidentes, Rhamyr appréciait chez elle la positivité dont elle faisait toujours preuve. Grâce à Minkli, il était plus facile de relativiser sur sa condition et de prendre un peu de recul. Elle détenait un savoir précieux sur l'herboristerie, ce qui rajoutait un point commun avec le Gnome des roches. Sans doute pourrait-il s'abreuver de ses lumières pour parfaire ses connaissances en la matière.

Rhamyr n'était pas le seul locataire a avoir été convié dans ce pittoresque logement. Kaya, un autre être de petite taille séjournait également en ces lieux. Discret et rarement présent, il représentait toutefois le compagnon idéal pour Rhamyr, qui n'aimait guère plus s'épancher sur sa sa vie que cet halfelin ne le faisait. Il avait fait montre de quelques talents en matière de magie. Mis à part quelques sorts d'illusion qu'il avait appris étant plus jeune, Rhamyr ignorait tout de la magie. C'était un domaine peu prisé dans sa région d'origine, Gond préférant l'artisanat et la création. Les compétences de Kaya pourraient s'avérer utile en cas de déconvenue. Enfin, s'il gardait ses mains... A Ravensburg, la milice réprimaient sévèrement les malandrins en les privant de leurs patoches s'ils avaient le malheur de se faire attraper. Même Rhamyr qui disposait de solides compétences en terme de furtivité n'osait se risquer à de telles activités ici.

Allongé sur sa paillasse et perdu dans ses pensées somnolentes, le cœur du Gnome tressaillit lorsque de grands coups martelèrent la porte. Rhamyr se souvenait qu'en ce jour devait venir le percepteur de loyer. Cela faisait une quinzaine que le roublard croupissait dans cet appartement sordide mais Minkli en devait bien plus. L'aînée partit péniblement ouvrir, non sans jeter un oeil vers Rhamyr. Était-ce de l'inquiétude qu'il percevait dans son regard?
Le Gnome des roches décida lui aussi de se mettre sur pieds et d'accompagner son hôte. Prudence est mère de sûreté, disait-on. Rhamyr se positionna sur le côté de l'entrée, la main postée sur la garde de sa rapière, qu'il ne quittait jamais. Il exécuta un petit signe de tête vers Minkli, certainement pour la rassurer, mais aussi pour lui indiquer qu'il se parait à toute éventualité.


 
 
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écrit le : Dimanche 17 Juin 2018 à 22h38 par Schninkel
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Rhamyr
Le Gnome se fit discret, silencieusement caché dans le recoin de la pièce, une main posée sur le contrepoids de son arme. L’homme derrière la porte était connu pour sa rigueur et son intransigeance, ce qui le rendait fort impopulaire. Il refusait, entre autres, de baisser les loyers et alla même jusqu’à expulser certains d’entre eux qui n’avaient pas pu faire face à leurs obligations. La gnome aux yeux cernés répondit que tout allait bien, qu’il n’y avait aucun problème. On frappa de nouveau violemment à la porte, ce qui fit légèrement sursauter Minkli. Elle se dressa, en alerte, passa devant son établi et alla ouvrir le battant de la porte.

- Ouvrez la porte ! Ouvrez la porte !

L’homme qui tambourinait était échevelé. Le percepteur de loyers scrutait tour à tour chaque occupant de son appartement, son visage était assombri, devenu presque violacé. Ses pupilles se rétrécirent jusqu’à ne plus être que des têtes d’épingles. Dans son dos, deux gaillards larges d’épaules qui dépassaient largement de l’encadrement de la porte.

- Par la loi des finances et de l’autorité du préfet, vous êtes tenue de vous acquitter de vos dettes ! cria-t-il. Instinctivement, Minkli eut un mouvement de recul. La commune ne peut souffrir de ces retards qui nuisent à l’intérêt général ! Des plaintes quelque peu fondées se sont élevées à cet égard !

Au seuil de la porte, la Gnome baissa le visage : « Je vous en prie, monsieur Adrognese, certains clients me doivent encore quelques salaires...»

- Toujours le même refrain ! reprit-il nerveusement. La commune souffre de ces retards qui peuvent nuire aux intérêts auxquels elles veulent pourvoir, et des plaintes quelque peu fondées se sont élevées à cet égard. J’exige un paiement immédiat ! Ou je ferais appel à la garde !

La vieille Minkli hocha de la tête d’un air sincèrement gêné.

- Je vous prie d’avoir la gentillesse d’attendre que mes finances me permettent de payer le loyer, voire les retards accumulés.

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écrit le : Lundi 18 Juin 2018 à 17h39 par Rhamyr
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Le visage de Rhamyr se renfrognait alors que le fracas des coups retentissait de plus belle. Il ne put s'empêcher de grommeler dans sa barbe, tous sourcils froncés. Décidément, ce percepteur en faisait des tonnes. Minkli était tout sauf dangereuse. Inutile de brailler de la sorte, elle ne serait pas la plus récalcitrante des locataires.

La vieille malvoyante ouvrit finalement cette porte pour se retrouver face à ce fameux Adrognese et sa garde rapprochée. L'énergumène hurlait sur la pauvre gnome, qui semblait impuissante face à cette boule de nerfs. Rhamyr éprouva un léger pincement au cœur en la voyant ainsi désarmée. Elle qui l'avait accueillie à bras ouverts sans contrepartie. Il ne pouvait décemment pas la laisser dans une telle situation, livrée à elle-même. Sa conscience l'interdisait de profiter d'une telle bonté désintéressée. C'était à son tour de lui tendre la main. Alors qu'elle tentait de se justifier sur le retard qu'elle accumulait, Rhamyr se présenta à ses côtés, prenant tout de même le soin de relâcher l'emprise qu'il avait sur son arme. Il en profita pour observer rapidement le collecteur de fonds ; un homme détestable à souhait.

Rhamyr, malgré la colère qui bouillonnait en lui, affichait un visage faussement déconcerté. Son regard luisait tout à coup d'un éclat énigmatique. Le gnome paraissait en proie aux doutes. Tout en fixant Monsieur Argonese, il se gratta nerveusement la barbe, surpris


- Alors là, je suis ahuri, et c'est peu dire... Déclara-t-il d'un ton embarrassé. Il se mit à souffler profondément. Je n'y crois pas, se faire berner de la sorte...

Le roublard articulait lentement, comme s'il n'en revenait pas de se retrouver dans une telle situation.

- Le problème ne vient pas de cette pauvre vendeuse de tarte, mon bon Monsieur. J'ai l'impression que quelqu'un se joue de vous, et cette personne n'est pas celle que vous croyez.

Rhamyr laissait volontiers le questionnement s'ancrer dans l'esprit de son interlocuteur.

- Je suis un ami proche de cette brave dame. Nebelun m'en soit témoin, elle est d'une honnêteté sans faille. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de l'aider et de régler sa dette, lorsque j'ai vu dans quelle difficulté elle se trouvait. Enfin, c'est ce que je pensais avant de vous voir arriver. Il faut dire que l'usurpateur vous ressemblait comme deux gouttes d'eau ! Il s'est présenté ici même il y a quelques jours, prétendant être sous les ordres du préfet. Sa prestance était si remarquable, et j'avais entendu bien des louanges sur votre personne que je ne me suis pas méfié une seule seconde de cet imposteur ingrat.

Le gnome des roches fit mine de se taper le front, avant de réconforter Minkli d'une sincère accolade, non sans lui glisser un petit clin d’œil lorsqu'il se retrouva dos aux visiteurs.

- Minkli n'en savait rien, je voulais lui faire la surprise. Reprit-il d'une voix des plus infortunées.Elle besognait sans répit alors que je croyais résoudre tous ses soucis. Et comme je ne vous avais jamais vu auparavant... Un homme à l'esprit aussi affûté que le vôtre ne peut que comprendre mon désarroi, je présume... M'est-avis qu'il serait préférable de retrouver ce charlatan qui profite des sinistres bouleversements de la ville pour escroquer les gens scrupuleux. Entre ses mains se trouve votre dû.

Rhamyr en eut terminé de sa dramatique comédie. Il espérait vivement que cet Adrognese tomberait dans son piège. Cela l'occuperait certainement un bon moment, du moins il l'espérait. Le temps peut-être de récolter la somme requise, ou de trouver une autre solution. Sa tromperie lui était apparue spontanément et il priait pour qu'elle s'avère être la bonne. De toutes manières, il ne voyait pas d'autres alternatives pour échapper au paiement. Un rapport de force n'eut guère été envisageable.

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écrit le : Lundi 18 Juin 2018 à 22h13 par Schninkel
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Rhamyr
Le bruyant percepteur fut un peu surpris de voir surgir de l’encadrement de la porte, un Gnome courtois et intelligent. L’homme courba les sourcils, afficha un visage prudent ou circonspect mais prêta bien attention au nouvel intervenant. L’éloquent Gnome des roches acheva sa tirade et laissa les humains quelque peu interloqués. Ils se regardèrent en essayant de déterminer le vrai du faux : - Un imposteur vous avez dit ? Quand cela est-il arrivé ? Vous pouvez me décrire cet usurpateur ?

- Tu as entendu parler de cela toi ? Questionna-t-il naïvement à l’un de ses deux gorilles. L’un haussa les épaules et l’autre remua négativement de la tête. Il retourna son attention sur les deux petits locataires. Est-ce de mon ressort si vous distribuez votre argent à n’importe qui ?

Le bougre émettait des spéculations. L’humain n’était si dupe, ou alors son avarice et sa cruauté le poussaient à douter. Devant les doutes, et à la vitesse de l’éclair, Rhamyr se mit à réfléchir à de nouveaux arguments pour confirmer son discours. Le Gnome s’apprêtait à réagir quand il fut pris de court par la voix autoritaire du précepteur :

- Admettons votre innocence. Pour le moment... Le temps que je me renseigne sur cette histoire... (il se gratta le menton) Je vous laisse deux journées de délai supplémentaire. Je reviendrais demain soir afin de vous permettre de vous acquitter de ce que vous me devez ! Je serais intransigeant !

L’échange tourna court et le percepteur décida de se retirer sans même s’encombrer de quelconques affabilités d’usage. Le départ précipité affecta même les deux gardes qui mirent quelques secondes à réagir. Minkli referma la porte, et le calme revint au sein de l’appartement. Les ronflements du Halfelin recommencèrent sans que l’échange ne paraisse l’avoir perturbé. La vieille Gnome posa une main chaleureuse sur celle de son sauveur, lui adressa un sourire et lui souffla quelques remerciements pour cette échéance imprévue.

Elle s’occupa ensuite de rallumer le feu qui s’amenuisait depuis la veille puis se rapprocha de la table branlante qui faisait office d’établi. Cela faisait belle lurette qu’elle n’envisageait plus de carrière en ville mais pourtant, elle continuait d’organiser son quotidien comme le mécanisme d’une horloge cassé qui continuerait pourtant à tourner. Elle avait réussi à récupérer des composants et du matériel en parfait état en fouillant dans les ordures de quelques alchimistes, si bien qu’elle avait réussi à constituer un atelier qui tenait la route. D’un ample geste, elle balaya le dessus de la table et fit de la place parmi le fatras de fioles en verres et de parchemins. Elle sélectionna les moins ébréchées puis approcha une vieille boite en bois où elle avait soigneusement rangé ses sachets d’ingrédients. Elle sortit doucement de sa torpeur matinale en humant les effluves entêtants de ces mixtures. C’était une sorte de rituel, son moment où son regard devenait vif ; ses gestes précis et ses idées claires. Elle acheva d’aligner les récipients, remontant personnel, essence de fleurs et quelques extraits magiques utiles. Avec un sourire satisfait, elle prit un vieux chaudron cabossé, vida le fond de son expérience précédente et y versa son reste de soupe avant de reposer l’instrument dans l’âtre crépitant. Elle se mit à tourner son repas et à réfléchir silencieusement à la suite de son programme.


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écrit le : Mardi 19 Juin 2018 à 18h32 par Rhamyr
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L'odieux quémandeur tentait visiblement de garder sa contenance, mais Rhamyr comprit rapidement qu'une certaine incertitude s'était emparée de lui. Il retint un léger rictus de satisfaction. Intérieurement, il se congratulait d'avoir dupé cet individu aux allures hautaines.

Un multitude de questions se posèrent, et le gnome des roches n'eut pas même le temps d'y répondre que le percepteur finit par admettre la possible véracité de ses dires. Il reviendrait le lendemain...

Ce résultat n'était pas celui escompté par le roublard, mais tout gain de temps se montrait intéressant à prendre.

Minkli le remercia chaleureusement pour ce tour de passe-passe. A quoi Rhamyr se contenta de lui répondre par un sourire qui se voulait franc mais quelque peu forcé. Se rendait-elle au moins compte des circonstances? Le gnome l'observait vaquer à ses occupations sans la moindre insouciance. Il s'approcha pendant qu'elle préparait le repas.




Cela faisait de la peine au jeune gnome d'imaginer cette bonne âme dépérir à l'extérieur.



A mesure qu'il s'exprimait, le faciès de Rhamyr devint plus grave qu'il ne l'était déjà naturellement. Il saisit alors fermement les deux épaules de la vieille herboriste avant de plonger son regard brun dans le sien.



Rhamyr porta l'oeil sur les diverses infiltrations que subissait ce logis miséreux. Il ne pouvait décemment plus se laisser vivoter de tartes et de charité.

Et puis comment cet halfelin faisait-il pour ronfler de la sorte sans discontinuer? La réalité dramatique qui s'était abattue sur la ville n'affectait donc personne?




A cet instant précis, et s'il n'avait pas été aussi pudique, le jeune roublard aurait gentiment joint sa main à celle de Minkli pour lui montrer son affection.



La nature discrète et sympathique du petit être plaisait au gnome. Il pourrait faire un bon compagnon de route, assurément.

Après cette légère réflexion, Rhamyr reporta toute son attention sur la malvoyante.




Il allait rester le temps de cette discussion, puis il quitterait cet endroit miteux dans lequel il s'était trop longtemps abandonné.


 
 
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écrit le : Jeudi 21 Juin 2018 à 13h11 par Schninkel
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Rhamyr
Le déluge semblait s’être calmé, la toiture continuait de filtrer quelques gouttes de pluie tandis que le jour achevait lentement de se lever. L’unique lumière provenait de la cheminée, l’intérieur de la pièce se mit à sentir les oignons et les clous de girofle. Après ce réveil brutal, les deux Gnomes bavassèrent le temps d’émerger paisiblement. Rhamyr s’installa sur le tabouret habituel, prêt des étagères où reposaient herbes séchées, les racines et les onguents de sa fabrication, ainsi que : Le livre de la distillation des plantes, Le jardin de roses des dames et des demoiselles, Les bonnes recettes pour les accouchées, Les positions des planètes dans le ciel, Le livre de saint Tiresias, Le livre d’Agrippa, La bonne façon de chasser les esprits, Le livre de la guérison des blessures, et plusieurs cahiers qu’elle avait remplie elle-même au fil des années, à la modeste mesure de son expérience et de ses apprentissages.

- Ton inquiétude est honorable, Rhamyr. Tu es le plus digne des visiteurs que j’ai reçu depuis bien longtemps et tes préoccupations me vont droit au cœur. Sache que ma porte te sera toujours ouverte. (son visage se plissa en un sourire aimable) Il faut savoir qu’à une époque, les finances étaient une source de profonde inquiétude pour moi. Il fallait lever des fonds pour les expéditions, entretenir les équipes de recherche et développer la communauté.
Ahlala ♪... Aujourd’hui, je me consacre à l’essentiel ! Je vais commencer par entretenir mon potager et après, je tenterai de rendre visite à des clients qui me doivent paiement.

Elle continuait de remuer le contenu du chaudron cabossé, un sourire aux lèvres et le regard dans le vide. Elle cueillit quelques feuilles du bouquet qui pendait sur le conduit de la cheminé, les huma et les jeta dans le chaudron. Elle rumina quelques mots incompréhensibles et baissa la tête d’un air peiné.

- La pauvreté, n’épargne personne ici, comme cette terrible peste rouge. La plupart n’ont d’ailleurs sans doute toujours pas de quoi honorer mes services. Mais je ne pouvais simplement pas les abandonner. De mon côté, si les choses tournent au vinaigre, j’ai toujours la possibilité de me risquer à retourner vers Rozbruyère. La sympathique communauté Gnome dont je t’ai déjà brièvement parlé. La route serait difficile et je devrais abandonner mon matériel mais j’y trouverais sans mal un refuge.

Elle posa soigneusement sa cuillère sur le rebord de la cheminée et sortit quelques morceaux de pain enveloppé dans un torchon. Elle se déplaça ensuite jusqu’au buffet pour y trouver un bol. Sa démarche ne laissait rien transparaitre de sa cécité, elle connaissait si bien l’emplacement de chaque objet de sa chambre que s’en était bluffant.

- Un chemin en particulier dis-tu ? Pour trouver du travail ? Hem hem... Plus l’hiver s’installera et moins il y aura d’expéditions en direction des cités avoisinantes. Le mieux serait peut-être de trouver un poste en attendant le dégel. Hum... Un homme avec autant de verve que toi devrait aller voir du côté de la rue Belcourt dans le district Médiane, on y trouve des opérateurs commerciaux. Pour les annonces, il y a toujours le panneau d’affichage sur la place aux hellébores au centre de la vieille ville.

Les Gnomes étaient réputés malins, inventifs et obstinés. La prédilection de ce peuple pour les conceptions purement philosophiques les poussait à se maintenir dans l’étude des faits. Après un si long voyage, Rhamyr ne pouvait être qu’heureux d’avoir trouvé un esprit aussi pragmatique que le sien. La vendeuse de tourte semblait déceler de nombreuses connaissances dans le domaine alchimique, il y avait fort à parier qu’il progresserait sans mal en restant à son contact. Malgré tout, il lui faudrait néanmoins dédier un temps d’apprentissage. Et en cette période de crise, le temps était un luxe que tous ne pouvait pas se permettre.

- Je pourrais t’enseigner comment faire une potion fortifiant la vigueur ou à détacher les taches de vin les plus tenaces. J’imagine que tu n’as pas du souvent entendre parler de cèpe de pierre, de griffe de fauchelune ou de nectar de pertuis, tu dois être plus habitué aux épices et aux agrumes de ton île natale. Tu as tout à apprendre ici, et pour cela, quelque part je t’envie, mon petit.

Elle servi son bol d’un étrange potage et s’installa confortablement dans son épais fauteuil rapiécé.

- Le secret réside dans l’observation et l’expérience, contrairement à la magie, dépendante des aléas de la Toile, la science est une affaire de précision, de constance et peut aussi accomplir des miracles. Avant toute chose, n’oublies pas que les adeptes se distinguent en deux catégories d’alchimistes : d’un côté d’honnêtes praticiens et de l’autre les charlatans. Il faut savoir que la méfiance dans le milieu t’empêchera peut-être de trouver un maître compatissant, mais je t’enseignerai avec grand joie mes « recettes de grand-mère » si le temps nous le permet. Je connais des tas de remèdes, grand nombre d’entre eux proviennent de ma propre mère ! En attendant, j’imagine que tu as plus urgent à faire pour aujourd’hui, fiston.

Au-dessus de la tête de Rhamyr, les grincements des lattes de bois parvinrent depuis le grenier. Signe que l’Halfelin ronfleur venait d’achever son sommeil. La vieille Gnome reprit la conversation sans même y prêter attention :

- Ah ! Et ne t’approche pas des Alchimistes Affranchis. Tout le monde soupçonne leur laboratoire de profiter de l’épidémie pour répandre leurs saloperies. Ce sont des amateurs et des escrocs !

Soudain, l’Halfelin fit irruption au milieu de la pièce.

- Ce serait terrible qu’ils soient escrocs Et professionnels, ahah !

Les yeux encore engourdis par le sommeil, Kaya apparut d’un air joyeux. Il serpenta entre une pile de livres, une bassine et une plante en pot pour aller déposer un baiser sur le front de Minkli. A son passage, il gratifia Rhamyr d’une tape amicale dans le dos.

- Le centre de recherche des affranchis se trouve dans le district médian il me semble. On raconte que leurs pilules anti-peste, qu’ils prodiguent si généreusement, ne sont en fait que des pastilles de sel. (il haussa les épaules l’air de ne pas trop y prêter attention) Mais ne t’inquiète pas mamie. On fera attention.

Sous son épaisse crinière brune, il parcourait la salle du regard à la recherche de quelque chose. Il avait deux yeux bleus dans lesquels brillait constamment un éclat surnaturel, impossible de les louper. L’Halfelin lorgna discrètement à l’intérieur de la marmite toujours sur le feu. Aussitôt, comme en réaction, un grognement se fit entendre depuis son estomac. La suite de l’histoire, Rhamyr la connaissait par cœur.

- Bien mon bon camarade, reprit Kaya. Pour ne pas rompre avec la tradition, je t’invite à venir prendre le petit déjeuner. A ne surtout pas négliger ! Je veux dire, c’est tout de même le repas le plus important de la journée ! héhé

Le Hin gratifia le Gnome d’un clin d’œil.

- A moins que tu n’es encore quelques recettes à partager avec notre aimée logeuse ? Ou à moins que vous ayez des envies de me cuisiner un petit plat ?!

- Il n’y rien pour toi, espèce de ventre sur pattes ! lui lança la vieille Gnome engoncée dans son fauteuil.

- Ahah, je te remplirais tes placards de mille victuailles avant de quitter la ville, promis Kaya en retour.

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