L'Auberge du Cerf Siffleur, Un village déjà sauvé.

Le Début est ICI

MJ
Les deux aventuriers se mirent en route, au dessus d'eux les nuages gris obscurcissait de plus en plus le ciel et on ne savait plus très bien discerner quel pouvait bien être l'heure et Ylinya et Mjöllnir pouvaient penser à tors que le soleil s'apprêtait à se coucher. Quand ils atteignirent la route, ils virent Nazeroth leur faire un signe de la main. Sion cherchait déjà dans la boue et les pierres ce qui pouvait être récupéré de leur ancien chargement...

Après une heure, une pluie diluvienne c'était mise à tomber, après trois autres, alors qu'ils arrivaient à la lisière du Boilune après un petit détour et que le paysage de tourbière avait fait place aux marécages, la pluie redoubla d'intensité, transperçant leurs vêtements et même leurs manteaux huilés. Cette pluie dans les flaques créait un brouhaha permanent qui pouvait à force agacer. Autour d'eux sous l'eau couverte de végétation pourrisantes, des créatures invisibles tournaient inlassablement en rond et des insectes survolaient la surface de l'eau croupie. Parfois les yeux jaunes ou noirs sans paupières de serpents ou de batraciens, apparaissaient entre deux entrelacs de plantes, aquatiques malgré elles, pour gober adroitement ces insectes. De temps en tant un 'plouf' sonore retentissait. D'un bout à l'autre de ce jeune marais, les oiseaux communiquaient à coup d'étranges cris aigus comme pour signifier leur détresse face à tous ses bouleversements climatiques. Le chemin entra dans les bois vers Quaervarr, ils seraient bientôt arrivé à destination...

Ils atteignirent le bourg des bûcherons et des charbonniers avant la tombée de la nuit sous une pluie toujours battante. En guise de bourg, ils découvrirent une étendue éparse de bâtiments de fortunes, nichés entre les sapins, les chênes, les hêtres et les boulots cendrés, assez loin de la route, comme si leur principal souci était de se dérober aux regards indésirables. Mjöllnir s'attendait toujours à être surpris par des archers défenseurs du village mais personne ne vînt à leur rencontre d'ailleurs ils ne vîrent personne... Les façades en bois, semblaient n'avoir jamais vu de peinture. Certains toît étaient rafistolés avec des plaques de bois blancs que le martèlement de la pluie faisait résonner comme des tambours. Une sorte d'épicerie se dressait au centre supposé du village, près d'un bâtiment à deux étages qu'une enseigne récente et grossière présentait comme une auberge - sans mentionner de nom. La lumière jaune des lampes qui filtrait des fenêtres du rez-de-chaussée était la seule tâche de lumière rompant avec la grisaille de cette fin de journée et de l'architecture. Sur le côté de l'auberge, des monceaux de détritus composaient une sorte de montagne penchée, contrepoint harmonieux à la mainson bancale voisine.

linya regarda le bourg de manière assez perplexe. Elle ne s'était pas attendue à arriver aussi vite à Quaervarr... Enfin vite non, mais aussi facilement. Après ce qu'ils avaient vécu dans le tumulus, la druide s'attendait presque à voir une armée de zombies et autres charmantes créatures prêtes à entraver leur voyage vers les bûcherons. Mjöllnir avait su lui redonner le sourire lorsqu'ils étaient partis, lui montrant qu'ils étaient encore soudés. Elle avait su apprécier ce geste, surtout que maintenant la pluie l'avait correctement nettoyée. La druide se tenait maintenant aux portes de ce village qu'ils auraient du atteindre ensemble. La nuit tombait peu à peu et elle leva son visage vers le ciel, laissant les gouttes tomber dessus. Elle n'avait pas véritablement cherché à se protéger, n'étant nullement dérangée par le fait d'être trempée... Seule la température pouvait lui faire du tord mais avoir l'impression d'avoir le corps immergé dans l'eau était une chance pour elle. La demi-elfe aquatique lança un sourire désolé à Mjöllnir qui devait beaucoup moins apprécier cet état

- Pas trop trempé, Mjöll? Tu as pu protéger la note de Daranor au moins...? Elle se rapprocha de lui, un miaulement énervé émergeant de son sac à dos. Embrun avait fait la majeure partie du voyage dedans, cherchant à se protéger au mieux de toute cette eau. C'était bien leur seul point de désaccord entre eux! Dis moi... Tu as entendu les oiseaux tout à l'heure? Et les plantes aussi... Ils ne sont pas tous spécialement adaptés à pareils temps. Le marais s'installe peu à peu alors qu'il ne devrait pas... Enfin je ne connais pas bien la région mais c'est ce que je ressens après notre passage dans les bois! Elle haussa les épaules. Mais il faudrait que je trouve quelqu'un plus habitué à cet environnement pour avoir son avis... Mais je n'aime pas ça... Vraiment pas du tout! Elle enleva ses gants, les coinçant à sa ceintures, offrant ses paumes ouvertes à toute cette eau.

¤Même si elle n'est pas "naturelle", elle me fait du bien... Je commence à vraiment trop me languir de la mer... Ca reste toujours mieux que rien.¤ Elle fronça les sourcils en regardant le village. Certes la nuit tombait mais ils auraient du voir plus d'activité, plus de monde pour les accueillir. Enfin, d'après ce qu'avait dit Daranor les habitants de Quaervarr étaient plus que prudents avec les visiteurs. Alors où étaient-ils?

- Je crois que je vais te laisser mener la danse ici... Je ne suis pas sûre d'être du meilleur effet avec mon teint si particulier... Elle avait prit une posture très coquette, papillonnant des yeux. Elle essayait de prendre cela de manière humoristique mais elle savait que l'ignorance et l'intolérance étaient parfois le lot des petits villages éloignés... Et pour les avoir rencontrées, son originalité prêchait contre elle et ceux qu'elle pouvait accompagner. Sa plus grande crainte restait qu’on la prenne pour une drow, ou une demi-drow, et que les gens ne lui laissent même pas le temps de s’expliquer. Le cas s’était déjà produit et elle n’avait du son salut qu’à un vieil érudit féru de la race elfique. Mjöllnir était certainement plus rassurant et 'normal' qu'elle en ces lieux. Il valait mieux qu'il soit le porte-parole pour eux deux. C'est pour cela qu'elle rabattit sa capuche à regret, la coupant de la pluie mais cachant son visage et ses cheveux à la nuit tombée.

jöllnir secoua la tête, trempée comme une soupe, soufflant pour chasser les gouttes qui lui glissaient sur les lèvres, seules parcelles non couvertes par sa barbe fournie ou sa capuche.

- Je me noie presque sous ce déluge, je suis trempé jusqu’à la moëlle! J’espère bien qu’cette lettre a tenu le coup mais je ne vérifierai pas avant d’être à l’abri! Avançant vers ce qu’ils prenaient pour une auberge, il poursuivit : "Il me faut beaucoup plus de bière pour comprendre les plantes et les oiseaux mais je crois sans problème que tout ça n’est pas normal, pas normal du tout!"

Même par un temps pareil, le Moine s’était attendu à être reçu par le "comité d’accueil" dont tout village aussi mal protégé dans cette région du Nord devait disposer. A ses yeux, ce bourg était une véritable catastrophe, impossible à défendre et aucunement réfléchi de manière pratique. Il lui semblait que les bûcherons avaient plus considéré l’espèce d’arbre à laquelle ils adossaient leur maison qu’à ceux qui pourraient en profiter pour leur tomber dessus... Une palissade n’aurait pas arrêté une bande d’orques mais tiendraient déjà loups et autres animaux affamés par ces conditions climatiques infernales, à distance! Il y aurait là du travail, pas tant de réparation des dégâts mais de leur manière anarchique d’avoir agencé le tout. ¤Des bûcherons poètes?¤

- Ils n’ont rien construit comme il faudrait, ces gens là manquent d’un sacré bon sens... Ils pourraient très bien se tromper à ton sujet, c’est vrai. Quoi qu’il en soit on ne va pas rester dehors à attendre qu’ils nous accueillent, il y a de la lumière là-bas, allons voir à quoi ils ressemblent. Passant un bras derrière la druide pour l’inviter à avancer avec lui, il avança comme un insecte attiré par la faible lueur jaunâtre des lampes à huile. Il ne manqua pas de jeter un coup d’oeil à la montagne de débris, ni de chercher du regard une écurie et du nez l’odeur d’un équidé dont ils auraient besoin pour tirer les carrioles, mais il ne s’y attarda pas. La promesse d’un peu de sec, même pour une courte durée, le réjouissait. Il toqua avec force sur la porte de l’auberge.

MJ
Le nain avait frappé à la porte mais aucune réponse n'était parvenu à ses oreiles, la pluie battante sur les tôles de fer blanc causait tellement de bruit qu'il ne fut pas étonnant à ce qu'il ne soit pas entendu... De plus il sermblait y avoir beaucoup d'agitation et de bruit à l'intérieur et peut-être même de la musique... C'était même sûr! La buée sur la fenêtre empêchait de voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Regardant autour de lui Mjöllnir s'aperçut que beaucoup de bâtiments de fortunes tout autour de l'auberge auraient pu servir d'écurie, mais aussi d'étables, poulaillers ou encore de grange à foin. Le nain huma l'air pour voir si ça sentait le cheval mais son odorat était troublé car la pluie qui ne faisait ressortir que les odeurs du sol et celles du tas de fumier. Il poussa donc la porte et les deux aventuriers entrèrent.

Ylinya et Mjöllnir regardèrent le nouveau monde qui s'offrait à eux, contrairement à ce qu'ils pensaient, l'auberge n'était pas aussi glauque qu'ils le croyaient, la bonne humeur régnait, les gens avaient l'air heureux et riaient souvent de bon coeur. Tout cela dénotait complètement avec ce les dires de Daranor à Lunargent, cette communauté était loin d'être rustre et sans ressource, tout au moins morale... Certains écoutaient un barde halfelin qui jouait de la flûte, faisant danser deux de ses camarades, d'autres fumaient de longues pipes dans un coin s'évertuant à faire des ronds de fumée. Au comptoir plusieurs trappeurs, bûcherons et charbonniers aux braies boueuses, se récomfortaient en buvant des ales mousseuses. Cet endroit était décidément une agréable surprise, tout types de population s'y mêlaient : humains et demi-elfes étaient les plus nombreux, mais on apercevait quelques halfelins et gnomes et même un homme à la peau couleur de pierre et à la mine renfrognée qui devait être un genasi de terre... Par contre aucun nain dans cette taverne...

L'aubergiste était un gnome, il nettoyait des gobelets en étain dans une bassine en bois dont l'eau devait être chaude car de la vapeur s'en dégageait. Lorsqu'il aperçut la demi-elfe aux cheveux bleu, le gnome aux longs cheveux blonds bouclés qui devait avoir atteint la moitié de sa vie fut tout d'abord éblouie par la beauté d'Ylinya. Il sortit de derrière son comptoir et se présenta devant les deux aventuriers déconfits et détrempés qui se présentaient devant lui, puis lui sourit... "Bienvenu en ce jour de fête étrangers! Qu'est ce que le Cerf Siffleur peut faire pour vous?"

e Moine serrait les poings, se refusant d’apprécier le spectacle qui s’offrait à lui. Ses compagnons étaient peut-être perdus d’avoir accepté de venir les aider. C’était pour lui jour de deuil, non de fête! Où était-elle la communauté aux abois souffrant des attaques d’orques et de conditions climatiques extrêmes? ¤Soit maudit Daranor si nous sommes venus ici pour rien...¤

¤Une fête?¤ Il y avait là une explication possible... Même en temps de guerre il arrivait que la population s’obstine à respecter des jours de fête et oublie pour quelques heures qu’elles sont peut-être leurs dernières. Qu’en ces lieux reculés puissent exister une telle communauté tenait du miracle. Comment ce groupe hétéroclite pourrait-il survivre à la moindre de ces attaques monstrueuses qui ravageaient des villes entières, bien mieux armées et protégées que ce bourg dans ces contrées sauvages? Il haussa un de ces larges sourcils broussailleux en voyant le Gnome séduit par la druide et conclut qu’ils ne devaient décidément pas être au bon endroit. "Personne n'est censé vous attendre là-bas... Ils se méfient un peu des étrangers et ils seront même un peu hostiles sur les bords..." leur avait dit Daranor et ils étaient là accueillis par un gnome souriant sensible aux charmes d’Elfe des Mers. Ne trouvant rien de mieux à faire, il sortit de son sac la lettre rédigée pour cette rencontre et la présenta au gnome sans la lui donner pour autant.

- Bonsoir aubergiste. Nous avons du nous égarer en traversant Boislune... nous cherchons Quaervarr, à la demande de Lunargent qui organise les secours de la région dévastée par les tempêtes. Il semble que vous n’ayez pas besoin de nous ici... Repliant la lettre, il poursuivit : "Nous avons par contre besoin de vous. Nous avons été forcé de faire halte hier soir et ce matin, les poneys tirant nos carrioles avaient disparu. En même temps que trois de nos compagnons. Tout le matériel est resté là-bas avec deux des nôtres, on aurait besoin de bêtes pour poursuivre notre route."

Il tourna la tête vers la Druide, se pinçant les lèvres en se demandant s’il devait tout dévoiler à cet inconnu ou suivre la voie de la sagesse et les tenir à l’écart de tout ça... Il regarda ensuite le curieux personnage à la peau grisâtre et se dit qu’une telle créature pourrait dégager le tumulus en un tour de main si elle acceptait de les aider. "Il y a autre chose. Le nom de Vladayn vous est-il familier?"

linya fut pour le moins déstabilisée par ce qu'ils trouvèrent dans l'auberge. C'est gens étaient loin des villageois qu'elle s'était imaginée aux propos de Daranor. Pendant un instant elle chancela un peu... Tant de sacrifices pour ça? Ils n'avaient pas l'air aussi malheureux et désespérés que ça, ils auraient pu prendre plus de temps et peut-être qu'ils auraient évité ce maudit tumulus. Pendant un instant elle se surprit à éprouver rancoeur et haine envers ces gens si joyeux qui ignoraient tout des drames qui s'étaient déroulés pour eux... Mais ils n'y pouvaient rien. Ce n'était pas eux qui avait mis le tumulus sur leur chemin, ce n'était pas eux qui avaient transformé leurs compagnons en pierre et encore moins eux qui avaient réveiller les squelettes et fait s'effondrer l'ensemble... Elle s'ébroua, il ne fallait pas qu'elle commence sur ce pied avec les villageois de Quaervarr, ses compagnons et elle avaient finalement plus besoin d'eux que eux, des sauveteurs qu'ils avaient été au départ de Lunargent. Est-ce que Daranor savait ce qu'il se tramait ici? On était tout de même loin des villageois méfiants décrits au tout début!

¤Par Sylvanus, avons-nous fait un bon dans le temps ou ces gens ont-ils subitement résolu tous leurs problèmes?¤ Elle sentit Mjöllnir se raidir à ses cotés. Il devait avoir eu les mêmes sentiments et le même choc à la vue des habitants de Quaervarr si heureux... Elle lui mit une main sur l'épaule, cherchant à se montrer apaisante. Ils avaient besoin d'eux... Elle n'eut pas le temps de faire grand chose d'autre, tant elle fut surprise de la réaction du gnome aubergiste. Même si les habitants la surprenait, un gnome 'amoureux' d'elfes des mers restait une chose assez rare pour ôter les mots de la bouche de la druide. C'est pour cette raison qu'elle laissa Mjöllnir tenir les propos de circonstance. Elle ne pouvait détacher son regard du gnome affable, se demandant comment elle pourrait ne pas vexer l'aubergiste... Elle ne put qu'acquiescer aux propos du nain, ils étaient sages et prudents, inutiles d'alarmer ces braves gens plus que de raison.

- Bonsoir et merci à vous pour cet accueil, Maître Aubergiste... Mon ami a clairement résumé notre situation actuelle mais, excusez mon impudence et mon ignorance, que fêtez vous donc ce soir? Elle sourit au gnome, attendant de voir quelles seraient ses réponses. Mais aux vues de sa réaction elle se permit de se découvrir et de secouer doucement ses cheveux afin d'en faire tomber les gouttes de pluie. Embrun quant à lui sortit du sac, miaulant avec force. Il se frotta à Ylinya et Mjöllnir avant de disparaître sous les tables, fort probablement à la recherche d'un bon feu pour se lisser les moustaches au chaud et au sec. La druide jeta un coup d'oeil discret à l'homme à peau grise... Elle ne put qu'admirer cet être qui semblait aussi proche de la terre...

MJ
Le gnome s'apprêtait à prendre la lettre mais compris vite en entendant Mjöllnir que les deux aventuriers avaient de plus grave problème que lui seul ne pourrait pas régler, sa mine se rembrunit et prit une mine triste par compassion envers les deux étrangers. Il passa sa main dans ses cheveux bouclés comme si cela pouvait lui permettre de réfflechir, puis il se retourna et regarda sur la pointe des pieds s'il ne trouvait pas quelqu'un, une queconque autorité qui aurait put aider le nain et la demi-elfe... "Venez avec moi je vais vous faire rencontrer quelqu'un qui pourra certainement vous aider mieux que moi!"

- Pour dire vrai, et bien... c'est effectivement l'arrivée des secours que nous fêtons, car vous êtes bien à Quaervarr la cité du Boilune... Les communautés de Haute-Garde et de Scindeleau plus épargné que nous, nous ont fait parvenir des vivres, du matériel et de l'eau potable.

- De plus notre druide Amra est revenue d'une expédition contre les orques avec notre sauveur Saernus Vivefeuille et quelques autres de ses amis. Ils sont revenus cet après-midi sans avoir subit aucune perte et en ayant ramené, tous vivants, les cinq enfants kidnappés par ces maudits orques. C'est une triple bonne nouvelle pour toutes les familles de Quervarr! Celles qui avaient perdu un enfant mais aussi pour toute la communauté car les orques ont été repoussé de toutes la partie sud du bois et retournent dans le bois Froid et on dit aussi que les loups et autres animaux sauvages les suivent s'attaquant à leurs blessés et dévorant leurs sales carcasses. Pour finir les plantes, fécules et lugumes vont pouvoir recommencer à pousser sous l'oeil vigilant de Sylvanus et d'Amra...

L'aubergiste gnome s'arrêta devant le genasi de terre, et lui raconta aussi brièvement que le nain avait pu le faire le pétrin dans lesquels les aventuriers venant de Lunargent s'étaient fourrés, tout en montrant la lettre de Daranor que le moine nain avait en main... Au milieu de la foule, les Mjöllnir et Ylinya n'entendaient qu'un mot sur quatre. Ils réussirent tout de même à saisir le nom de cet homme lourdement armé et protégé. Il se nommait Unddreth, en tout cas c'est par ce nom que le petit aubergiste l'appelait. Ses iris noirs étaient aussi mat que le charbon de bois mais ses pupilles révélaient une luminosité et une intelligence indéniable. Le visage figé et sans émotion il questionna à son tour Mjöllnir pendant que le gnome retournait à son ouvrage d'aubergiste.

- Nous n'attendions plus rien de Lunargent après une semaine de privation. Pourquoi notre village devrait aider quelques aventuriers mercenaires dont la seule considération est l'or que notre malheur va leur rapporter?

¤Qu’importe la manière, voilà qui ressemble fort aux façons des Ménestrels. D’autres "Daranor" ont du faire de même à Haute-Garde et Scindeleau, un tel réseau d’entraide force le respect. Le nôtre n’en savait sans doute rien...¤

Mjöllnir se décrispa quelque peu. Quaervarr avait toutes les raisons du monde d’être en fête, ils n’étaient pas responsables de la guigne qui les avaient 'écrasés'. Le Genasi de terre l’impressionnait terriblement. Même si la chose n'était pas courante, lui, avait déjà entendu parlé de telles créatures côtoyant des communautés naines de part leur lien privilégié avec la terre, aussi ne fut-il pas offusqué par les paroles de ce dernier. Il savait qu’il n’y avait là aucun 'mal', au pire un peu de rancoeur bien compréhensible dans leur situation. Il se trompait cela dit, les motivations du moine et de la druide au moins n’étaient en rien liées à l’or que leur action pourrait leur apporter. Il lui répondit sans animosité mais animé de toute la conviction dont il était capable.

- Je te salue Unddreth et suis heureux de voir que Quaervarr ait pu s’en sortir sans notre aide. Nous avons perdu quatre des nôtres en tentant de vous amener deux carrioles chargées de vivres, de matériaux de construction et autres sensés améliorer votre condition. Nous n’aurions rien su de votre condition sans cet appel aux mercenaires - Ce terme n’avait rien de négatif aux yeux Mjöllnir, cette occupation avait été la sienne pendant un temps - même si nos motivations sont tout autre.

L’énonciation de druides provoqua un déclic dans l’esprit du Nain. Cette communauté devait être celle qui avait scellé le tumulus, cette idée s’était imposée d’elle-même, s’élevant aussitôt au rang de certitude.
Ils devraient s’entretenir avec eux. Si quelqu’un pouvait les aider, ce devait être ceux qui étaient parvenus à confiner l’esprit maléfique. Il poursuivit, durcissant son regard sans se montrer agressif pour autant. : "Nous ne nous présentons pas en mendiants et comprendrions que vous préfériez vous réjouir de votre confort retrouvé plutôt que d’aider deux inconnus dans le besoin. Si aucun de vous n’y est disposé, pourrions-nous vous louer l’une ou l’autre bête capable de vous ramener les carrioles? Ce matériel vous revient de droit. Maintenant, si cette proposition ne vous convenait pas non plus, vous les trouveriez au Sud, par delà Boislune, au pied d’un tumulus cent fois maudit par les druides..."

Mjöllnir avait hâte de partir rejoindre ses compagnons. Si Orques, loups et autres créatures fuyaient au sud de Boislune, ils risquaient bien de les rencontrer et même blessés, ils ne feraient qu’une bouchée de Sion et Nazeroth.

MJ
Jet de Diplomatie de Mjöllnir DD18 : 20(Dé)-1=19 Réussite.

Unddreth sembla réfléchir aux propos de Mjöllnir, il se retourna et regarda par dessus son épaule... La fête battait son plein, les habitants avaient à peine regardés les deux inconnus, pensant sans doute que ses deux derniers étaient des gens de Scindeleau ou Haute-Garde, invités par leurs dirigeants... Il y avait beaucoup d'hommes en arme, la plupart ressemblaient à des rôdeurs, ils étaient habillés de vert foncé ou de brun et portaient de grands arcs en if, d'autres hommes, casqués et plus lourdement armés et protégés, semblaient moins se réjouir et buvaient bière et vin en ne discutant qu'entre eux. Après une vingtaine de secondes, le genasi répondit enfin au nain mais de façon laconique et d'un ton sec...

- Bien, j'irais chercher tes amis. Je partirais dans une heure le temps de rassembler quelques uns de mes hommes et trouver les bêtes de traits nécessaires. Sur ces paroles, il se décolla du mur sur lequel il était appuyé et laissa Mjöllnir et Ylinya en plan. Unddreth ne se perdait pas en bon sentiment, mais avait certainement ressenti la sincérité et la détresse des deux aventuriers, néanmoins il ne comptait apparemment pas s'embarasser d'eux et pensait plus à accomplir son devoir plutôt que de faire bonne action.

Il alla se baisser pour parler à l'oreille d'un homme casqué et vêtu d'une lourde cotte de mailles que l'on apercevait par dessous un manteau tout aussi épais. L'homme au cheveux roux et paupières lourdes à qui il s'adressait examina le nain puis la demi-elfe, il ne sembla pas plus réjouï qu'il ne l'était auparavant après que le genasi lui ait donné ses ordres. Il se leva, rassembla à son tour quatre hommes et toute cette équipée se dirigea vers la porte d'entrée de l'auberge finissant leurs gobelets de bière et tentant d'être le plus discret possible. L'homme en roux lança un regard noir vers le nain lorsqu'il arriva à son niveau...

jöllnir n’attendait pas d’autre réaction de la part du genasi. Il avait vu en lui un guerrier fier et fidèle à ses engagements, pas un paladin ou quoi que ce soit d’autre prêt à se sacrifier pour une cause étrangère. Il suivit le regard d’Unddreth et prit conscience de la quantité d’hommes d’armes qu’hébergeait l’auberge. Sa première impression avait été faussée par l’absence d’armures rutilantes, mais il se ravisa, conscient de la valeur martiale des rôdeurs du Nord ainsi qu’à la vue des hommes casqués. La vue de l’homme en cotte de mailles le fit hocher la tête, satisfait. Il y avait là des hommes capables, qui pourraient faire front à une éventuelle attaque des monstres chassés à travers Boislune. Il espérait maintenant qu’ils arrivent à temps... Il répondit d’un second mouvement de tête, sans animosité, au regard sombre du roux. Les arracher, lui et ses hommes à leur repos, certes mérité, était cruel mais eux aussi se résignaient à leur engagement et il s’agissait là de sauver ses compagnons, pas de répondre à une quelconque envie égoïste ou à un ordre sans sens.

- Ylinya, ça s’annonce bien mieux que ce que j’espérais! Je ne sais pas si vous avez un truc pour vous reconnaître entre druides mais je crois que concerner ceux d’ici par notre problème est une bonne idée. L’inscription était druidique n’est-ce pas? Ils connaissent peut-être quelque chose du tumulus. Le Nain se gratta la barbe, réfléchissant à la meilleure manière d’occuper l’heure qui précèderait le retour auprès de leurs compagnons. "Si Amra et Saernus sont aussi puissants que ne le laisse supposer l’aubergiste, ils feraient des adversaires de poids à l’esprit qui habite le tumulus."