La Tueuse de Dragons

La Tueuse de Dragons

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Moment : Soirée, Date : 1372

Karmeth, Arkhan et Madawc

Le groupe s’avançait donc vers la ville alors que la nuit commençait à tomber. Passant a coté de plusieurs champs fertiles, ils laissèrent de coté les petites fermes pour arriver devant les murailles de la ville. Ces murailles étaient de pierre, quelques mètres de haut à peine mais semblaient solides et très épaisses. Une grande porte en bois renforcée se trouvait derrière une herse, cette dernière précédée par un garde équipé d’une torche. Quittant le poste de garde, le soldat qui semblait plutôt bien équipé s’avança vers le groupe. Une fois arrivé sur eux, il les dévisagea un à un, puis fini par leur lâcher un bienvenue avant d’aller ouvrir la porte pour les laisser entrer.

La ville était éclairée par des torches et braseros disséminés un peu partout dans les grandes rues, alors que les petites ruelles étaient noires et peu engageantes. Sur le bord de certaines ruelles, on pouvait apercevoir des canaux qui suivaient les petites rues pour se jeter dans la rivière. Les maisons étaient toutes à deux étages, rarement plus et jamais moins, avec des toits aplatis en tuile, et des volets aux fenêtres. La ville se constituait de grandes allées séparant des quartiers sur lesquelles venaient s’installer les commerces et des petites étales, et pour chaque quartier, un dédale de ruelles chaotiques et étroites surplombés de fils a linge ou d’arches connectant les différents bâtiments entre eux.

Le groupe continua sa découverte de la ville par le port. La rivière bien que basse permettait aux navires de s’amarrer et de nombreuses embarcations de pèche étaient amarrées sur des petits pontons de bois et sous des arches obscures sous les docks pour les plus petites. Les personnages purent aussi apercevoir de l’autre coté de la rivière les voiles d’un grand navire amarré un peu plus loin. Le groupe put remarquer l’activité de la ville. Les habitants restaient majoritairement chez eux, mais comme la nuit venait à peine de tomber, le groupe put croiser quelques commerçants fermant leurs étales ou des pécheurs rentrant leur matériel chez eux. Quelques passants les croisèrent sans les remarquer sauf un homme qui se retourna une fois, surpris par la richesse ostentatoire mais illusoire d’Arkhan.

Le groupe se rendit donc à la sortie sud de la ville, afin de rendre visite à leur contact gnome. Tenavril avait mentionné une petite maison sur la route, immanquable d’après lui. Arrivé au niveau de la porte, le même dispositif de protection les attendait. Passant sans problème la herse, le garde les laissa passer et retourna dans une petite salle où plusieurs autres gardes l’appelaient.

Le groupe sans lumière était guidé par Karmeth et Arkhan, qui voyaient bien malgré la pénombre. La lueur du crépuscule suffisait encore à leur progression, et rapidement ils quittèrent la zone ensemencée pour passer sur une route de terre évoluant dans une zone légèrement boisée. L’air marin et le bruit des rouleaux qui s’éclataient sur la côte non loin s’ajoutait à la fraîcheur de la soirée.

Le groupe n’eut pas à chercher très longtemps, car au bout d’une vingtaine de minutes, un petit panneau en bois trônait sur le bord de la route, indiquant un chemin de terre. Le groupe s’engouffra sur ce chemin alors que les dernières lueurs disparaissaient. Celui-ci était long et ce n’est qu’après une bonne vingtaine de minutes de marche de plus entourée de quelques arbres ca et la, ils purent apercevoir la chaude lumière d’une maison et des bruits de plusieurs voix fortes. S’approchant, plusieurs chevaux étaient attachés à un poteau à l’entrée.

A l’intérieur, on pouvait difficilement apercevoir autre chose qu’une cheminée fumante et deux hommes assis autour d’une petite table et semblant converser avec une troisième personne au minimum. Le premier semblait irrité et agité, le second plutôt fatigué, le troisième plutôt rigide et dirigiste, et le dernier blasé et négligeant.

- 1 : Vous pensez qu’on retourne à Dilpur quand ? On va pas encore passer la nuit ici quand même ?
- 2 : C’est comme ça et c’est tout. Rokket est pas là, on va l’attendre, c’est tout.
- 1 : Et on fait quoi s’il revient pas ? On va pas camper ici tous les soirs quand même.
- 3 : Eh vous deux, on a dit qu’on restait la, alors c’est ce qu’on va faire. C’est la meilleure stratégie.
- 4 : Bof, moi tant qu’on le trouve un jour ou l’autre, j’suis pas à ça près.
- 1 : Ouais enfin toi t’es pas normal.
- 3 : Bon vous deux retournez jouer aux dés. Vaut mieux vous avoir inutiles que nuisibles.

Soudain des aboiements brefs virent mettre fin à la discutions.

- 1 : J’y vais, j’y vais… On se calme les gars.

La conversation s’estompa à partir de la, et les bruits s’arrêta, mise a part des dés qui roulaient et le crépitement de la cheminée. Le groupe, à une vingtaine de mètres de la maisonnette, était encore dans la pénombre, sans lumières. La maison semblait petite et muni d’une unique entrée principale, de deux fenêtres à volets de face, ouvertes, et de deux autres de part et d’autres du bâtiment, fermées. La nuit était bel et bien tombée et le groupe commençait à avoir froid.


Aurora

Aurora quitta le groupe alors que ses alliés ressortaient de la ville. Elle se rendait en effet sur les quais, afin de trouver son contact, Betena Sorael. L’humaine se rendit donc sur place et entreprit de chercher l’Hippogriffe, petit navire de pêche dont la demi elfe était propriétaire d’après Tenavril. Cherchant le long des docks, elle tomba sur une petite embarcation, modeste mais parfaitement entretenue, et sur sa coque on y lisait le nom recherché en lettres peintes avec précision. Le navire se trouvait au bout d’un ponton sous les docks et la lumière qui s’en dégageait indiquait qu’il y avait surement de l’activité. En s’approchant, elle pouvait entendre des voix étouffées se dégager de l’embarcation.

Alors qu’elle s’approchait sur le ponton de bois, elle vit sortir du navire un homme de petite taille, crâne rasé, et habillé simplement, qui la dévisagea dans un premier temps, avant de quitter le navire. Passant à coté d’Aurora, il s’en alla d’un pas ferme et laissa Aurora dans un silence assez gênant. Mais pas pour longtemps car une voix l’interpella :

- Vous voulez quelque chose ?

La porte entrouverte était occupée par une demi elfe parfaitement coiffée et vêtue d’une veste rouge et d’un manteau de fourrure qui semblait avoir eu assez d’une visite pour la soirée.

*Des envahisseurs!!!*

Arkhan eût envie de foncer à l'intérieur de la maison pour dérouiller ces malfrats mais il se rappela du rôle qu'il avait décidé de jouer et se retint.
Se tournant vers ses compères il s'exprima à voix basse pour éviter d'être entendu par les gens à l'intérieur de la maison.

-Alors on dirait que notre contact gnome a des soucis avec ces gus, on fait quoi on les fait sortir et on leur fait tâter de notre métal?

Arkhan espérait que ses compagnons seraient de son avis et qu'ils eurent envie de se décrasser les muscles comme lui, en effet cela faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas eu quelque chose sur qui frapper.
Arkhan observa donc les réactions du guerrier humain et de son frère nain, finalement il allait attendre leur avis et décider ensuite de la façon à agir.

*Peut-être que ce sont seulement des amis du gnome...mais je n'y crois pas trop, enfin laissons parlementer les autres...*

J'ai fait un post court, j'attends de voir la réactions des deux autres, puis je posterai à nouveau pour leur répondre.

La ville semblait prospère et bien gardée. Malgré la richesse apparente de leur petit groupe, le prêtre n'avait pas remarqué de regards envieux ou de personnages suspicieux. Il était difficile de croire qu'une quelconque machination se tramait dans cette "petite" ville.

En ressortant après s'être séparé d'Aurora, Karmeth espéra qu'il n'y aurait pas de couvre-feu pour les empêcher de rentrer après le coucher du soleil. Dans le cas contraire il leur faudrait compter sur l'hospitalité du gnome. Mais ils n'étaient apparemment pas les premiers visiteurs chez l'ami Rokett.

Arkhan semblait déjà prêt à en découdre, et il était plutôt de son avis. Il sortit d'ailleurs son épée d'un air entendu. Malgré tout il serait dommage de tuer des innocents sur un malentendu, et ils avaient de quoi vérifier la situation sans trop de risques.

-Et si tu sortais ton sac de pierreries et que tu te présentais comme un vieil ami du gnome venu lui apporter un cadeau Arkhan ? chuchota le nain en glissant un regard éloquent vers la lourde hache de son confrère qui semblait pour l'instant bien inoffensive. On perd l'avantage de la surprise mais nous glanerons peut-être plus d'informations ainsi.

En attendant la réponse de ses collègues, le fils de la pierre saisit son médaillon et incanta rapidement une petite bénédiction sur eux tous. Mieux valait être préparé.

Dégaine son arme et lance bénédiction.

-Je pense que tu as totalement raison Karmeth, après tout si ce sont vraiment des amis ils ne nous attaqueront pas.
Bon je vais voir ça, je vais prendre l'apparence d'un gnome ou d'un petit nain j'espère que ce sera suffisant pour les berner.

Prenant sa respiration, Arkhan se concentra et comme il avait pris l'habitude de faire s'imagina sous sa nouvelle forme. Les changements se faisaient à vue d’œil...

*Voyons un peu plus petit*

Le nain sembla rétrécir d'une bonne trentaine de centimètres, il pourrait passer pour un grand gnome effectivement

*Les armes je vais en faire deux cannes pour appuyer mes vieux os*

Arkhan avait prit sa toute nouvelle hache de guerre naine et son hachette, il pensait que face à plusieurs adversaires ce serait mieux d'avoir de la riposte.

*Je vais ajouter quelques rides et arrondir un peu mon visage, tiens et la barbe blanche pour vieillir le tout*

Arkhan venait de prendre sous les yeux de Karmeth et de Madawc l'apparence d'un vieil gnome presque invalide, de quoi surprendre les quatre personnes à l'intérieur

*Puis n'oublions pas l'armure et le reste de mon équipement je vais en faire des vêtements en peau un peu vieillis par l'usage.*

-Voila je suis prêt à rencontrer ces gens dit Arkhan d'un ton fatigué qui correspondait parfaitement à son apparence.
Bon aller j'y vais si vous entendez des cris ou si vous voyez du sang éclabousser les vitres c'est que j'ai besoin de vous, fit le nain en clignant un œil à ses deux collègues tout en tâtant ses deux cannes là où devraient se trouver les deux lames.

Peu de temps après Arkhan se dirigeait vers la maison et toquait à la porte

-Hey Rokett vieille branche, ouvre-moi tu ne sauras jamais ce qui m'est arrivé, ouvre cette fichue porte tu ne as pas croire tes oreilles!!

Arkhan espérait que la curiosité de voir un ami du gnome pousserait les hommes à montrer leur vraie nature.

Donc je tente de rentrer dans la maison ^^

Aurora appréciait moyennement la façon de parler du forgeron. Elle avait l’impression qu’il la prenait de haut et remettait souvent en question ses propositions. Elle se rappelait bien la phrase de Shilkerym, une fois en ville, partez à la rencontre de Betena Sorael, une demi-elfe sur les docks. La jeune guerrière se doutait bien qu’ils passeraient par les docks avant d’entrer pleinement dans la ville, c’est pourquoi elle voulait directement aller voir ce contact, mais les choses en avaient été autrement et elle se retrouvait maintenant seule aux abords des docks, ses compagnons préférant rencontrer d’autres personnes avant. Ils s’étaient donnés rendez-vous dans une taverne le lendemain et même si Karmeth avait éprouvé une certaine réticence à se séparer, les nains avaient suivi le forgeron.
Elle déambulait donc sur les quais à la recherche du navire portant le nom d’Hippogriffe. Lorsqu’elle tomba dessus elle fut étonné de voir la petite embarcation cependant cela ne l’étonna pas de voir que tout paraissait bien entretenu. Pas étonnant quand on savait qui gouvernait ce navire, seules les femmes pouvaient attachées tant d’importance à la propreté ou les hommes un brun maniaques.
Elle remarqua la présence d’un homme à bord, un marin certainement et fut réjouit d’entendre la voix d’une femme, une demi-elfe qui l’interpellait. Elle répondit par un sourire :

- Désolé de vous importuner, je recherche une dénommée Betena Sorael. Je voudrais lui parler en privé si c’est possible. Puis-je vous rejoindre ?

En parlant elle commença à descendre sur le navire. Arrivée près de la demi-elfe elle dit tout bas :

- Je viens de la part de l’OEil du Dragon et de Tenavril pour être plus précise. On nous a dit qu’il y avait des citoyens et des marins qui avaient disparu en mer et en ville ces derniers temps et j’aimerais en savoir plus. Il y aurait aussi un dénommé Z…, elle s’arrêta et demanda :

- Nous pourrions peut-être continuer la discussion à l’intérieur ? Pour être plus tranquille, sans oreilles indiscrètes. D’ailleurs qui était l’homme rasé qui vient de sortir ?

Au grand soulagement de l’artisan, la fine équipe de butors pénétra sans soucis dans Dilpur. En revanche, ce qu’il n’avait pas prévu, c’était qu’il fallait traverser la ville pour se rendre chez le gnome. Une perte de temps en somme. Vu l’heure déjà avancé, il aurait été judicieux de se rendre au Cheval Blanc, histoire de prendre leurs quartiers… Alors pourquoi diantre ne l’avait-il pas ouvert pour signaler cet état de fait à ces compagnons au lieu de les suivre béatement hors des murs alors que la nuit tombait ? En plus, Aurora leur avait fossé compagnie, bien décidée à se rendre à ses fichus docks à peine arrivée en ville…

¤Mais qu’est ce qui leur prend à tous ? N’y a-t-il donc personne avec un minimum de bon sens ici ? Et qui va encore se coller dans les ennuies jusqu’au cou sans être reposé ? hein ? Tempus, aide moi à éviter qu’ils ne provoquent une quelconque catastrophe…¤

Le guerrier en était là de ses pensées, dans le noir, quand ils arrivèrent près de la maison du gnome, qui de toute évidence n’était pas occupée par son légitime propriétaire. Intrus, amis, créanciers ? Au vu de l’échange qu’il était parvenu à saisir, le forgeron penchait pour la dernière possibilité. Bon, cela ressemblait quand même fortement à des gros bras las d’attendre leur argent, et bien décidés à se servir eux même, mais quand même. Rien d’alarmant pour le tempurite en fait. Et si d’aventure il se trompait, ces hommes ne semblaient pas bien dangereux.

Aussi Madawc écarquilla-t-il les yeux quand il se rendit compte de ce qu’étaient en train de faire les deux nains. De toute évidence, ses prières ne seraient pas exaucées ce soir... Arkhan encore, transformé cette fois en petit vieux, passait encore, avec un peu de chance il ne sauterait pas à la gorge du premier venu… Karmeth en revanche, avec son épée dégainée, ne laissait quand à lui planer que peu de doute sur ses intentions. Et dire qu’il pensait que c’était lui le plus posé d’eux trois…

S’apprêtant à ouvrir la bouche, le guerrier réalisa qu’il était trop tard pour les stopper, Arkhan s’étant déjà bruyamment annoncé. Que ça lui plaise ou non, il allait à présent devoir jouer le jeu des nains, tout en essayant d’éviter que la situation ne dégénère en bain de sang inutile. Si en revanche il s’avérait que l’intuition des nains fut juste, alors là… il écraserait surement une tronche ou deux lui aussi.

Madawc grogne dans sa barbe, et se rapproche des deux compère sans dégainer d’arme en essayant de prendre l’air le plus naturel possible, comme si cette visite de courtoisie était tout ce qu’il y avait de plus normal

-Bon, ben moi je vais attendre ici.

Si Arkhan avait l'air très à son aise dans son nouveau rôle et que le nordique semblait prêt à tenter de jouer le jeu, le prêtre était en revanche convaincu d'être incapable de tenir un rôle quelconque pendant ne serait-ce qu'une poignée de secondes.

Aussi regarda les deux autres se diriger vers la maison, en cherchant à estimer une position d'où il lui serait capable d'entrevoir par la porte ce qui se tramait à l'intérieur tout en restant invisible des occupants.

¤Mais bon, ce n'est pas comme si j'aurais à rester cacher bien longtemps. Soit ils sortent avec des armes et on les dérouillent, soit non et on discute.¤

Il caressa le fil de sa lame d'un air songeur. Ca faisait des lustres qu'il ne s'était pas battu contre des hommes. Les derniers étaient peut-être bien ces pillards dans une grande ville portuaire, Teziir.

¤Faut croire que l'air du large ne leur vaut rien à ces humains.¤

La Tueuse de Dragons

Moment : Soirée, Date : 1372

Karmeth, Arkhan et Madawc

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Karmeth lance Bénédiction et dégaine, reste caché.
Madawc sur le qui vive s’avance
Arkhan s’avance déguisé

La nuit était sombre mais le silence n’était pas de mise. En effet, la bruyante troupe qui occupait l’habitation avait su faire fuir les animaux alentours, et l’endroit s’appétait à recevoir de la visite. Arkhan avait choisi de s’avancer pour discuter, suivi par Madawc, alors que Karmeth était resté en retrait et était fin prêt en cas d’affrontement, invoquant les bonnes grâces de son dieu dans l’éventuel affrontement qui les attendait.

Suite à l’intervention d’Arkhan, les voix disparurent, laissant place à des murmures.

1 : Meeeeerde… Y a quelqu’un…
2 : Comment on va faire chef ?
3 : Taisez-vous ! Je vais y aller.

Un instant plus tard, la porte de la cabane s’ouvrit, et en sortit un homme d’une trentaine d’années, vêtu d’une armure de cuir simple et armé d’une petite lame à son coté. Portant par-dessus des vêtements simples et une cape, il était surpris et semblait ne pas vraiment s’attendre à cette visite nocturne. D’une voix hésitante, il lança au nain :

- Bonjour, à qui ai-je l’honneur ? Vous êtes un ami de Rokett ?

La question semblait sincère et l’homme semblait vraiment ne pas s’attendre à une visite nocturne.

Aurora

L’homme passa près d’Aurora et la dévisagea. En entendant Aurora interpeller la demi-elfe, il se retourna, surpris, puis partit d’un pas rapide, enroulé dans une cape.

Quant à elle, Betena avait le sourire aux lèvres. Voyant l’humaine s’approcher, elle entrouvrit la porte, acquiesça et sans un mot la fit rentrer. L’intérieur du navire était éclairé par une douce lueur bleutée qui émanait d’un lustre bien étrange. Composé d’une simple assiette de métal suspendue par trois cordes, un cristal trempé dans un bain étrange émettait une faible lueur douce comme une nuit de pleine lune. Une douce odeur s’en dégageait également. La cabine se composait d’une couche au fond et de grandes étagères à droite et à gauche. Au milieu, une table rectangulaire en bois, deux tabourets et un banc accolé à la coque acceuillait une bougie et une carte des environs, ainsi que deux livres. Assez bas de plafond, l’habitation semblait pourtant confortable, comprenant quelques coussins et autres éléments de confort. Une grosse malle trônait au pied du lit, et quelques hublots fermés par un battant étaient disséminés le long des murs.

Betena offrit à son invitée un siège et un coussin et l’invita à s’asseoir, une fois la porte fermée.

- J’avais eu vent de votre arrivée, mais je ne m’attendais pas à vous voir si tôt ni seule. Où sont vos compagnons ?

Pas vraiment inquiète, elle semblait plutôt chercher à comprendre. Elle continua d’une voix très calme et reposée, avec un nuage de curiosité.

- C’est moi qui ai fait cette requête à l’Oeil, donc je vous attendais. Mais ne vous vantez pas de me connaitre en pleine rue, je n’ai pas que des amis, vous comprenez.

Le sourire de la demi elfe était certes chaleureux, mais Aurora sentait tout de même que la situation n’était pas simple pour cette femme. Elle revint rapidement avec une théière et sortit deux tasses.

- Je vous sers quelque chose ? J’ai du tilleul si vous voulez.

- Oui mes partenaires ont préféré aller s’informer auprès d’un gnome qui habite à l’autre bout de la ville. J’ai de mon côté choisi de venir vous rencontrer en premier lieu, sachant que vous m’en apprendriez davantage sur cette mission. Tenavril nous a dit de rester discret, c’est pourquoi je n’ai émis aucune objection à nous séparer. Par contre vous ne m’avez pas dit qui était cet homme que j’ai croisé en venant, je ne voudrais m’inquiéter pour rien mais il me semble qu’il s’est dépêché de partir après avoir entendu que je voulais m’entretenir avec vous, pensez-vous que nous pouvons lui faire confiance ?

S’arrêtant quelques instants pour reprendre sa respiration et laisser le temps à son interlocutrice de répondre, Aurora regarde autour d’elle puis hume l’odeur de l’infusion. Elle reprend.

- Oui vous pouvez m’en servir un verre je vous prie.

Elle s’installe confortablement sur le tabouret en s’aidant du coussin puis continue :

- Allez-y je vous écoute, expliquez-moi pourquoi vous avez fait appel à l’Œil et en quoi nous pouvons vous aider ? Vous m’avez dit ne pas avoir que des amis dans le coin, est-ce en rapport avec votre requête ?

Si il n'y avait pas eu l'échange entre les trois hommes en entendant Arkhan, le forgeron ne se serait probablement pas vraiment posé de question sur la réaction de l'homme. En revanche, là, ça devenait quand même un poil plus suspect. Quel groupe ayant toute légitimité à se trouver là s'inquièterais de la conduite à tenir en entendant des arrivants imprévus? Pour l'artisan, il ne faisait à présent aucun doute qu'il y avait anguille sous roche... pour ne pas dire grand vers sous le gravier! Cependant, si il restait près à agir, Madawc ne souhaitait pas d'effusion de sang inutile... non pas que d'abattre un homme innocent le dérangea outre mesure, il n'y avait de toute façon jamais de pure innocence. En revanche, on se retrouvait avec des corps sur les bras à cacher, et ça, c'était encombrant. Et bigrement dérangeant. Bref, ils allaient devoir la jouer fine.

Par prudence, l'illuskien rechignait à donner leur réelle identité à leur interlocuteur sans savoir à qui ils avaient affaire. Et il espérait que les deux nains le suivrait, ou tout au moins comprendraient ses intentions. Pris ainsi de cours, l'homme n'avait pas de meilleur alias en tête que des abréviations de leur nom : Khan, Meth et Awc. Ainsi, c'est avec son air bougon habituel que le guerrier s'adressa au petit nain-grand gnome qui le précédait.

-Dites donc, Khan, il ressemble pas vraiment à un gnome ce gars. Vous m'aviez pourtant dit que votre collègue pourrait me renseigner...

Puis, se tournant vers l'homme qui semblait être le chef de la compagnie.

-Bonne rencontre, l'homme. La moindre des choses, quand on demande son identité à un inconnu, ce sera de décliner la sienne en premier. Je me nomme Awc. Et vous, qui êtes vous? Vous n'êtes pas le propriétaire de l'endroit, je me trompe?

L'illuskien n'avait aucune envie de laisser l'homme mener la danse, et encore moins l'intention de révéler la moindre information.

Madawc utilise diplomatie à sa manière