Les Sceaux de la Prophétie, Areala, Dugnar, Kasil, Tarsenian

N'Jini se renfrogna à l'attitude de Kasil. Elle eut envie de lui dire qu'elle ne l'avait pas vu sortir de cette auberge, car elle était à ce moment là assise par terre, le gnome sur ses genoux un peu étourdie et totalement surprise. Néanmoins, elle n'en fit rien, le moment n'était pas proprice aux discussions et chaque seconde qui passait pouvait se révéler néfaste pour Areala et Dugnar. Elle se détourna des deux hommes et après un rapide sourire au gnome qui se voulait rassurant, rembroussa le chemin aussi vite qu'elle put jusqu'aux portes du temple.

Son esprit vagabondait sur des pensées étranges où se mêlaient une certaine appréhension de se retrouver face à la Mort fauchant des âmes qui mériteraient encore de vivre et le combat que chaque être arpentant cette dimension, menait éternellement contre Elle. N'Jini revoyait le visage confiant et triste de la jeune barde et son coeur se pinça à l'idée qu'elle puisse mourir. *Non, fit-elle à l'adresse de la Mort, *cette âme innocente tu ne l'auras pas !*

Elle arriva enfin aux portes du Temple d'Illmater, ralentit son pas et courbant les épaules, se mit à boitiller et à se traîner comme une âme en peine... Elle se glissa à l'intérieur aussi discrètement que possible, tendant de tout son être à l'invisibilité et bien à l'abri sous son capuchon, son regard fouilla la cour...

Dugnar écouta les paroles de chacun, tout en restant attentif a ce qui l'entourait..
Le lieux lui plaisait.. simple et empli d'une souffrance qu'il aurait voulu annihiler.. Laissant ce soin aux résidents du lieu, il se perdit un long moment dans ses pensées et divagua sur sa personne, sa vie et son avenir...

*haaaa.. Moradin, père de tous les nains.. je ne saurai jamais te remercier bien assez pour cette voix que tu m'as ouverte... Sans cette rencontre avec mon vieil ami Duluin,fils de Paladin, jamais je n'aurais pu m'ouvrir et réaliser a quel point la vie n'est d'une beauté que quand elle est partagée...
Puisses-tu guider mes pas vers ta gloire et la bienfaisance.. Puissions-nous, ensemble, rendre le monde meilleur et le bonheur au peuple...*

Alors qu'il continuait a se perdre dans les méandres imperceptible de son cerveau de nain, il ne remarqua pas tout de suite qu'Areala l'invitait a reprendre la route..

Sursautant, il lui sourit et dit, confus :

Heu... Oui.. oui... bien sûr ma douce enfant, allons-y donc !

Engageant Areala sur le chemin il la suivit en la guidant vers l'auberge où ils avaient rendez-vous.

MJ

Septième jour de la Flétrissure dans l'Année de la Magie Sauvage
(7 Eleinte 1372)
Lieu : Port-Ponant, à proximité du Temple d’Ilmater
Temps : Beau ciel bleu
Moment : Début d’après midi


Narration

L’instant de gentillesse et de complaisance se termina comme il avait commencé avec une agréable lenteur et un soulagement certain. Le bon prêtre, avait accepté la pièce que lui avait remise Areala avec gratitude, accompagnée de quelques mots de circonstance.

- Douce enfant, votre généroristé n’a d’égale que votre sagesse, puissiez-vous en faire profiter votre entourage. Que Sa bienveillance vous accompagne.

A son tour le prêtre s’était incliné à l’adresse des visiteurs, aussitôt imité par son jeune acolyte. Jusqu’à ce simple salut, tout semblait empli de bonté. Les deux prêtres reprirent leur marche d’un pas lent vers l’une des bâtisses.

Les deux aventuriers s’en retournèrent donc vers l’entrée de la maison du Seigneur Brisé. Cette ambiance pieuse et silencieuse, emplie d’une sorte de respect sous-jacent et omniprésent ne pouvait faire autrement que les obliger à baisser leur garde. Aussi ne remarquèrent-il pas la fine silhouette boitillante qui venait de passer l’entrée de la demeure d’Ilmater. Celle-ci par contre, tout à fait alerte et intriguée par le possible danger que représentait l’endroit, avait tous ses sens en éveil, et N’Jini remarqua sans difficulté Areala et Dugnar traverser la cour pour ressortir de l’enceinte.

Les yeux humides d’Areala, et les mines apaisées des deux compagnons laissaient présager d’un déroulement des évènements tout à fait normal pour l’ensorceleuse. L’affolement du gnome ainsi que ses propos étaient-ils exagérés ? Quelle était la part de vérité dans tout cela…

De son côté, le petit être, sous le regard implacable du juste Tarsenian, et celui un peu moins froid du rude Kasil, essayait de ne pas perdre contenance. Son maître l’avait chargé d’une tâche et il devait la mener à bien. L’effroi quelque peu atténué par le départ de N’Jini sous ses indications, il n’en restait pas moins impressionné par le regard pénétrant, trop pénétrant du paladin. Et d’ailleurs au grand soulagement de ce dernier, le serviteur de Tyr ne perçut aucune aura maléfique transpirant du gnome. Cela n’empêchait pas quelque éventuelle fourberie de sa part, mais une chose était sure, il ne servait pas de puissantes forces du mal.

Ce fut donc avec quelques hésitations et balbutiements, qu’il répondit aux premières questions de l’ensorceleuse, bien qu’elle ne soit désormais plus là pour l’entendre…

- Je… Maître Marb est humble marchand, bienfaiteur de l’église d’Ilmater…Il… Nous… Je… Des aventuriers justes et valeureux… Vous devez nous aider ! Je ne peux vous en révéler plus… Maître Marb sait… Il pourra vous confier des secrets que je ne puis… S’il vous plait…

Le gnome prit un air encore plus pitoyable, se prenant la tête dans les mains…

- Je n’aurais pas du… Je devais juste m’assurer que… Vous étiez des aventuriers valeureux… J’ai été maladroit… Et la malchance vous a porté directement au cœur de ce temple… Vous devez rencontrer Maître Marb… Pour le bien de la Maison d’Ilmater, lueur d’espoir de cette sombre cité.

Il prit le gantelet du juste paladin dans ses petites mains, suppliant.

Pendant ce temps le vigoureux nain s’évertuait à enfiler son armure en plein milieu de la rue. L’habitude et la pratique du guerrier se ressentaient par la série de mouvements ordonnés, prenant soin d’enfiler les pièces les unes après les autres, sanglant, par des gestes fermes, les fermetures et s’équipant avec une rigueur toute militaire… Mais la scène n’en demeurait pas moins quelque peu déplacée, et rares ne furent les passants à tourner la tête pour observer le manège du guerrier. Bien sur ils se gardaient bien d’appuyer leur curiosité, se contentant d’un rapide coup d’œil dans l’espoir de ne pas être remarqués… Les gens de Port-Pônant, peut être plus que d’autres, savaient qu’il n’était jamais bon de montrer trop d’intérêt pour des inconnus.

Et bientôt Areala et Dugnar seraient sûrement rejoints par N’Jini, à moins que d’autres idées traversent l’esprit de la jeune femme, et tous étaient sensés se retrouver à l’auberge au nom emprunt de quiétude : Au Repos des Etoiles Déchues.

Une quiétude qui avait peut être une consonance trop proche de la mort, mais après tout ne pensait-on pas que le néant éternel pouvait être infiniment reposant... En tout cas, tel était le point de rendez-vous prévu des aventuriers.

Kasil avait, tant bien que mal, finit d'enfiler son armure sous les regards de quelques passants indiscrets- mais cela il n'en avait cure- et sous les supliques du gnome quand son regard se posa à nouveau sur la petite créature. Il s'approcha d'elle d'un air décontracté, il paraissait d'autant plus impresssionant derrière l'épaisse muraille de fer qui lui protégeait le torse.

- Nous vous suivons maître gnome, ammenez nous à votre maître et pas de d'entourloupe, je vous ai à l'oeil!

Il avait prononcé ces paroles avec un ton qui se voulait faire sans pour autant paraître méchant. Il savait la créature impressioné et qu'il était inutile d'en rajouter.

N'Jini repéra sans grandes difficultés Areala et Dugnar qui semblaient prendre congé des deux prêtres à qui ils parlaient. Leur attitude était calme et contrôlé et ils semblaient tout à fait indemnes. Elle vit avec soulagement qu'ils quittèrent enfin l'enceinte de la cour en toute liberté et toute quiétude.

Le gnome semblait avoir bien exagéré les choses... Mais son regard semblait tellement perdu et hagard. Elle avait ressentit sa vive inquiétude et sa frayeur. Au fait, il mourrait de peur !! Ca au moins, c'était évident. N'Jini espérait que Kasil et Tarsénian pourrait y voir plus clair, bien qu'elle ne redouta que ceux-ci se contenteraient de suivre le gnome, au lieu de l'inviter à la taverne où ils avaient tous rendez-vous, afin que celui-ci puisse expliquer au groupe d'aventurier réunis, les intentions de ce bienfaiteur d'Illmater.
Ils pourraient alors réfléchir tous ensemble sur cette énigme.

N'Jini soupira. Elle ne pensait pas retourner voir Tarsénian et Kasil pour les informer qu'Areala et Dugnar se dirigeaient vers leur lieu de rendez-vous. Quoique, ils risquaient peut-être de tomber dans un piège. De toute façon, le temps qu'elle y retourne, elle risque de les voir déjà partis !

Une fois satisfaite de voir Areala et Dugnar dehors, la première réaction de N'Jini fut de les suivre, puis les rattraper. Mais elle hésitait. Son regard se porta sur les deux prêtres qu'elle observa discrètement, détaillant les expressions de leur visage.
Elle ouvrit toute sa concentration sur les moindres détails, examinant leur robes, et les choses qu'ils portaient sur eux, afin de détecter le moindre signe suspect, le moindre geste déplaçé.
Puis sa concentration se porta sur les divers bruits qu'elle pouvait entendre. Etait-ce des cris de souffrances provenant de malades ou y avait-il en dessous quelques sons qui seraient tout à fait inhabituels ?

Une fois sortis de la demeure du Seigneur Brisé, Areala fit un sourire reconnaissant au paladin de Moradin. Elle était soulagée, les membres de la caravane recevraient tous les saints sacrements et elle pourrait enfin continuer sa route l’esprit en paix... Ils lui avaient offert leur protection durant des mois, elle leur devait bien ça !

Ne sachant trop que faire, elle attendait une éventuelle réaction de Dugnar. Laissant ses yeux encore humides, se perdre quelques instants dans ceux du Nain, elle prit la parole visiblement hésitante,

« Vos compagnons ne sont pas revenus... Peut-être sont-ils toujours à la poursuite du gnome ? Je... Je crois que je vais retourner à l’auberge de tout à l’heure... En vérité je ne suis qu’une charge pour vous tous... Et je vous avoue que je meurs d’envie d’un bon bain et d’un peu de repos... Que comptez vous faire Noble Paladin ? Si vous souhaitez retrouver votre compagnon de route, nous pourrions nous retrouver plus tard à l’auberge ? Qu’en dites-vous ? »

Elle ne quitta pas son regard interrogateur de celui de Dugnar, songeant que si plus tôt dans la journée elle avait été persuadée d’avoir trouvé les compagnons dont elle avait rêvé, maintenant elle en doutait... Même si ce n’était en rien la faute du brave nain.

Suivant Areala, Dugnar l'écouta sans lâcher son regard, puis, sans hésitation, lui répondit d'une voix aussi paternelle qu'il put

- Voyons ma douce enfant ! Je suivrai vos pas.. tant que vous n'aurez pas la conscience plus tranquille, je ne vous quitterai pas !

Il marqua une courte pause, puis reprit plus gaiement, le ton taquin

- Allons allons, vous n'espérez tout de même pas vous débarrasser de moi aussi facilement.. Je suis peut-être un nain, mais loin d'être idiot.. Puisse Moradin en être remercié !

Dans un large sourire et la scrutant un instant, il finit par détourner son regard d'elle et observa l'endroit où ils se trouvaient..
Une simple ruelle en pente bordée de maison.. S'orientant vers le haut de la rue, il invita la jeune fille a se mettre en route..

- Je crois que c'est par là !

Entraînant la marche a côté d'Areala, il l'observa un instant, l'air songeur..

*Puisses-tu préserver nos compagnons Moradin.. Je n'aime guère les savoir en compagnie du fougueux Kasil.. tout nain soit-il, j'ai peur que sa hardiesse ne prenne le pas sur la sagesse..*

Se sortant de ses pensées au bout de quelques minutes, il lança sur le ton de la discussion, pour occuper le voyage jusqu'à l'auberge qu'il guidait du mieux qu'il put jusqu'à l'auberge qu'il espérait trouver assez rapidement faisant confiance a son instinct, et surtout trop fier que pour demander de l'aide à l'un des nombreux autochtones qu'ils croisaient en ce milieu d'après-midi..

- Dites m'en donc plus sur vous, douce Areala.. Comment l'amour de l'art lyrique vous est-il parvenu ? l'un de vos parents ?

A la dernière question, il tourna son regard sur la jeune fille, et l'observa dans un sourire en attendant sa réponse

Le regard inquisiteur perché sur le gnôme et les vifs coup d’œil du côté de Kasil, Tarsenian était demeuré muet tout du long que leurs petit inconnu tentait bien que mal de s’expliquer. De glace, il ne s’était pas trop emporté jusqu’à maintenant, mais réservait néanmoins quelques propos réconfortant.

-Si vous y tenez, je vous suivrai afin de rencontrer votre maître. Mais laisser moi d’abord avertir mon frère d’arme qui se trouve à l’intérieur du temple, lui aussi est concerner j’ose croire… Il reprit son souffle subitement, tout en lorgnant du côté du nain en fronçant un de ses épais sourcils foncés, pour lui souligner quelque chose qui l’embêtait.

-N’oubliez pas, nain, que j’ai aussi mon mot à dire dans toute cette histoire. Peut-être devriez vous me demander mon avis avant de décider de mes faits et gestes ! Suite à cette brève remarque, il se passa la main dans ses cheveux volages qui avaient mauvaise tendance à toujours ce balader devant ses yeux sombres aux lueurs éclatantes…

La jeune Areala avait sourit franchement à chacune des remarques de Dugnar, définitivement elle devait admettre qu’il lui était sympathique. Sa bonhomie et ses attentions pourraient aisément gagner la confiance de ceux qui l’approchaient, mais la jeune femme avait prit pour habitude de se méfier de tout le monde... C’était la seule voie qu’elle avait trouvé pour se protéger des désillusions déjà bien trop nombreuses dans sa courte vie.

La question du paladin la laissa l’espace d’un court instant pensive, sans pour autant laisser paraître le moindre sentiment à son interlocuteur. Cela la ramenait bien des années en arrière...
Elle lui répondit d’un ton légèrement détaché,

« En réalité je n’ai que très peu connu mes parents... Mon père, bien que piètre musicien, aimait beaucoup entendre jouer les flûtistes... C’est lui qui m’a offert ma flûte traversière. Pour répondre à votre question cher Dugnar, non, mon amour pour les histoires me vient des saltimbanques et autres troubadours qui venaient au domaine et dont les récits berçaient de rêves fantastiques l’enfant que j’étais alors... »

Un léger sourire illuminait son visage, mais le serviteur de Moradin n’eut pu dire si ce sourire était du au souvenir d’une enfance heureuse ou au souvenir des troubadours.
Puis ce sourire laissa place à un hochement de tête accompagné d’un léger haussement d’épaules,

« Un jour peut-être je trouverai un héros de qui relater les exploits... »

Songeant à leurs compagnons elle esquissa un sourire, avant d’ajouter d’un ton plus léger,
« Et vous Dugnar? Dites moi donc ce que vous reprochez aux gnomes ? J’avoue avoir été plus que surprise par votre réaction à l’égard de celui qu’ont suivi vos compagnons... »

Tout en parlant elle continuait à avancer aux cotés du nain sans ne plus prêter de réelle attention à ce qui les entourait, son esprit songeant à plusieurs choses en même temps.

Kasil avait accueillis les propos du paladin avec circonspection. Il n'avait pas pris la peine de se retourner complètement pour les écouter, ne quittant pas le gnome des yeux, cependant sa contrariété était presque palpable: ses dents se serrèrent, ses sourcils se fronçèrent et tout son corps se crispa. Il songea un instant que si le serviteur de Tyr avait été un nain, il lui aurait déjà asséné un coup de poing pour lui revouler ses idées qui allaient retarder le groupe et exposer d'autant plus longtemps ses compagnons à un ennemi qu'ils ne connaissaient pas encore. Néanmoins il ne put que trouver un autre moyen pour le dissuader d'aller retrouver Dugnar. Sa voix emprunt de colère ne dissimulait guère ses intention. Toujours dos à Tarsenian

- Ainsi ne me considérez-vous pas comme un compagnon d'armes sire Tarsénian ?! Je vois... dans ce cas allez donc rejoindre vos amis - il avait particulièrement appuyé le terme . Je vais continuer sans vous car nous ne pouvons nous permettre de prendre plus de retard en babillage inutiles d'autant que Dame N'jini s'en est aller aviser nos amis de la sitution. Il est temps pour nous désormais d'agir! Agir vite!

Il adressa un regard en coin à son compagnon.