۝ Abysses ۝, Traité de l'Eau - IV

- Les Gardiens sont des Méphits. Inférieurs, évidemment, garder un livre c'est moins importants que de s'occuper de la propreté des lieux. Pour ce qui est des Batrachis, ...

Le ton et l'attitude du Méphit Vaseux changea subitement

... ils font partie des races créatrices, au même titre que les Sarrukh avec leurs serpents ou les Aearee avec leurs créatures volantes. Ils ont créé de rien les doppelgangers, les kuo-toas, les locathahs et biend d'autres créatures amphibiennes ou polymorphe. Ils ont suivi les Sarrukh dans la domination d'Abeir-Toril et, pendant 2500 ans, en étaient les maitres absolus. C'étaient les Jours du Tonnerre... Avant que les Dragons ne tombe sur notre planète.

Ils perdirent leur suprématie à cause d'une guerre contre des Titans venus d'Annam. Désespérés et sur le point d'être totalement détruits, les Batrachis invoquèrent plusieurs Primordiaux, les libérant de leurs prisons dans laquelle les dieux les avaient enfermé pour protéger le monde qui venait d’être créé. Ils gagnèrent cette guerre mais libérer les Primordiaux ne fut pas sans conséquence. Asgoroth, l'un d'eux, faillit réussir leur dessein de destruction et força Ao lui-même à s'impliquer en scindant le monde en deux, pour leur en offrir un. Ainsi fut créé Abeir, dont ils devinrent les Maîtres et prit fin la guerre entre les Primordiaux et les divinités.

Ce que les Batrachis apprirent de ces puissances élémentaires n'est écrit nulle part et nul n'en a idée. Beaucoup pensent d'ailleurs qu'ils ont disparu. Mais pas moi puisqu'il y a au moins les cinq. Logique n'est-ce pas? Beaucoup ont fuit pour Limbo et certains en sont revenus. On ne parle plus de Batrachis mais de Slaadis, d’après nos derniers visiteurs du moins parce que les cinq Maitres sont bien des Batrachis et s'ils ont perdu leur puissance créatrice, ils restent ... comment dire ... impressionnants? Par rapport à vous je veux dire et ils ne dorment pas, non, pas vraiment, ils rêvent et attendent. Je ne sais pas quoi mais ce n’est pas mon problème, moi je suis là pour nettoyer.

Il était impressionant d'entendre le changement d'intonation entre l'exposé qui venait d'être fait aux Porteurs d'un savoir si obscure que peu de personnes sur Toril qu'ils doutaient croiser un jour quelqu'un capable de leur en dire plus à ce sujet et les dernières phrases, lâchées telle qu'elle, sans enrobage ni égare pour les visiteurs.

- Vous voulez les voir ou pas finalement? Il faudrait savoir parce que moi je dormais et vous m'avez réveillé, je suppose que ce n'est pas juste pour discuter?

Le ton du Méphite devenait moins jovial, comme si devoir parler de ses Maîtres lui avait rappelé sa situation et qui il était vraiment.

Tu vois ce que c'est un Slaad ? En voici 2 types, pour te donner une idée

es sentiments du gnome le tiraillaient. Des Batrachis encore vivant ! Des fossiles d'un temps passé et d'un plan plus loin en chair et en os, à portée de main et aussi vieux, plus même, que les océanides. Un savoir gigantesque à portée de main, une simple porte. Mais... la prudence du gnome elle aussi se faisait tenace. D'habitude, elle ne faisait pas le poids. Mais là, entre l'attaque des chiens qui avait laissé notre gnome tout remué, l'histoire du traité de l'eau, qui concernait directement les fameux « maîtres » en question. Voilà qui n'était pas bien rassurant. Surtout qu'il ne fallait pas oublier qu'ils étaient là comme voleurs et non en simples touristes. Ils avaient déjà eu la chance de réveiller un méphite plus que pacifiste. Et il leur faudrait aussi partir avec le traité... Ils n'avaient d'ailleurs pas de plan à ce sujet... et le gnome n'était pas pressé de repasser devant les chiens.

Mais le gnome hésita tout de même. Le savoir, et voir la tête de ces fameux Batrachis le tentait bien. Une saine et sauve pensée le poussa toutefois à éviter la rencontre. Ces Batrachis seraient sans doute tout aussi curieux que lui à l'idée de rencontrer un « jeune » peuple qui les as remplacé. Or, vu ce qu'ils faisaient par curiosité, Dobun était loins de vouloir tenter le diable. Il répondit alors avec un grand naturel (un peu forcé pour qui connaissait le gnome).

- On va éviter de déranger comme cela. Et puis j'avoue que je suis très intéressé par l'histoire que vous m'avez raconter sur le livre ! On peut aller voir ce dernier ? Je veux dire, il y a deux gardiens, ils nous laisserons jeter un œil ? Même de loin ? S'ils aiment les énigmes comme vous, on pourrait d'ailleurs en échanger quelques-unes à plusieurs. »

Le gnome n'aimait pas le ton soudainement sérieux du méphite, mieux valait le garder dans de bonne disposition. Toutefois, la réflexion avait ramené le gnome à la réalité. Aussi, tout en cheminant, Eurêka en profita pour scruter du regard les moindres détails du lieux. Cherchant tout particulièrement la présence de barrières magique et autre délicatesses. Il aurait bien tenté un sort de détection de la magie mais... qui sait si lancer le sort ne lui attirerais pas plus de soucis encore ? Il ne savait pas trop.

Le Méphit plissa les yeux, une étrange lueur dans le regard.
- Vous voulez voir le livre ? Je ne sais pas si les Gardiens vous laisseront faire sans l’accord des Maîtres, c’est une expérience intéressante. Est-ce que des Méphits dont le rôle est de protéger un livre permettraient à de parfaits étrangers de le voir et d’éventuellement le consulter ? C’est un peu comme de demander à un coffre de se déverrouiller et de s’ouvrir tout seul pour permettre à quelqu’un de jouer avec son contenu en échange d’une blague. Comme je vous le disais, ce sont des Méphits inférieurs, ils seront tout à fait hermétique aux énigmes et aux histoires. Ils auraient pu les apprécier, les Méphits d’Eau sont sympathiques, parfois même trop, presque fatigants, mais pas quand ils sont … changés … pour en faire des Gardiens, ils perdent beaucoup de leur humour.

La créature se contrôlait, ça devenait évident. Il montrait des signes d’énervement qui changèrent beaucoup plus imperceptiblement l’attitude de La Magouille mais qui signifiait assez clairement pour le Porteur avec lequel il voyageait depuis un moment déjà que s’il se taisait, il n’en était pas moins présent, plus encore, que ça lui permettait de rester parfaitement concentré sur leurs protections à tous les deux.

- Et si nous tentions notre chance ?

Le roublard répondait tout sourire avec une évidence : ils devaient essayer, aussi hasardeuse fut l’entreprise. Essayer d’en savoir un maximum avant d’y être confronté était un geste de prudence élémentaire mais si les questions les mettaient en danger, c’est qu’ils en avaient obtenu assez. Ou qu’ils n’en auraient pas plus sans courir de risque inutile.

- Ah ? Tu parles aussi ? Vous m’êtes sympathiques, même toi le taiseux là. On va essayer, oui, pourquoi pas après tout. Je suppose que vous avez fait un long voyage pour arriver jusqu’ici, ce serait dommage de faire demi-tour maintenant n’est-ce pas ? Mais si les Maîtres rentrent dans la danse, vous leur direz que vous m’avez contraint d’accord ? Ou soyez surs que je me retournerai contre vous sans scrupule.

obun se fit tout sourire, c'était bien ce qu'il avait évoqué, mais sans doute de façon trop indirecte pour se faire comprendre. Aussi il repris son propos.

- Oui oui, c'est ce que je voulais dire. Allons voir ce fameux livre. Car oui, nous avons fait un long voyage. »

C'était le second point surtout qui inquiétait le plus Eurêka, dire qu'ils avaient forcé le méphites, c'est que donc ces maîtres étaient bien aussi mauvais qu'il le lui avait semblé. Il leurs faudrait agir le plus discrètement et finement possible et si possible faire retentir le moins d’alarmes possibles. Mais le Méphite attendait une réponse, et Dobun qui souhaitait l'avoir dans ses faveurs lui ajouta.

- Oui, on dira que nous t'avons ordonné de façon imposante de nous mener à la salle la plus importante du lieux, après t'avoir réveillé et secoué très très fortement. »

Le gnome songeait que de toute façon, les maîtres ne seraient sans doute nullement heureux de les voir ici et avoir un adversaire de moins dans le combat pouvait toujours être utile... Même si dans le même temps, le gnome se doutait bien que cela ne changerait pas grand chose si combat il devait y avoir.

Il suivit donc le méphite en toute confiance. Mais profita de chaque instant pour scruter discrètement et attentivement le moindre détail sur les environs. Chemin faisant il se risqua à poser une question au méphite.

- Dis moi ? Tu as un nom ? »

La Conque n’était pas grande, ils atteignirent rapidement –malgré le pas lent de Dobun qui prenait à cœur de vérifier l’absence de piège à chaque pas – en vue de la première porte des gardiens…

- Oui j’ai un nom mais je ne me souviens pas que qui que ce soit l’ait utilisé depuis si longtemps que c’est comme si je n’en avais pas n’est-ce pas ? Eltrazinakializnak du Marais. Et vous autres ? Je n’ai pas l’habitude de m’offusquer mais vous posez plein de questions sans même vous présenter, c’est assez impoli je trouve.

- Je suis la Magouille et mon ami s’appelle Euréka. Vous nous voyez enchantés Eltrazinakializnak du Marais !

- Enchanté ? Victime d’un sortilège ou quelque chose du genre ?

Et la créature de se mettre à glousser d’un petit rire mauvais, de se tourner pour inviter les visiteurs à le suivre et rire encore, visiblement fier de son jeu d’esprit.

Tout du long du couloir tournant, dès qu’ils se furent avancés assez pour que l’entrée ne soit plus visible derrière eux, de larges veines de métal suivait la pente à un mètre de hauteur. Une cuivrée, l’autre argentée, et entre les deux l’aura bleutée que La Magouille avait aperçu comme une luminescence de l’extérieur. Pour le Gnome il y avait peu de doute : de l’énergie électrique circulait entre les deux. Juste avant la porte, ces veines de métal en rejoignaient deux autres qui, courant sur le sol, le plafond et les murs, créaient une sorte de porte de la taille du couloir qu’ils empruntaient.

Aucune matière ne la fermait, juste cette faible lueur bleutée.

- Attendez, si vous ne voulez pas griller sur place. Ce serait dommage d’avoir fait tout ce voyage pour finir carboniser dans une porte n’est-ce pas ?

Paumes tendues vers l’avant, dégageant un nouveau parfum de végétaux en décomposition, il lança un mot de pouvoir qui, lentement mais surement, créa un trou au milieu du champ électrique. Le trou s’agrandit et s’agrandit encore jusqu’à ce que l’aura disparaisse tout à fait pour les laisser passer.

- Ne trainez pas, ça se referme vite. Vous êtes surs alors ? On ne salue pas le premier Maître au passage ?

Sur la gauche une découpe à peine perceptible d’une porte dans la nacre, les veines de métal la contournant par le dessus puis devant eux, un nouveau mur électrique.

Je ne sais pas si je suis très clair dans ma description de ces veines de métal et les portes électriques. Dis-moi quoi si ce n'est pas le cas Il n'y a pas d'autres lumières mais ça éclaire bien assez.

urêka sourit au méphite, cachant qu'intérieurement il était plus qu'impressionné par le dispositif qui allait sans doute compliquer leur tâche pour sortir. Il faillit d'ailleurs poser une question à ce sujet, mais le trop de question avait déjà usé la sensibilité du méphite. Aussi, le gnome se retint, et préféra continuer sur un ton badin.

- Hé bien, au pire, il sera toujours temps de passer le voir après avoir vu le livre en question. Je suis très curieux de voir ce fameux document, rien que d'avoir appris son histoire mon intérêt en est décuplé. Et puis, cela nous permettra de voir votre maître au moment propice et adéquat pour lui. J'ai comme l'impression que vos maîtres ne sont pas le genre de personnes qu'il faut fâcher, mais qui au-delà de ça sont de vraiment très grands personnages. »

Et le gnome fit mine de reporter toute son attention sur la salle à venir, après avoir au passage jeté un coup d’œil aux différents circuits électriques. Ils semblaient contourner la chambre. Peut être qu'en les désactivant ils pourraient franchir les portes sans que cela ne déclenche d'alarme. Eurêka cherchait surtout à savoir quel lien était relié à quel partit du dispositif, au cas où ils auraient besoin de créer ce qu'il avait lut comme étant un « court circuits ». A vrai dire ce qu'il se rappellait à propos des systèmes électriques concernait surtout les dispositions de sécurité (pour ainsi dire, ils n'en avaient aucunes) et que ça fonctionnait comme un système hydraulique avec une eau bien plus rapide, et des tiges de conducteur en guise de tuyaux.

- En tout cas, rien que le bâtiment est splendide de technologie. C'est véritablement impressionnant. Même sans compter le livre, passer par ici vaut le détour. Mais pressons tout de même. Il me tarde de voir cette merveille, avec un guide comme toi Eltrazinakializnak du Marais, pas besoin de réveiller immédiatement le maître. Tu en connais bien des détails, c'est parfaits ! »

NARRATION

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Connaissances (Architecture et ingénierie) : 17(dé)+13 = 30
Euréka comprend tout du système en place

L’observation du Gnome lui montra de manière extrêmement limpide comment fonctionnaient l’électrification de l’ensemble. Les barres de métal cuivrée et argentée n’étaient pas seulement les conducteurs, ils étaient de même les générateurs. Par un procédé qu’il ne connaissait pas, il comprit que la proximité de ces deux métaux, probablement chargés initialement, produisaient eux-mêmes un champ électrique qui compensait la perte sur la distance. Sans interruption, le circuit produisait son courant en continu. Il comprit de même que ce qu’il prenait pour du cuivre n’en était pas, c’était un métal qu’il n’avait jamais vu jusque-là, dont il n’avait pas même entendu parler, et que « l’argent » était en fait l’acier-perle exploité dans les profondeurs de Myth Nantar.

Il était impossible de créer un court-circuit. Même en isolant des portions en brisant –si tant est que ce fut possible- les conducteurs, ils garderaient en eux et entre eux, une tension qui ne pourrait pas être déchargée.

La flatterie sembla plaire à Eltrazinakializnak du Marais qui lui répondit dans un sourire.

- Parfait, allons-y.

Quatre fois, à l’approche de chaque porte, le méphit réouvrit les « portes », avançant sans plus se soucier de ses visiteurs qui devaient avoir compris leur intérêt à ne pas trainer, et ils arrivèrent bientôt à l’entrée de la grande salle de la conque, conique, dont le sommet s’élevait à cinq mètres du sol et au milieu de laquelle se dressait l’autel –comme l’avait appelé leur guide parce qu’il n’avait en rien la forme habituelle de table- du même métal cuivré qui courrait le long des murs.

Il s’agissait d’une colonne d’un bon mètre de diamètre gravée sur toute sa surface de glyphes, interrompue à un mètre cinquante du sol pour un mètre de haut. La partie supérieure était posée sur quatre fines colonnes donnant à l’ensemble une apparence de kiosque. Entre les colonnes, un liquide bleuté, faiblement luminescent, semblait protéger un livre énorme flottant en son centre.

De part et d’autre se dressaient deux créatures aux allures de gargouilles difformes. Elles n’avaient plus rien de l’apparence des méphites aux ailes fines, à la forme humanoïde évidente. Quatre protubérances terminées par des pointes bleutées leur tenaient lieux de bras et pendaient mollement le long de leur corps couvert de gourmes. Elles n’avaient pas de jambe mais une sorte de queue à la manière des nagas. Leur visage était peut-être ce qu’il y avait de plus gênant. Elles n’avaient pas d’yeux, juste une bouche garnies de crocs luisants, suintant. Des veines noires parcouraient tout leur corps. Les gardiens.

- Si vous voulez leur parler, ils ne comprennent que l’Aquan mais ne vous attendez pas à une réponse, c’est compliqué avec leur nouvelle tête.

a pensée du gnome, toujours si complexe et sophistiquée, pleine de rouage et de dialogue interne chargé de jeux de mot se mit à résonner au son d'un seul « mot »:

¤ Gloups ¤

L'acceuil n'était, pour ainsi dire, pas aussi rassurant qu'il l'avait espéré. En effet, le gnome s'était attendu à de simple mais robustes méphites. Mais avec toutefois un léger soupçons d'intelligence, ou quelque chose de la sorte.

Mais pas à des objets d'expérience magique… au corps altéré, et incapable de parler. Difficile d'ailleurs de dire si ces créatures étaient ou non intelligente. Y aurait-il moyen de raisonner avec ces dernière ?

A vrai dire, Eurêka se retrouvait maintenant devant le livre, mais il n'avait absolument aucune idée de comment faire pour le retirer (le plus pacifiquement possible) de son support, et mieux encore, de filer (là encore le plus pacifiquement possible) avec le livre sous le bras. Il s'adressa à la magouille. À l'oral.

- Dis, tu parles l'aquan toi ? »

Mentalement toutefois, le gnome échafaudait dans sa tête un début de plan. Pour l'heure, ils pouvaient surtout et uniquement compter sur l'assistance et la bonne volonté du méphite de boue. Mais celle-ci avait sans doute quelques limites. Et se débarrasser de lui pouvait s'avérer aussi particulièrement dangereux. Sans lui, impossible d'ouvrir les portes électriques. Mais dans le même temps, c'était aussi un atout majeur. Le méphite était sensible à la flatterie, et semblait très informé des façon qu'avaient ses maîtres d'ouvrir et de fermer les « portes » alors pourquoi pas aussi de commander aux gardiens et à l'accès au livre. Après avoir eu une réponse de la Magouille, Dobun se tourna d'ailleurs vers Eltrazinakializnak du Marais.

- Ah, je suis décidément moins bien malin que vous. Je viens seulement de songer que sans doute l'accès au livre même, pour le lire vous voyez, était sans doute protégé. Mais sans doute, vu la confiance méritée que vos maître semble vous accorder pouvez vous nous aider sur ce point ? J'aimerais réellement lire un passage de cette merveille ! Si cela est possible bien entendu, je ne tiens pas à ce que vous ayez des ennuis à cause de nous. Si toutefois ce n'est qu'une entorse de principe, nous pourrions toujours dire, comme pour l'accès à cette salle, que nous vous avons indûment forcé. »

- Oui, ça fait partie de nos pouvoirs élémentaires mais … pour leur dire quoi ? As-tu vu ce qu’ils leur ont fait ?

Euréka ne put faire autrement que de se souvenir des images du terrible cauchemar qu’il avait subi en arrivant à Myth Nantar. Une fois encore il se souvint d’avoir rencontré en songe le terrible Essyl Merynth, si beau et tellement plein de grâce et de pouvoir qu’il lui semblait absurde qu’il puisse être si mauvais qu’on le racontait. Puis il se souvint de la monstruosité qu’il avait nommé « Océanide », fruit du même genre de transformation que celle qu’avaient subis les « Gardiens ». Etait-il possible qu’il n’y ait aucun lien ? C’était un Dukar, il aurait pu avoir accès à la Conque … peut-être avant que la folie en fasse le monstre qu’il était devenu …

Eltrazinak n’avait aucune idée de la tempête qui se déchaînait dans l’esprit du Gnome et à sa question, lui répondit dans un haussement d’épaules malodorant : - « Tant que vous ne voulez pas le prendre en main il n’y a pas de problème, avancez-vous, vous pourrez le lire. Je ne l’ai jamais fait parce que je m’occupe de la propreté des lieux et que le livre est toujours propre puisqu’il est dans l’eau. Mais j’ai déjà vu les Maîtres s’y prendre de la sorte. »

Quelque chose incitait Euréka à fixer le grimoire tandis que La Magouille étudiait les Gardiens de loin, essayant d’en comprendre les forces et faiblesses s’ils avaient à combattre.

La couverture du livre était recouverte de vagues toujours mouvantes et ne comportait aucun titre, aucune annotation.
Il n’était pas nécessaire de s’y attarder que pour se rendre compte qu’il s’agissait de bien plus que d’un grimoire quelconque parce que de l’ouvrage semblait se répandre une huile pourpre, sombre, qui flottait autour de l’ouvrage. Quelque chose de malsain et d’incroyablement ancien.

A la simple idée de parcourir le Traité, celui-ci s’ouvrit.

[Jet de Volonté : Echec]

Et Euréka n’eut plus d’autre envie que de le lire, de la première à la dernière page, comme un ivrogne assoiffé découvrant une bouteille.
L’écriture lui était de prime abord totalement inconnue puis il se rendit compte que bien qu’il n’en ait jamais vu de telle, il comprenait parfaitement ce qui s’y trouvait.
Il n’était plus question de pages à tourner, de caractère à déchiffrer, le livre avait pris le pouvoir et forçait le gnome à le lire, à y découvrir qu’il datait d’un temps bien plus ancien, de Merouroboros.

Il parlait de Sarrukh, des Okothians et de leur guerre dans les Landes de la Malédiction et du Désespoir contre les Khaastas qu’ils espéraient mener en esclavages mais qui, alliés avec des démons, l’ont emporté après des siècles d’affrontements. S’ils perdirent, leurs affrontements contre les démons leur en avaient appris beaucoup sur la nature de ces derniers.

Il parlait également d’Abysm, le royaume de Demogorgon, et de ces monstres remarquables et de leur intérêt grandissant, suite à ces recherches, pour l’élément aqueux.

De nombreux passages étaient d’une telle complexité que Dobun ne parvenait absolument pas à les comprendre, pas même à imaginer de quoi ils pouvaient bien parler si ce n’est peut-être d’autres plans d’existences … d’immortalité … de réalités différentes.

Alors que lentement, son esprit se fissurait, les symboles se concertèrent et adaptèrent leur histoire pour éviter d’emporter leur lecteur dans la folie la plus totale. Il n’avait aucune envie de revenir à des millénaires d’oubli, ils voulaient quitter cet édifice et retrouver le rayonnement stellaire, les fils de cette Toile qu’ils redécouvraient au contact du Gnome.
Comme il luttait pour s’en extirper, ils décidèrent de l’entraver et un large serpent spectral pris corps pour le garder captif sous le regard médusé de La Magouille et de leur guide et le désintérêt total des Gardiens dont la seule tâche était d’empêcher quiconque de s’en emparer, pas de le lire.
Une autre partie du Traité se laissa découvrir, celui de la création. Il expliquait comment au travers d’un rituel particulier il était possible de rendre une créature terrestre ou extra-planaire, aquatique, procédure d’ailleurs plus simple auprès de leurs races écailleuses. Il évoquait de même la création de golem de corail.

Voyant que tout cela dépassait également le lecteur, ils lui proposèrent, dans une structure qui lui était plus facile de comprendre dans un ensemble structuré de sorts dont certains étaient certes hors de portée, mais fonctionnaient sur des principes que le mage connaissait.

Puis un des Maîtres apparut, gigantesque, terrifiant. Il avait l’apparence d’un Slaad mais Dobun ne le vit même pas tant il était concentré sur la lecture de l’ouvrage. La Magouille s’était interposé, dans une posture martiale qu’il doutait utile et criait pour que son ami se réveille. Le Méphite s’était fait tout petit, dans un coin de la salle, essayant de se faire oublier pour ne pas partager l’ire de la créature.

[Jet de Volonté : Réussite]

Sentant son lecteur en danger, le grimoire réagit, projetant son serpent spectrale jusqu’au Maître qui l’absorba comme s’il en buvait l’essence à la paille et le petit Porteur reprit le contrôle de son esprit. Le livre voulait fuir, il voulait aider son nouveau Maître et dès lors qu’il considérait le gnome comme tel, il poussa les deux aberrations gardiennes à lui prêter assistance. Elles avaient été modelées pour protéger l’ouvrage, elles en devenaient les serviteurs dociles.

Une voix terrible résonnait dans l’esprit des Porteurs, forçant l’un et l’autre à tomber à genoux, les mains contre les oreilles comme si elles pouvaient leur être d’un quelconque secours.

¤ Qui êtes-vous ? ¤

rops de choses défilaient dans l'esprit du gnome. Ou plutôt, venait de défiler dans son esprit, et dont la vitesse et la portée avait laissé en lui un écho si fort qu'il sentait que son esprit avait été à deux doigts d'être réduit en bouillie face à la portée et la quantité d'information qui venait de transiter par lui.

Et puis plus rien, et puis cette voix. Ainsi, l'un des maîtres avait été alerté par la soudaine activité du livre. Nul doute qu'un prochain suivrait de prêt.

De toute façons, ils devaient répondre à une question impérieuse. Le gnome se dis que la réponse sans doute la plus… irritante serait sans doute aussi la plus simple. Il se voyait mal de toute façon expliquer en long en large et en travers qui il était, et il se doutait que tout mensonge serait facilement décelable. Aussi décida-t-il alors de répondre de façon simple :

- On m'appelle Eurêka. »

Il répondait à la question sans vraiment y répondre. Dans le même temps, il chercha à aider le livre à s'échapper d'une façon ou d'une autre. Le Slaad semblait absorber la magie. Mais sans doute pas les coups. Aussi, demanda-t-il mentalement aux créatures de s'en prendre au maître. Perdre du temps signifiait sans doute avoir plus de maître à confronter. Le gnome se disait qu'il aurait préféré une sortie moins violente. Mais pris et coincé de la sorte, il se voyait mal faire autrement. Le maître furieux serait difficilement manipulable. Et il fallait absolument empêcher ce dernier de reprendre le contrôle sur le livre.

Pour autant, il chercha à montrer le moins possible à ce dernier ses intentions. La surprise était aussi de leur côté, leur ennemi ne savait pas qui ils étaient. Tachant de reprendre ses esprit, le gnome tenta de poser discrètement sa main sur le manche de son arbalète. Prêt à la saisir au moindre mouvement ou sort adverse.


Dobun prépare une action, au moindre sort adverse, il sort son arbalète et tire.