۝ Sous les flots ۝, Traité de l'Eau - III

Le Haut Mage s’exprimait en commun, haussa un large sourcil quand Euréka lui répondit dans un elfique bien clair alors qu’il s’exprimait en Commun. Il devait s’agir d’un effet de l’environnement particulier ou d’avoir pris plaisir à parler de la sorte aux deux gardes.

La surprise passée, il se permit de sourire assez franchement et lui répondit avec dans la voix plein de mystère, comme un grand père l’aurait fait pour un petit fils qui aurait demandé l’origine d’une cicatrice.

- Cinq siècles dis-tu ? Pas plus ? Je miserais sur sept pour tout vous dire. Ne soyez pas surpris, d’autres que moi sont beaucoup plus vieux, même parmi les humains, même s’il est vrai que nombre dans ce cas n’ont plus grand-chose d’humain.

Il redevint plus sérieux en poursuivant, la main sous le menton, assemblant les informations reçues en un ensemble utile : - « Des pirates? Intéressant. Nul doute que vous n’êtes pas Nantarns, ce n’est pas ce que nous avons à prouver. La question qui se pose est celle de la dangerosité de vous laisser circuler librement dans la Cité. Comme vous semblez déjà le savoir, les visites sont … plutôt rares depuis très longtemps. »

Son visage s’éclaircissait au fur et à mesure qu’il réfléchissait à voix haute sur la meilleure manière de défendre les Porteurs. Il semblait d’ors et déjà convaincu, certainement influencé par la totale transparence du Gnome dans son explication.

- Que vous soyez arrivés par la voie qui mène au donjon de Merynth ne plaide vraiment pas en votre faveur mais sur ce point vous pourriez vous soumettre à un sort de Vérité, oui, ça c’est une bonne chose, lancé par un Elfe pour éviter toute discussion, vous jureriez sur votre vie ne rien tenter de négatif contre la Cité et n’avoir aucun lien avec le dément du dessous. Vous devriez par contre probablement poursuivre en promettant ne rien tenter pour vous y rendre à nouveau, et ne pas risquer d’ouvrir une faille vers ses dangers … et là … c’est contraire à ce que vous me dites de vos plans.

Sa conclusion était faite, il restait aux trois aventuriers d’accepter la défense : - « Vous pourriez tenter une autre défense, libre à vous, mais je crains que vous n’y perdiez votre temps. Ils en palabreraient pendant trop d’années pour vos espérances de vie. Cherchez dans la bibliothèque, voyez les prêtres de Sashelas des Abîmes, essayez de rencontrer les Dukars, enquêtez sur les éléments les plus anciens de la ville, si il existe une trace du passage des Océanides ici, vous pourriez déjà l’y trouver. Ensuite, en effet, il sera encore temps de faire une demande d’exploration des profondeurs. Qu’en pensez-vous ? Vous êtes malins, ta proposition pour créer une bulle d'air en est un bel exemple et je suis sur que tes compagnons sont plein de ressources eux aussi. Vous y arriverez si vous êtes prudents mais pas par un sauf-conduit que je ne peux pas vous offrir.Je ne vous demanderai rien. »

Satisfait, il se saisit distraitement d’un petit rouleau d’algues foncées emballant probablement du poisson et le mit aussitôt en bouche, attendant l’avis de ses ‘clients’ par rapport à ses propositions.

- Ah oui ! Pour ton information, je sais faire du feu sous l'eau aussi facilement qu'une bulle d'air. Ne vous ais-je pas dit qui j'étais?

Galopin s'était étonné de l'âge de l'humain qui les défendrait, mais qu'il était bon de savoir qu'on avait quelqu'un à ses côtés. Il avait laisséa Eureka lui expluzliquer in extenso leur situation, et ça avait bien marché.

- Un sortilège de vérité, pourquoi pas ?, ajouta-t-il. Oui, nous devrions déjà récolter des informations dans la cité... Avant de partir.

A la dernière phrase de l'homme, le halfelin s'étonna.

Vous étiez... êtes quelqu'un de connu, là haut ? dit-il naïvement, avant de se rendre compte que sa phrase était sûrement indiscrète.

e gnome resta un instant perplexe. Il y avait des propos contradictoires chez le mage, et Dobun avait besoin d'en savoir un peu plus sur ce qu'ils pourraient faire ou non.

- Je n'ai pas très bien compris, vous dites que l'on risque de devoir promettre, sous l'effet d'un sort de vérité, de ne jamais mettre les pieds dans le donjon souterrain, et après vous nous dîtes qu'il sera toujours temps de demander. Mais cela nous ferait mentir... Pensez-vous qu'ils nous l'autoriseraient par après, malgré la promesse à laquelle ils sont apparemment sensibles ? Je veux dire, je peux tout à fait promettre de ne pas me rendre dans le donjon ennemi si ça n'est pas nécessaire, et croyez moi, je préfère en effet m'éviter toute aventure de ce genre, je ne suis pas vraiment une tête brûlée. Mais promettre de ne jamais y mettre les pieds... c'est autrement plus complexe. On nous a confié une mission, et si tant est que c'est déjà une merveille que de pouvoir enfin rencontrer les habitant de ces lieux.

Jorunhast, ça lui disait quelque chose, le gnome n'était cependant pas un spécialiste de l'histoire, et il savait parfaitement que ce nom ne lui était pas connus pour son ingéniosité dans les procédés techniques. Mais il devait y avoir eu une école de magie, un sort peut être ? Ou tout du moins un épisode important concernant la magie et ses mystères qui concernaient ce nom. Maintenant qu'il avait l'âge approximatif, et le lieu, il était plus aisé au gnome de retrouver l'histoire de ce personnage. Un personnage éminent du Cormyr, aux alentour de 800 et quelques. Y'avais bien un Tanderdahast, qui institua les mages royaux là bas, suite à un conflit dont Eurêka avait oublié l'origine. Mais pas de Jorunhast. Et par après, c'était la rage des Dragons, le roi de l'époque et un apprenti ou peut être était-ce Tanderdahast, avaient vaincu un dragon pourpre qui dévastait le pays. L'apprenti se nommait...

- Vous ne seriez pas celui qui as tué un dragon pourpre au Cormyr? Je ne suis pas très doué en histoire, mais il me semble que ce combat est connu dans le monde des arcanes pour un sort, ou un rituel, que vous auriez utilisé à ce moment là. Ah, navré, votre nom me dis quelque chose, et je n'arrive pas à mettre le doigt sur l'affaire. C'est d'une grossièreté et je m'en excuse. Voyez-vous, je suis surtout intéressé par les aspects pratiques et mécaniques de la magie et des techniques en général. Et n'étant pas moi-même du Cormyr, je n'en connais que peu l'histoire.

- Je vois que vous avez compris la complexité de ce qui vous attend. Vous ne pourrez mentir, il vous faudra faire preuve de cette même clarté d'esprit pour formuler vos vérités sans être parjure.

Le regard du mage se perdit alors dans un passé lointain, douloureux sans aucun doute ...

- C'était un dragon noir ... S'il était violet c'est parce que l'age lui avait déjà lissé les écailles ... Je suis heureux que peu se souviennent de mon passé et ne s'en soucie pas assez que pour ne plus me juger sur des actes si lontains. Mais je vous ai parlé de mes origines et je devais me douter récolter quelques questions en retour. Je n'étais pas seul face à Thauglorimorgorus, mon maitre Thanderahast a rendu cet acte de pure folie possible et il fallut Azoun, Orbyn la plus belle lame que j'ai pu voir, et nombre d'hommes d'armes dont plus personne ne se souviendra jamais. Ce n'était pas un sort, mais une baguette d'un feu que même un dragon devait craindre.

Il fixa alors ses interlocuteurs l'un après l'autre, et un sourire revint sur ses lèvres : - "Tout ceci n'était que pour vous dire que mêmes les gens du dessus peuvent acquérir le respect des Nantarns, ne désespérez pas."

Pour revenir à autre chose, il revint sur la question de cuisine du gnome à laquelle il n'avait pas encore répondu : - "Rien de tout ça n'est cuit. Salé, pressé, travaillé comme pour n'importe quel aliment de la surface, mais pas cuit. Si vous cherchez une nourriture plus commune à vos palais, il vous faudra vous rendre à l'Auberge de l'Epave, Kana y prépare des poissons grillés. Soyez sur que vous passerez alors pour des barbares mais vous ne seriez pas les premiers!" -termina-t-il sans retenir un rire riche de souvenir.

La Magouille sourit à l'idée de manger autre chose que ces préparations crues, aussi appétissantes furent-elles et reprit un masque de résignation quand Jorunhast leur promit qu'ils passeraient pour des barbares ... Ils avaient plutôt à s'assurer de la sympathie de la ville plutôt qu'autre chose.

Le Mage s'en rendit compte et lui lança, plein de promesses qu'il tiendrait à coup sur : - "Si jamais nous nous sortons de cette situation, ce dont je ne doute pas beaucoup, je vous emmènerai manger dans un endroit d'exception, où vous ne pourrez qu'apprécier la nourriture comme le reste. Le "Tourbillon" n'a pas son égal, ni sous les flots, ni par dessus. Bien. Je vous propose de vous mettre d'accord sur votre défense et de vous reposer jusqu'à une heure plus décente."

e gnome était toute ouïe aux propos du mage. Et d'ores et déjà, il songea à aller faire un tour dans les cuisines locales, tout cela était prometteur de bien des choses à découvrir. Cela paraissait peut-être habituel au mage maintenant, mais pouvoir cuisiner sans feu à la surface était quelque chose qui pouvait s'avérer très utile. Bon, évidement la nourriture avait une allure et un goût peu commun, mais ça, chacun saurais cuisiner à sa manière, le bon goût en cuisine est une affaire de travail, non de procédé.

Mais il y avait plus urgent, la défense et la promesse qui ruinait leur venue.

- Pour la défense, ce sera sans doute assez simple, on ne peut pas promettre de ne pas s'y rendre, mais on peu promettre de ne s'y rendre que si nécessaire et si nous y sommes à ce moment là autorisé, et uniquement pour trouver ce que nous cherchons. Le sort de vérité lèvera les derniers doutes. De toute façon, pour être parfaitement honnête, je n'ai guère envie de me frotter à la folie d'une liche. Mais on est ici pour trouver un artefact précis, et je me vois mal revenir bredouille parce qu'on nous a dit non. Du moins pas sans avoir insisté. De manière évidente, nous ferons du mieux possible pour que notre expédition ne mette personne en danger parmi la cité. Je pense que ça devrait convenir non?

Le gnome ne put retenir un large baillement de fatigue, la journée avait été riche, très riche, et même trop riche en émotion. Une chose soulageait pourtant le gnome, il s'en rendis compte seulement maintenant.

Il n'était plus en outreterre, et ça, même pour un gnome, c'était un soulagement certain. Même s'il devait l'admettre, il n'était guère à l'aise dans cet environnement humide. Un coup à tomber malade...

- Euh, ça va peut-être vous sembler étrange, mais est-ce qu'on pourra mettre notre équipement quelque part au sec? L'huile que j'ai disposé pour protéger mes affaire ne tiendra pas éternellement et vous n'êtes pas sans savoir que beaucoup de nos affaire craignent dangereusement l'eau, comme les livres ou les outils, le cuir, etc... Même nos vêtements. Je vois que votre peau semble épargnée, j'imagine que le mythal y est pour quelque chose, tout comme pour les yeux et la respiration.

- C’est le Mythal, en effet, une chance pour vous soyez-en surs car il n’a pas toujours été comme il est aujourd’hui par le soutient des Dukars et du Parangon Qos. Vous n’avez rien à craindre pour vos affaires. N’espérez pas utiliser d’huile ou d’encre liquide, vous auriez quelque difficulté à boire à vos outres ou gourdes mais ce sont là les seuls désagréments que vous aurez à subir.

Jorunhast regardait ces enfants de la surface bailler avec un paternalisme touchant. Dans un murmure, il fit disparaitre le disque flottant et ses victuailles et s’éleva en flottant.

- Reposez-vous.

Comme en réponse à cette dernière phrase, et peut-être grâce à elle, tous trois fermèrent les yeux et s’endormir aussitôt, allongés à même le sol. En sécurité pour la première fois depuis trop longtemps …

Combien de temps avait passé depuis que les Porteurs avaient quitté Parangon pour plonger dans les profondeurs d’Outreterre puis d’arriver plus profond encore dans Myth Nantar l’inaccessible ?

Combien de compagnons les avaient quittés, bon gré mal gré, finalement dépassés par l’ampleur de leur tâche ou vaincus par les innombrables dangers des lieux les plus hostiles des Royaumes ? Ils n’étaient plus que trois. Dans cette pièce sans mobilier, à baigner dans une eau respirable.



Dobun

Le gnome marchait dans les couloirs sombres et tortueux d’un véritable dédale. La marche lui était pénible, il se trainait littéralement et chaque pas augmentait son angoisse. Des murmures, des pleurs, des râles, parvenaient jusqu’à lui sans que jamais il ne sut déterminer avec exactitude la provenance des sons.

La Magouille était devant, nageant avec grâce, un bâton lumineux dans la main, mais très vite il en perdit la trace. Il déboucha soudain dans une salle plus large, au centre de laquelle se dressait une colonne vivante de miasme et d’appendices aussi divers que des tentacules, un bec, une bouche garnie de crocs, des mains plus petites que les siennes, des yeux …

Pris d’un haut le cœur, il sentit soudain une présence apaisante dans son dos mais ne put détourner le regard de l’aberration. Une voix résonna dans sa tête, aussi douce que de la soie : - « Bonjour jeune aventurier du Peuple Oublié. Merci pour ta visite, elles sont rares et précieuses de ce fait. »

Un Elfe d’une incroyable beauté, à la peau d’une blancheur de nacre dans une robe d’argent, coiffé d’une couronne noire, se déplaçait dans la pièce comme si il n’y avait pas eu d’eau autour d’eux. Il s’approcha de la colonne, en caressa presque amoureusement un tentacule vert sombre qui se tendait vers lui en lui chuchotant des mots qu’il fut heureux de ne pas entendre.

- Comment puis-je t’aider ? Que cherches-tu dans le Royaume d'Aryselmalyr ? Ne sois pas effrayé par mon gardien, il est repoussant, c’est vrai, mais pas autant qu’avant que je ne l’améliore et il m’a fallu des siècles pour y parvenir … Un Océanide … tu n’as pas idée du fond de ces créatures.

Eureka se réveilla en hurlant … aux frontières de la folie.



Rorimac

L’Halfelin glissait avec grâce au milieu d’Elfes, et d’autres créatures qu’il ne lui semblait jamais avoir croisé mais qui lui étaient familières. Il salua, dans une courbette rendue étrange par la nage, un humanoïde de plus de deux mètres, d’une prestance incroyable, à la peau bleutée, les mains palmées, et les jambes remplacées par une queue de poisson. Pas un vêtement, juste deux bracelets d’or plus larges que ces mains.

Le Triton lui rendit son salut et poursuivit son chemin.

Rorimac accéléra sa nage, jusqu’à faire face à une construction qui l’aurait terrifié s’il ne rêvait pas.

Une énorme carapace de dragon-tortue jointe à un minaret de pierre, le tout représentant un Kraken aux tentacules dressés vers le ciel supportant un énorme brasier.

Le temps s’accéléra soudain. Un prodigieux cyclone se développa au-dessus de la structure, l’eau fut brouillée de sang et de déchets divers. La mince tour fut arrachée et avec elle la moitié de la construction. Une guerre terrible avait lieu en une fraction de secondes pour celui qui gardait son regard fixé sur ce qui n’était plus qu’une ruine dévoilant un escalier hélicoïdal. Pas moins d’une centaine d’Elfes s’y engouffra puis tout redevint calme. Avant qu’un terrible cri ne retentit et ne le réveilla pour de bon.



Deux gardes, presque semblables à ceux qui les avaient escortés jusque-là, choisirent cet instant pour faire irruption dans la pièce. L’air inquiet d’avoir entendu le cri, ils saluèrent néanmoins les trois Porteurs comme si de rien n’était : - « Nous espérons que ce repos vous fut profitable. Le Conseil est prêt à entendre vos explications. »

Un mélange de crainte et de curiosité malgré une certitude de ne rien risquer était perceptible dans leur regard au travers de leur casque.

Galopin croyait que tout était résolu quelques heures plus tôt. La ligne de défense qui leur avait été suggérée, et que Dobun avait corrigée, semblait être la meilleure possible, vis à vis du Cercle comme des Dukars. Et pourtant...

Pourtant Dobun et lui semblaient avoir rêvé. Et dans des lieux imprégnés de mythe comme celui-ci, des rêves pouvaient fort bien raconter quelque chose. Que disait-donc celui de Galopin ? ¤ Le passé ? L'avenir ? Ou peut-être autre chose ? Un message cryptique... ¤

Le halfelin brûlait de savoir ce qui avait réveillé Eurêka, mais il se rendait compte que ce n'était pas pertinent de lui demander en face des gardes. Il fallait faire bonne figure auprès des autochtones, et les cauchemars n'étaient pas toujours de bon augure.

Reprenant un peu ses esprits, Galopin lança, sans mentir :

- Merci de votre sollicitude. Nous avons pu dormir. Vous pouvez nous amener auprès du conseil.

Il termina sur un vague sourire confiant. La raison était avec eux, mais le coeur ne suivait pas, et le halfelin craignait désormais de croiser le Triton à chaque coin de rue. Ou de se rendre compte que la justice locale siégeait dans une carapace de dragon-tortue.

Il aida Eurêka à se relever puis s'adressa aux gardes :

- Allons-y.

n cauchemar, mais le gnome en mettait sa main au feu, même s'il admettait que dans l'eau ça ne devait pas être aisé, que ce cauchemar n'était pas naturel. D'une façon générale, notre bon gnome était peu sujet aux cauchemars, il évitait les situations traumatisantes, et comme bien des gnomes savaient prendre, au besoin, même le plus dramatique des événements avec un peu d'humour et de légèreté, un moyen efficace de se calmer les nerfs.

En outre, le rêve semblait par trop habile au gnome, on pose le décor, un monstre horrible, une présence rassurante, et le monstre est un océanide, horreur, folie, damnation. Le gnome ne l'admettait qu'avec difficulté, mais cela le rendais anxieux. Et si ce faiseur de rêve disait la vérité? Comment annonceraient-ils la chose à Atlas, à Thunder Jack, à la fraternité tout entière. C'était là briser un rêve, détruire une foi.

Le gnome ne parla pas tout de suite, et c'était sans doute suffisant à ses compagnons pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Il adressa un sourire forcé aux gardes. Et avec une voix un peu hésitante leurs annonça.

- Un cauchemar.

Le gnome se sentait coincé, il lui fallait en parler, au mage notamment. Il serait de toute façon contraint et forcé d'en parler sous l'effet du sort de vérité. L'angoisse gagnait du terrain, le créateur de ce rêve était sans doute la liche des profondeurs, ou peut être Qos... s'il n'était pas celui qu'il semblait être. Peut être ne s'agissait-il que d'une seule et même personne ? C'était une chose assez tordue mais qu'en penser, comment la liche aurait-elle put percer ainsi les défenses du corail ? Le gnome suivit le groupe et l'escorte, plongé dans ses pensée, au plus profond d'une angoisse sourde aveugle et redoutable.

Les Porteurs furent invités à sortir de l’habitation pour rejoindre la Promenade de Kupav qu’ils avaient franchi pour rejoindre le quartier Dukar.

Comme la ville était populeuse là où elle leur semblait abandonnée quelques heures seulement au part avant !

Ils en avaient le tournis de les voir évoluer en trois dimensions là où ils n’avaient jamais vu qu’en deux … Il y avait des Elfes bien sûr mais d’autres créatures également : des humanoïdes ressemblant à s’y méprendre aux Kuo-toas de Looblishar, mais aussi des hommes et femmes-poissons, des sirènes recouvertes de leurs seuls cheveux et, pour certains, de tatouages mauves complexes et d’autres bipèdes à la peau grise et à l’imposante épine dorsale.

Des bancs de poissons se glissaient au milieu d’eux, reflétant les couleurs des coraux de feu et d’azur.

La Promenade était chargée de monde, une trentaine de jeunes elfes étaient accroupis, à réparer la mosaïque qui devait la recouvrir complètement du temps de la grandeur de la Cité. Ils la suivirent sur plusieurs centaines de mètres, en droite ligne vers la fontaine de feu.

A tout moment, Galopin s’attendait à voir surgir un Triton, sirène de majesté à la peau bleue mais n’en vit aucun.

Ils passèrent à côté de l’imposante académie Dukar, à la tour centrale octogonale du collège du Paragon et aux quatre bâtiments pour chacun des grands Ordres Dukar, dépassèrent le Colosse, qui du haut de ces 30 mètres toisait les visiteurs, entourée de vingt-neuf statues de ce même corail translucide luminescent plus vraies que nature, longèrent une tour recouverte de mosaïque noir comme une nuit parsemée d’étoiles et décorée de pourpre et de dragons d’or volant au-dessus de vagues fracassantes. Le Mage les rejoint là, les invitant à rester strictement entre les deux gardes. A quelques mètres de la Fontaine, ils ne virent plus qu’elle.

L’architecture était prodigieuse, la grâce des habitants surréalistes.

Pas un – à l’exception des deux gardes qui les accompagnaient, ne portait d’arme-, pas un ne semblait souffrir d’aucune maladie, faim ou envie. Les regards qu’ils recevaient étaient plein de curiosité mais sans en être agressif alors qu’ils auraient reçu des pierres dans pareilles circonstance à la surface. La protection du mythal leur avait visiblement offert une paix qui n’existait que là. Pas étonnant qu’ils ne souhaitent prendre aucun risque.

Traversant la place, ils rejoignirent leur troisième quartier depuis leur arrivé. Le quartier de la Loi.

Ici, le corail avait repris ses droits ou n’avait pas encore été repoussé à l’exception de quatre constructions remarquables et d’une autre plus petite.

Ils n’eurent pas le loisir d’observer avec attention le temple de Persana d’un merveilleux marbre bleu mais Galopin ne put éviter d’en voir la frise du fronton représentant un gigantesque triton maitrisant un hippocampe.

Jorunhast le tira de sa contemplation en lui soufflant à l’oreille que juste derrière se dressait le lieu dont il leur avait parlé dans lequel ils mangeraient ensemble dès cette affaire réglée.

Ils furent alors menés à une bâtisse, d’une richesse inouïe qui leur fut présentée comme étant la Maison du Conseil et après avoir franchi un couloir assez large que pour laisser passer une baleine, entrèrent dans une petite salle latérale.

- Nous y voilà. De l’autre côté des larges portes au bout du couloir se trouve la salle d’audience dans laquelle votre affaire sera jugée. Soyez aussi honnête que possible, ne tentez pas de lutter contre le sort de vérité, concentrez-vous sur ce que vous cherchez, non sur où vous pourriez le trouver et … que la chance vous accompagne.

e gnome paraissait soucieux. Dans son esprit commençait à germer l'idée que l'ennemi de ces lieux était sans doute à l'origine du cauchemar. Le stress de l'examen le replongeait dans l'angoisse des songes. Et pourtant, dans tout cela, le gnome trouva une force nouvelle. Après tout, il n'y était pour rien. Il saurait, et cela d'autant plus avec un sort de vérité, indiquer, prouver, et faire voir les raisons de sa présence. Quant au reste, si on l'interrogeait, et bien, il serait de toute façon contraint de répondre.

Néanmoins avant d'avancer dans la salle, le gnome confia rapidement son cauchemar au mage, surveillant toutefois qu'aucun elfe des lieux n'ai put l'entendre.

- Dîtes moi messire Jorunhast, la liche sous terre, a-t-elle coutume d'altérer les songes des nouveaux venu. J'ai fait un étrange rêve la nuit dernière, un cauchemar pour ainsi dire. Un très bel elfe m'as présenté son gardien qu'il prétendait être un océanide, mais il s'agissait plus d'un amas multiforme de créature, une horreur nauséabonde. J'aurais d'autre question à ce sujet, il a aussi mentionné un royaume, celui d'Aryselmalyr. Enfin, dans tout les cas, cela me donne une raison de plus d'éviter les terre de la liche. Je n'aime pas qu'on empiète sur mes songes.

Après avoir entendu la réponse du mage, le gnome se dirigea dans la salle d'audience. Prêt pour l'interrogatoire.